2.5. Communication et médiatisation : faire parler de la manifestation pour que le public soit au rendez-vous

Quel que soit le public visé, les manifestations font toutes l’objet d’une médiatisation plus ou moins forte. Néanmoins, les supports choisis et leur utilisation varient selon que l’on souhaite informer et rassembler la population locale ou que l’on désire sensibiliser et séduire des populations extérieures. Nous verrons ainsi la différence entre une diffusion ciblée sur l’agriculture et le local (exemple, Saint-Aubin) et le souhait d’une promotion d’envergure (exemple Saulieu). Ces différences tiennent à la gestion et à l’ambition des organisateurs mais elles traduisent aussi la diversité des moyens – financiers surtout – à leur disposition.

Quatre grands circuits sont utilisés pour faire connaître et faire venir du monde à la fête : les tracts et affiches, la presse, les personnalités et les dépliants touristiques. Les tracts se distinguent des dépliants touristiques parce qu’ils ne sont pas diffusés par le même émetteur et qu’ils ne sont pas porteurs du même message. Les premiers sont émis par les organisateurs pour rencontrer du monde sur la fête, les seconds sont édités par les offices de tourisme pour transmettre une vision, une image de l’espace dont ils ont en charge la promotion.

Un cinquième circuit, très influent mais non maîtrisé, existe : le bouche-à-oreille. Celui-ci est peut-être le plus efficace car il témoigne d’une reconnaissance du public. Il peut découler de l’efficacité des quatre premiers circuits. La reconnaissance, par l’extérieur, de la fête, foire ou marché est une grande fierté. On se plait ainsi à énumérer les lieux (articles de presse,…) où la manifestation est citée. On évoque aussi l’étendue de sa renommée, son aire d’influence. Plus que tout, la renommée est gratifiante pour les organisateurs comme pour les habitants ou les élus locaux. Cette renommée est en quelque sorte une récompense puisqu’elle est la reconnaissance d’une valeur symbolique et qu’elle représente un signe de qualité. En effet, cette renommée suppose que des personnes avant soi se soient rendues sur la manifestation et en aient reconnu l’intérêt pour en autoriser la recommandation à d’autres autour de soi. Elles en justifient et en légitiment la valeur autorisant aussi, en quelque sorte, leur bonne continuation voire leur développement puisque certaines disparaissent faute de rencontrer un public. La renommée est un facteur primordial pour intéresser les visiteurs. En effet, outre le caractère informatif, elle apporte un jugement de valeur que ne procure pas une simple affichette sur laquelle on ne portera peut-être pas une grande attention.

Ce que l’on appelle ‘«’ ‘ renommée’ », se jauge à l’aire d’influence de la manifestation et à l’étendue géographique d’où l’on connaît la manifestation. Ainsi on peut dire que le marché de Louhans est renommé puisque, sans s’y être jamais rendues, des personnes de Lyon ou de Beaufort, en Savoie, en avaient entendu parler. Il ne s’agit pas de connaître physiquement la manifestation pour juger de sa renommée, mais seulement de la connaître ‘«’ ‘ par réputation’ », par ‘«’ ‘ ouïe-dire’ ». Cette renommée peut être le résultat d’une forte médiatisation qui ne justifie pas réellement la valeur de la manifestation par rapport à une autre, mais qui traduira plutôt la présence de personnes influentes ou ‘«’ ‘ de caractère’ » ou qui renforcera une renommée ancienne, plus locale. A l’inverse, l’étendue de la renommée remplit la fonction de communication. Il a été très fréquent que nous ayons rencontré des personnes nous apprenant être venues sur la manifestation parce qu’elles en avaient entendu parler (sans qu’elles se rappellent trop la source exacte, parfois multiple) ou parce que des personnes de leur entourage leur avaient dit que c’était ‘«’ ‘ à voir’ ». La renommée, en tant que gage de qualité, contribuerait à produire de la valeur sur la manifestation et en ferait une chose ‘«’ ‘ à voir’ ». En effet, le seul fait de l’annoncer comme étant ‘«’ ‘ à voir »’ ou le fait de la signaler comme étant réputée en justifierait la venue. Une part de curiosité et peut-être une certaine volonté de ne pas rater quelque chose d’essentiel font que des visiteurs ne viennent que parce qu’il faut être là.