2.5.2. Une presse locale incontournable et une très convoitée presse nationale

Toute la presse est convoquée pour ces manifestations : écrite, parlée, télévisée, locale, nationale. Dossiers et conférences de presse sont préparés avec soin. Seules les manifestations annuelles exploitent ce réseau. Celui des Quatre Glorieuses contient le programme des quatre manifestations ainsi qu’un descriptif de la particularité de la volaille de Bresse, sa présentation, les normes générales… ainsi qu’une liste signalétique d’éléments patrimoniaux de la Bresse : musées, églises, Hôtel-Dieu. Le dossier de presse de Saint-Aubin, intitulé ‘«’ ‘ le pruneau, roi de la fête »’, laisse une très grande place aux photographies représentant la fête et aux coupures de presse. On y trouve également le règlement de la fête, la présentation des animations et diverses informations sur les objectifs de la fête et ses impacts rassemblés sous le titre ‘«’ ‘ un nombre impressionnant de visiteurs’ ».

A Saulieu, cette méthode est pour l’heure remise en question. Les organisateurs se disent satisfaits de la qualité de leur dossier de presse mais celui-ci n’a pas les effets escomptés. En effet, sur une quarantaine de dossiers envoyés avec une relance par le biais d’une invitation et l’organisation d’une conférence de presse avec visite d’une exploitation suivie d’un repas sur l’exploitation, seule la presse départementale s’est déplacée. Cela fait dire au président du Comice que les organisateurs, dont il fait partie, sont inefficaces puisque de toute façon, seule la presse départementale sera là, pour couvrir l’événement. Ceux qu’ils cherchent à convoquer ne sont pas sensibilisés. Cette approche fait l’objet d’une réflexion particulière que les organisateurs de la fête tiennent à privilégier. Afin de réaliser la communication de la manifestation et la promotion des éleveurs, du terroir et de la viande, ils souhaitent passer par une agence de communication. ‘«’ ‘ Même si on a l’impression et si ça se passe pas trop mal, on est nul. Parce que la communication est l’affaire de professionnels. »’ La difficulté est que les organisateurs n’ont pas les budgets pour avoir recours à leurs services et pour mettre en application leurs conseils. En attendant, ils cherchent d’autres solutions pour donner une image de qualité, une ‘«’ ‘ aura’ » à la fête. Pour cela, ils ont engagé un photographe afin de réaliser une banque de données dont ils ne savent pas vraiment quoi faire pour l’instant, mais qui pourra illustrer la promotion. Pour l’heure, en termes de communication, le bilan 2000 a recueilli leur satisfaction. Comme tous les ans, ils ont bénéficié d’une large couverture dans la presse écrite locale. Le Bien Public ou La Gazette du Morvan annoncent d’abord le programme des festivités, mais c’est après qu’on consacre un plus grand nombre de colonnes – parfois plusieurs pages – rendant compte des animations, de l’avis des visiteurs, des exposants et du président du Comice. Surtout, la liste entière du palmarès paraît publiquement avec un commentaire sur les résultats et la qualité du millésime. Depuis quelques années les organisateurs portent une attention particulière à la presse magazine qui touche un plus grand nombre de personnes, en particulier dans le domaine des ‘«’ ‘ consommateurs’ ». A Saulieu, ce sont plutôt des magazines féminins ou la presse spécialisée dans la gastronomie qui ont fait paraître des communiqués. Il s’agit souvent non pas d’articles mais de rubriques où sont signalées les fêtes ‘«’ ‘ à voir, à faire’ ». Le président du Comice agricole précise que la presse nationale est très dure à toucher, à intéresser et que pour y arriver, ‘«’ ‘ il faut arroser, c’est-à-dire inviter les journalistes, les inviter à manger chez Loiseau (…). Après, ils vous font des articles d’enfer. Mais ça on sait pas et on peut pas faire. »’ Cet axe semble fonctionner, puisqu’en 1999, nous avons rencontré un couple d’alsaciens venus tout exprès, pour une journée, voir le concours, après avoir vu un petit article dans un ‘«’ ‘ magazine pour vieux’  » (Notre Temps). En 2000, la présidente des restaurateurs et des métiers de bouche, qui procédait aux dégustations des Rencontres charolaises, fut à plusieurs reprises interpellée par des touristes qui étaient venus spécialement, suite à un article qu’ils avaient lu et qu’ils avaient en poche. Parmi eux, des Belges et des Hollandais chez qui l’information est diffusée dans les magazines gastronomiques. La communication des Quatre Glorieuses bénéficie du même type de circuit : annonce du programme, les semaines qui précèdent la manifestation, compte-rendu de l’événement, ‘«’ ‘ échos’ » et résultats des concours les jours qui suivent.

