4.3.3.3. Un changement d’identité par le nom

L’association S.R.G. s’est organisée et s’est dotée d’objectifs concrets. Les actions sont aujourd’hui effectives et semblent pouvoir répondre aux attentes des sites et des ministères. Par ce fait, la scission interne au label a elle aussi évolué. En effet, il existait, à l’origine, une forte distinction entre sites-permanents et sites-marchés qui avaient été choisis, rappelons-le, pour compléter la liste des cent sites. Cette distinction se faisait ressentir par la façon dont ils étaient mis à l’écart. De par notre centre d’intérêt nous questionnions souvent les autres sites sur les sites-marchés. Ceux-ci étaient évoqués avec un certain dédain. Considérés comme étant ‘«’ ‘ à part’ », on soulignait surtout le fait qu’ils n’étaient pas actifs, qu’ils étaient un peu ‘«’ ‘ à la traîne »’ parce qu’ils ne proposaient pas une animation permanente. Certains allaient même jusqu’à avancer, à tort, qu’à ‘«’ ‘ eux’ », on ne leur demandait pas de cotisation. Bref, ils étaient ‘«’ ‘ différents’ ». Parce qu’ils étaient temporaires, il semblait inimaginable de les voir s’atteler à de grands projets. Ils ne faisaient guère partie des préoccupations générales de communication et d’accueil touristique et on les incitait vivement à devenir permanents.

Aujourd’hui, la distinction n’est plus la même. Un des sites les plus actifs grâce à son représentant très dynamique est celui de Billom répertorié pour sa fête annuelle. Deux sites sont devenus ‘«’ ‘ permanents’ » en 1999 : Billom et Saulieu. Les deux ont pu changer de statut grâce aux projets qu’ils ont proposés au C.N.A.C.. Billom organise deux autres manifestations annuelles : la fête de l’ail’ambic qui a lieu autour du 11 novembre et le Salon des S.R.G. appelé ‘«’ ‘ marché de Noël’ » créé en 1998 et qui se tient depuis, le premier week-end de décembre. A Saulieu des circuits ont été proposés. Une charte a été contractée avec des restaurateurs et des bouchers. Des contacts ont été pris avec des éleveurs mais la visite sur l’exploitation reste problématique car elle doit intégrer des aménagements pour respecter les normes sanitaires.

En 2000, la distinction site-permanent/site-marché a été remplacée par celle de site-adhérent/site non adhérent qui laisse rapidement la place à celle de site actif/site ‘«’ ‘ dormant’ ». La permanence ou non du site ou de l’événement n’entre plus en ligne de compte, ce n’est plus un critère discriminant. Au moment du renouvellement des sites, il sera exigé que les sites s’engagent dans la dynamique S.R.G.. X.L., représentant du site de Sarlat nous fait observer que dans l’esprit du public, la ville était site-permanent puisque ses marchés ont lieu deux fois par semaine et qu’elle représente une certaine idée de la gastronomie dont on peut trouver des échantillons dans les nombreuses boutiques spécialisées ou dans les fermes-auberges. Cette même personne, animatrice du réseau des ‘«’ ‘ plus beaux détours de France »’ – auquel n’appartient pas Sarlat – propose qu’il serait plus judicieux de remplacer l’appellation ‘«’ ‘ Site remarquable du goût’ » par celle de ‘«’ ‘ Cité gourmande’ », effaçant tout rapport au temps (à la périodicité de l’événement) et à l’espace (la ‘«’ ‘ cité’ » pouvant avoir des limites plus larges que le ‘«’ ‘ site’ »).

De nouvelles appellations voient le jour qui reflètent les nouvelles réalités qui prennent forme à travers des types de projets bien définis. L’appellation S.R.G. est en effet contestée depuis quelques années par les sites qui adhèrent. Par ailleurs, ces-derniers ne souhaitent plus voir apparaître dans leur promotion collective des sites qui ne participent d’aucune façon à cette démarche, alors même que le label, accordé par les différents ministères, ne peut leur être repris. Un représentant de Salers nous fait observer que peu de sites ont un projet de développement local, ce qui lui semble important pour la crédibilité de l’association des S.R.G. qui devrait retirer le label aux sites certes prestigieux mais peu motivés comme les vignobles du Bordelais.

Actuellement, l’appellation S.R.G. est toujours accordée à de nouveaux sites. Les sites-marchés doivent reposer leur candidature pour faire valoir leur appellation S.R.G. et ne plus être des sites à part. A l’avenir, il est aussi prévu que, tous les cinq ans, chaque site passe devant une commission pour renouveler ou non la reconnaissance. Pourtant, à terme, cette appellation devrait être remplacée par celles de ‘«’ ‘ Maisons et Musées du goût’ » et de ‘«’ ‘ Paysages remarquables du goût’ ». Néanmoins, tous les sites possédant cette appellation pourront la conserver même si elle sera alors dénuée de toute signification.

Dans un article paru dans l’Acteur rural 332 , cette nouvelle typologie est ainsi présentée :

‘« Dans les Musées et Maisons du goût (Palais Bénédictine, Musée Cointreau, Ferme du Montagnon…) l’accent sera mis sur l’histoire de l’entreprise et le goût servira de fil conducteur pour organiser la visite. Mais la présentation ouvrira aussi sur l’ancrage du site dans le Pays. Pour les Paysages remarquables du goût (vignobles de Saint-Emilion, marais salants de Guérande, tables ostréicoles de Bouzigues…) le goût sera en quelque sorte la clé d’entrée du territoire dédié à un produit. La lecture du paysage devient alors un moyen pour rencontrer les habitants et comprendre leur pays. »’

Lorsqu’elle est devenue indépendante, l’association S.R.G. a exprimé le besoin de repenser son identité. Après avoir réalisé leur reconnaissance et avoir défini de nouveaux objectifs, les sites affirment aujourd’hui une identité qui reflète leur diversité et qu’ils souhaitent faire connaître.

Notes
332.

texte transmis par la chef de projet.