1.1.1. Garder le marché pour maintenir Saint-Christophe-en-Brionnais en vie

La place du marché de Saint-Christophe-en-Brionnais dans le système d’échanges est menacée. Depuis quelques années déjà, on observe une diminution du nombre de bêtes amenées sur cette place marchande, les éleveurs préférant vendre sur l’exploitation. Cette tendance n’a pu être qu’aggravée par la crise de la vache folle et par l’épizootie de fièvre aphteuse de mars 2001 pendant laquelle tout rassemblement d’animaux fut tout simplement interdit. Dès lors, nous n’avons pu que constater qu’il s’essoufflait toujours plus et que les négociants, qui jusque là lui accordaient leur préférence pour la qualité de ses bêtes, s’y rendent de moins en moins.

Face à la précarisation du marché, c’est la municipalité qui, en 1999, commande une étude de revitalisation. Cette étude qui a été menée par quatre élèves de l’Institut Supérieur d’Agriculture Rhône-Alpes (I.S.A.R.A.) s’est effectuée auprès des usagers du marché : négociants et éleveurs. En janvier 2000, le Conseil général a accepté les conclusions de l’étude qui préconisent surtout la modernisation du site et des techniques (informatisation, lecture automatique des D.A.B. , un système de garantie des paiements…). Afin de mieux répondre aux exigences contemporaines, le changement de jour du marché est envisagé, ce qui ne va pas sans polémique, le sujet ayant presque autant de défenseurs que d’opposants, comme nous l’avons souligné dans la première partie.

Cette étude se comprend tout d’abord parce qu’il y a un intérêt économique à maintenir le marché qui, grâce aux droits de place, constitue une part non négligeable du budget municipal. Bien plus, on s’aperçoit que le marché participe au maintien d’une animation dans le village, voire même au maintien en vie du village. En effet, il participe à la vitalité des commerces locaux, en particulier les bouchers et les hôtels-restaurants. On s’étonne ainsi de trouver 5 restaurants et 2 hôtels dans une commune de 560 habitants. Pourtant, ils se remplissent tous les mercredis soirs et ils sont bondés les jeudis matins. En été, les touristes prennent place sur les terrasses notamment le jour de la fête du pot-au-feu où toute la population se réunit. Le marché constitue un attrait touristique important que la municipalité souhaite encourager. Comme le titre un article de journal, ‘«’ ‘ la bouse n’effraie pas les touristes »’ qui voient là une manifestation ‘«’ ‘ originale’ » et ‘«’ ‘ pittoresque’ ». La fête du pot-au-feu est au cœur de l’animation locale et touristique. Le marché trouve largement sa place dans cette région pauvre en offre touristique qui propose néanmoins un cadre intéressant pour la randonnée et une richesse architecturale avec ses églises romanes.

Au-delà de l’intérêt économique direct du marché, sa conservation est essentielle pour Saint-Christophe-en-Brionnais. En effet, on peut supposer que sa disparition conduira à la disparition du village. Du moins celui-ci tomberait dans une certaine torpeur – telle celle qu’ont connue beaucoup de petits villages durant l’exode rural – et il perdrait une grande partie de son attrait touristique.