La presse écrite locale soutient généralement bien toutes les fêtes annuelles. A Billom, le journal La Montagne s’est même arrangé, à la demande des organisateurs, pour faire passer son circuit par cette ville dans le cadre des ‘«’ ‘ dimanches du piéton’ » à l’occasion du marché de Noël – sur lequel nous reviendrons plus loin. Néanmoins, on cherche à s’inscrire dans la presse nationale pour espérer de plus larges retombées. A Saint-Aubin, des articles paraissent dans des journaux agricoles : France Agricole, Rustica, Ma Maison, Mon Jardin

La presse parlée est aussi sollicitée. Des organisateurs sont parfois invités sur les radios locales et les radios nationales – France Inter est souvent citée – diffusant des informations sur ‘«’ ‘ les sorties du week-end’ ». Le président de la Confrérie de l’ail de Billom a ainsi eu une interview téléphonique de quelques minutes pour parler de sa fête, sur France Inter.

La plus convoitée est la presse télévisée. Les décrochages régionaux sur France 3 annoncent la fête et en relayent les images, après qu’elle se soit déroulée. La fête de Billom a bénéficié d’une place privilégiée sur France 3 Auvergne puisque le présentateur du journal de 19 heures est aussi un membre actif de la Confrérie des Grands Goussiers. Il contribue ainsi largement à médiatiser l’événement. Un direct depuis la manifestation a même eu lieu lors de la première édition du marché de Noël.

Le contact avec la presse télévisée nationale est favorisé par l’intermédiaire de personnalités ou de connaissances. Ainsi, lorsque la fête de la raviole a été créée en 1985, le maire de l’époque était également ministre de la communication, ce qui a permis de mobiliser l’intérêt des médias : France-Inter, RMC, TF1, ce qui dès le départ a contribué au succès de la fête. Faisant le même constat qu’à Saulieu, un grand goussier fit observer que la venue de journalistes de TF1 à Billom faillit faire annuler le reportage, ceux-ci voulant s’inviter – à huit personnes – à la soirée des organisateurs-exposants. Finalement, ils coupèrent l’interview donné par un membre de la confrérie mais diffusèrent le reportage. Un autre contact est privilégié avec un journaliste de Canal +, Eric Roux, Grand goussier, lui aussi. Celui-ci assiste parfois aux manifestations billomoises et, surtout, il fait parler de l’ail de Billom. Il a ainsi fait une émission sur l’ail, en parlant de l’ail d’Auvergne et également de l’apérail qu’il s’était fait expédier, ce qui eu pour conséquence de nombreux appels à Canal + demandant où on pouvait trouver de l’apérail. A Espelette, un reportage diffusé dans le journal de 13h sur TF1 en 1993 a marqué un véritable tournant. Un long reportage sur la culture basque, la culture du piment et la fête a permis de constater dès l’année suivante une très forte augmentation de la fréquence touristique.

En fin d’année, où l’on consacre une grande place aux festivités et aux repas ‘«’ ‘ traditionnels’ » de Noël, les Quatre Glorieuses sont souvent prises comme sujet par les médias écrits et télévisés.

Le marché de Louhans a fait l’objet de plusieurs reportages comme celui qui est passé dans l’émission ‘«’ ‘ La route du lapin »’ le 28 novembre 1998, diffusée sur France 3 Bourgogne Franche-Comté. Ce jour là, une demi heure était consacrée à Louhans, son Hôtel-Dieu, son musée de l’imprimerie et, bien entendu, son marché à la volaille.

La presse est sollicitée pour inviter à la manifestation, participer à la promotion du produit ou pour retransmettre, après coup, l’événement, ce qui fait toujours plaisir à la population locale. Montrer la fête à des personnes situées à l’autre bout de la France n’aura pas pour effet de les faire venir quelques jours plus tard, mais cela contribuera à montrer le produit dans son environnement, l’introduira dans les traditions locales et lui donnera une image de convivialité. Par la suite, si l’on entend souvent parler de la manifestation, une visite peut être envisagée.

Selon le type de presse mobilisé, on relève qu’il s’agit soit de sensibiliser et d’informer la population locale (en particulier avec la publication des résultats et des ‘«’ ‘ échos’ »), soit d’attirer les populations extérieures.