A l’annonce de sa disparition, au début de l’année 2000, le C.N.A.C. a convoqué les S.R.G. pour les informer de la situation. Les sites ont décidé de maintenir seuls leur association. Ils se sont retrouvés entre eux et ont reconstitué le bureau dès mars 2000. Des personnes de Billom, Saint-Nectaire, Maroilles, Méréville, Flavigny, Domfront, Guérande et Beaufort se sont réunies à deux reprises pour mettre en place de nouvelles conditions de fonctionnement. Ces personnes, très motivées par la dynamique S.R.G., sont prêtes à s’investir encore plus dans la vie, la gestion et la dynamique de l’association. Elles ont ainsi mis en place quatre groupes de réflexion qui seront présentés aux autres sites le 30 juin 2000. Les quatre groupes se composent ainsi :
A cette assemblée on ne dénombrait que dix-neuf représentants de sites. Quelques-uns se sont excusés et d’autres se sont faits représenter par le délégué d’un site voisin. Douze des dix-neuf membres présents se sont d’ores et déjà inscrits dans l’un des quatre groupes.
Si certains semblent surtout curieux de connaître l’issue de cette nouvelle orientation, d’autres désirent vivement en être acteurs.
Au cours de l’assemblée, les sites ont pu réaliser une sorte de bilan dont une des conclusions est que le label S.R.G. n’est pas connu du grand public alors même que leurs actions correspondent à ses attentes. Ils ont inventorié les forces et les faiblesses de l’association et surtout, ils ont réfléchi aux orientations à prendre, aux objectifs à atteindre et aux actions à mener. Au vu des dernières observations, il semblerait que la vraie dynamique soit née avec la disparition du C.N.A.C.. Ce sont les sites eux-mêmes qui se prennent en main, qui s’investissent pour leur avenir.
Au cours de la réunion ou au cours d’entretiens téléphoniques que nous avons pu avoir, des projets de toutes sortes ont été émis, et proposés à la réflexion ou envisagés plus sérieusement. Or, en conclusion à la réunion, il a pu être suggéré à chacun, pour répondre aux avis divergents, qu’avant toute chose, l’association S.R.G. avait à s’occuper de sa survie et à réfléchir aux questions de fond.
Ainsi, suite à la proposition faite par F. A. (et refusée par les sites, après vote à main levée), qui a présenté un projet de partenariat avec le groupe Flo, s’inscrivant dans la Semaine du goût 2000 et intitulé ‘«’ ‘ Sept Grandes brasseries parisiennes du groupe Flo’ » invitant les S.R.G. à leur table, un débat intéressant s’est engagé, mêlant aux questions financières ou de l’ordre de l’organisation des questions de stratégie, de communication et d’identité S.R.G..
Certains sites se demandent quelles seront les retombées à long terme et surtout, si cette démarche correspond ou non à la construction de leur identité : la visibilité des S.R.G. doit-elle apparaître à Paris ou doit-elle mieux apparaître en province ? ‘«’ ‘ Nous sommes des paysans ’» fera souligner le représentant d’un site. D’autres pensent qu’il serait préférable de mieux communiquer sur les manifestations déjà existantes.
La question du rapport entre Paris et les provinces est assez complexe et se trouve au cœur de la reconstruction identitaire de l’association des S.R.G.. Stratégiquement Paris est incontournable dans les démarches de communication, mais la plupart des sites voudraient se détacher de Paris pour mettre en valeur les régions et faire venir du monde. Tous les auteurs ayant étudié la construction de l’image d’un lieu observent que pour bien communiquer, les sites doivent identifier leurs caractéristiques, donc bien se connaître 329 . Dans le cas d’une marque collective, ‘«’ ‘ l’émergence d’une identité permanente et d’une valeur significative commune [est à la] base d’une bonne reconnaissance’. 330 » Jusqu’alors le label S.R.G. semble manquer d’identité, de contenu significatif car il n’est pas reconnu par le public. Au sein de l’association, les sites eux-mêmes ne semblent pas se reconnaître ou du moins, hormis sur les Salons S.R.G., ils n’ont pas l’impression de partager quelque chose. La formulation d’une image susceptible de construire une identité propre au label passe pas la définition des éléments à valoriser et par le choix d’objectifs communs permettant aux sites de se rendre plus visibles. L’association S.R.G. semble réaliser actuellement cette phase. J.-M. Lehu précise que ‘«’ ‘ cette identité propre, parfois négligée, repose invariablement sur une approche stratégique, qui ne se trouve malheureusement dans aucun manuel, mais bien au cœur de l’entreprise. ’» 331 Selon lui, la gestion stratégique doit s’inscrire dans le long terme. C’est pourquoi il faut identifier les axes de communication ou d’action qui auront une cohérence pour une projection dans le long terme.
Au sortir de la réunion du 30 juin, de nombreuses interrogations et de nombreuses inquiétudes restaient en suspens qui devaient donner lieu à de nouvelles rencontres. Pour l’heure, l’association, après un an de quasi-silence (aucune grande action commune n’a été réalisée, le journal trimestriel interne n’est pas paru depuis l’été 1999…), semble déterminée à vouloir mener une réflexion constructive devant mener à des plans d’action.
Se référer notamment à R.Amirou, R.Alant : « Villes, de l’identité au positionnement » in Les cahiers d’Espace, n°23, op.cit..
C.Pigeassou, V.Jacquot, G.Bui-Xuan, J.Gleyse in M.Thiard, Marques et labels touristiques, p.85.
J.-M.Lehu : « Le réveil stratégique de la marque hôtelière. Effet de mode potentiel ou évolution stratégique nécessaires ? » in M.Thiard, Marques et labels touristiques, op.cit., p.33.