II - Les fêtes, les foires et les marchés, instruments de mise en valeur des produits et des communes

Nous venons de voir que les fêtes, les foires et les marchés étudiés n’avaient pas le même impact, le même rôle, localement. Nous avons déjà souligné un ensemble de facteurs qui les distinguaient : leur rapport aux temps (historique et cyclique) et leur lien à l’histoire économique et sociale locale. Le rapport au temps cyclique permet de comprendre les modes d’appropriation de la manifestation par les populations locales (qui la comprennent comme lieu de sociabilité, lieu de promenade ou lieu de mémoire, par exemple). La date de création de la fête, de la foire ou du marché souligne des ‘«’ ‘ intentions’ » inscrites dans des perspectives de développement local et touristique. Rappelons qu’ils n’ont pas le même intérêt social ou économique du fait de leur périodicité.

Nous avons vu, au cours de la première partie, que les foires et marchés étaient nés au Moyen-Age, aux points de passage des marchands ou lors du rassemblement des populations et plus simplement pour faciliter les échanges de proximité au quotidien (entre la ville et la campagne). Pourtant, si certains demeurent actuellement, la plupart sont de création plus récente même si l’on retrouve dans l’histoire des villes des traces d’une foire ou d’un marché important et que l’on peut parfois observer la vocation commerciale de la ville (exemple : Billom). L’origine de la manifestation explique pour partie la place que cette dernière occupe dans la ville et ses environs. Les plus anciennes sont inscrites dans l’histoire même du lieu, dans son économie et sa vie sociale. Les plus récentes, qui s’attachent à mettre en scène des éléments de l’histoire et de l’économie du lieu (à commencer par le ‘« produit de terroir’ »), identifient une culture locale. Reconnues par les populations extérieures, elles entrent progressivement dans les pratiques des populations locales.

Ce qu’il est intéressant de voir, c’est d’une part comment les manifestations les plus anciennes sont intimement liées à l’histoire de la ville et vont même jusqu’à leur donner leur personnalité et d’autre part, comment les plus jeunes répondent à une nécessité conjoncturelle en s’appuyant sur des éléments identifiants.

En effet, il existe deux types de relation à la manifestation, l’une que nous appellerons ‘«’ ‘ héritée’ » et l’autre, ‘«’ ‘ créée »,’ dont vont dépendre les processus de valorisation. Ces deux types de relation (héritées-créées) se superposent aux catégories de manifestations (marchés hebdomadaires, fêtes ou foires annuelles) qui ont chacune leur propre fonction (approvisionnement, mise en valeur du produit). Les fêtes, les foires et les marchés, leur ‘«’ ‘ gestion »’ ou même leur émergence dépendent non seulement d’un contexte local (des productions ou des sites à valoriser) mais aussi de la volonté d’individus ou d’associations. Les objectifs de la manifestation, le choix du public visé et la communication médiatique de la manifestation répondent à une même démarche de valorisation d’un produit et peut-être plus encore d’un site. Les fêtes, les foires et les marchés se trouvent instrumentalisés par les institutions locales pour exposer une spécificité et identifier des lieux.