2.5.5. Se montrer à travers des animations attractives

Les animations sont destinées à renforcer l’entre-soi ou à attirer le public.

A Espelette, les animations renforcent l’entre soi avec, par exemple, les bandas, autour desquelles tout le monde se rassemble, et le bal populaire. Il ne s’agit pas de démonstrations folkloriques mais plutôt d’une expression culturelle où il n’y a pas d’un côté le public, de l’autre les artistes, mais où tout le monde fait la fête ensemble, communie dans un même esprit. Les jeux restent dans cette optique puisque l’on préfèrera une partie de pelote au fronton, avec la chistera, à tout autre jeu de style ‘«’ ‘ hexagonal’ », selon l’expression du président de la Confrérie qui ajoutera : ‘«’ ‘ On a un manège pour les enfants, mais faut pas que ce soit la foire du trône. »’

D’autres types d’animations visent à attirer un large public, à le faire rester et à le divertir pour qu’il en retire du plaisir. A Billom on trouve un manège ancien. A Saulieu, les stands forains sont plus nombreux : auto-tamponneuses, pêche à la ligne, stand de tir, manège pour jeunes enfants… De plus, se tiennent plusieurs types d’exposition : une exposition de matériel agricole contemporain, une exposition artistique (peinture, sculptures, ouvrages littéraires) sur le thème de la gastronomie, en particulier du bœuf et une exposition de maquettes d’objets anciens. Se trouvent également des stands de dégustations de produits régionaux venus de toute la France. Autour des Quatre Glorieuses on trouvait aussi, à Louhans, en 1998, des expositions dont celle d’une artiste locale réalisant des volailles à l’aide de papier journal collé sur des armatures en fer, et à Bourg-en-Bresse, la reconstitution des étapes de la filière, exposition pédagogique présentée par le CIVB,. Autour des volailles primées étaient proposés des produits de diverses régions. A Saulieu, qui semble être le lieu où l’on a le plus multiplié et diversifié les attractions, on peut également assister à des défilés de fanfares et de pom-pom girls ou à différents spectacles dont un de flamenco pour lequel sera venu tout spécialement un couple retraité de Saulieu. Le dimanche, une animation proposée se rapproche des fêtes folkloriques qui se sont largement développées autour de la moisson. En effet, on peut assister à des démonstrations de moissons telles qu’elles se faisaient à différentes époques avant les années 50, marquées par la mécanisation. Cette reconstitution inscrit ainsi la fête dans sa dimension agricole.

A Romans, la journée de fête se clôt par un concert suivi d’un feu d’artifice autour de la tour Jacquemart, sur la place centrale. Certains locaux ne viendront d’ailleurs que pour ce seul spectacle. On ne sent pourtant pas de réelle démonstration identitaire, un spectacle est proposé, durant presque deux heures, par les différentes classes (de la classe première année à celle des adultes) d’une école de danses folkloriques. Ce spectacle est donné uniquement dans l’esprit de faire la fête, des animations ‘«’ ‘ sympas’ », au même titre que les expositions d’art, le concert ou le feu d’artifice.

A Saint-Aubin, nous avons déjà eu l’occasion de dire qu’il y avait une esthétisation des stands, consignée dans le règlement de la fête. En effet, les organisateurs souhaitent avoir une belle fête qui serait une reconstitution des marchés d’autrefois. Ils demandent ainsi que soient cachés les papiers d’emballage et ils invitent les exposants à porter le costume traditionnel. Cela est même renforcé par la création d’un concours du plus beau stand. Le décor d’ensemble de la fête (guirlandes de fleurs et stands) est considéré comme étant une attraction. Si, à Saulieu, la reconstitution n’est qu’une animation parmi d’autres, qui ne fait pas l’objet d’un compte-rendu dans les journaux locaux, à Saint-Aubin, la volonté de reproduire les marchés d’avant guerre est au cœur de la fête ; elle en est le principe même, le contenu le plus éclatant. Dans ce cas, de par la profession des organisateurs, elle est l’œuvre des producteurs eux-mêmes. Cette reconstitution n’est pas faite seulement pour divertir le public, elle est aussi faite pour créer un lien entre le produit et le lieu. Ce lien passe par l’évocation d’un historique, d’une supposée origine lointaine. A Saint-Aubin, les divertissements sont multiples, mais déclinent tous le thème du pruneau : billard avec des pruneaux, craché de noyaux en hauteur… et différents concours sont proposés, notamment le concours de poésie sur le pruneau en français ou en occitan ou le concours de peinture sur le thème de la foire aux pruneaux. On légitime un droit à honorer le pruneau et à l’ancrer dans l’histoire locale, à l’inscrire dans le terroir. Saint-Aubin, petit village qui se meurt (vieillit et compte de moins en moins d’agriculteurs), trouve dans son histoire l’opportunité de revivre le temps d’une journée et de se montrer. En effet, Saint-Aubin ne verrait pas beaucoup de personnes extérieures sans sa fête. Ici, c’est l’occasion de montrer qu’on existe et de se donner une identité. Saint-Aubin, à sa façon, redevient un petit village du sud-ouest (costumes et usage de l’occitan) voué à une activité agricole représentative du sud (le pruneau). Saint-Aubin retrouve un intérêt en se créant une originalité (une fête décorée de fleurs) et en rejouant un lien au lieu (le sud-ouest), au terroir (la gastronomie locale, le pruneau) et à l’histoire (les marchés d’antan réservés à la prune).

Quelle que soit l’animation, tous les organisateurs observent que la manifestation a évolué, qu’elle s’est construite au fur et à mesure. Selon eux, il faut savoir se renouveler chaque année pour que la fête reste attractive, ce qui est son objectif premier (être attractif pour faire venir du monde et ainsi valoriser les produits).

Fêtes et foires annuelles et, dans une moindre mesure, les marchés hebdomadaires, utilisent abondamment les différents réseaux de promotion et de médiatisation. Ces annonces ont deux objectifs principaux : l’un cherche à faire venir du monde sur la manifestation, l’autre s’inscrit plutôt dans une mise en image valorisante du site. Certains supports comme les tracts, les affichettes et la presse locale s’adressent aux populations locales ou aux visiteurs présents sur le site. D’autres tels les différents médias nationaux, visent à séduire un large public.

Les procédés qui relèvent du premier objectif, ont pour but d’annoncer la fête et de la rendre attractive par l’annonce des animations ou des ‘«’ ‘ têtes d’affiches’ » attendues. Les tracts sont plutôt succincts et ne donnent que les informations nécessaires pour se rendre à la fête, sans aucune photographie. Le programme est aussi détaillé car il contribue à faire venir les gens. A travers l’organisation d’animations, les décorations ou la venue de célébrités, on perçoit le degré de médiatisation que l’on souhaite donner à la manifestation ainsi que le degré de séduction élaboré pour attirer le grand public. Les animations ont un double objectif : non seulement elles servent à donner une raison supplémentaire au public pour venir mais aussi elles contribuent à constituer l’identité de la place marchande ou du moins à participer à lui donner son ‘«’ ‘ ambiance’ ».