5.1.1.1. Ceux qui ont reçu le label

Parmi ceux qui ont reçu cette distinction se démarquent ceux à qui le label a été ‘«’ ‘ imposé’ » et pour qui cela est ressenti comme une contrainte et ceux pour qui cela est perçu comme une heureuse opportunité.

  • Un label qui n’a pas été demandé

A Romans on présente la sélection comme ‘«’ ‘ on nous a donné le label’ » sans préciser ni qui ni comment. A Sarlat la sélection du site en lui-même n’est pas explicitée, mais X. L., adjoint au maire chargé du tourisme et de la culture, en connaît le principe. X. L. travaille à Paris, ville d’où il est originaire. Il ne se rend à Sarlat qu’occasionnellement pour des week-ends et pendant les vacances. On pourrait supposer qu’il a joué de son influence pour avoir le label, mais il ne le semble pas puisqu’il n’y prête pas beaucoup d’attention ou alors voulait-il juste recevoir le logo. A Espelette, on nous signifie que c’est le C.N.A.C. qui a donné le label, pour montrer que ce n’est pas eux qui l’ont demandé comme pour dire ‘«’ ‘ nous, on n’a rien demandé à personne, ne nous en demandez pas plus ’». Le label S.R.G. leur semble être un élément imposé. En effet, lorsque nous avons questionné sur les projets touristiques… le maire s’emporta en nous expliquant, en se justifiant plutôt, que cela ne pouvait être envisagé car Espelette est une petite ville avec peu de moyens. Nous avons sans doute été prise pour la secrétaire du C.N.A.C. !

  • Des perspectives intéressantes

Pour d’autres, le label est envisagé comme une opportunité. A Salers – site qui n’a pas été étudié en détail mais qui a été rencontré à plusieurs reprises – qui a fait partie des sites pilotes et qui a monté la première association S.R.G. locale, on nous explique que le label n’a pas été demandé. Selon ses représentants, ce site aurait été choisi parce que A. L. a fait un stage lors de ses études, quelques années auparavant, à la préfecture du Cantal et qu’il a choisi Salers car il en gardait un bon souvenir, conforme aux critères de labellisation. Choisi pour faire partie des sites-pilotes, il s’y est créé la première association S.R.G. locale. Ce label a pu être approprié localement parce que le syndicat intercommunal y a trouvé là une légitimation à sa démarche qu’il a pu ensuite imposer aux élus et aux acteurs économiques locaux. En effet, on nous explique que la mairie a reçu ce label comme une récompense mais qu’elle n’a pas cherché à le valoriser. Le syndicat ‘«’ ‘ des quatre cantons’ » se l’est approprié comme outil de développement et a organisé le réseau local. Devant le succès de l’opération, la mairie aurait tenté de récupérer le label, en vain. Toutefois cela aura permis au syndicat de montrer son utilité, son efficacité et de légitimer ses actions.

Saint-Aubin, Saint-Christophe-en-Brionnais et Louhans tiennent à peu près le même discours au sujet de leur sélection. Ils disent tous avoir été choisis ‘«’ ‘ à leur insu’ » mais avoir trouvé ‘«’ ‘ intéressante’ » l’idée d’adhérer afin de participer à la valorisation de leur site. Par l’intermédiaire du label, ils n’ont pas de projets concrets à réaliser, comme à Salers, mais ils entrevoient des perspectives bénéfiques à plus ou moins court terme. Ils perçoivent en effet la promesse de voir se réaliser leurs attentes de mise en valeur et de communication. Ils ne se rendent pas régulièrement aux assemblées générales, invoquant comme raison un problème géographique, le manque de moyens, ou de personne disponible pour représenter le site, mais ils se tiennent informés. Ils ont reconstitué la phase de leur sélection après coup. Nous disons ‘«’ ‘ après coup’ » car, lorsqu’ils reçoivent le label, ils ne connaissent pas les modalités de leur sélection. Ils ont dû reconstituer cette étape à partir de ce qu’on leur a expliqué au cours des assemblées et à travers les documents écrits qu’ils ont reçus.

Selon les représentants de Saint-Aubin, une demande d’enquête émanant de différents ministères a été faite à une agence de communication 333 qui est venue leur rendre visite. Cette agence aurait été chargée de sélectionner des sites qui mettent en valeur un produit… ‘«’ ‘ Ce sont tous des sites et des villages gastronomiques. »’

A Saint-Christophe-en-Brionnais, le représentant du site, employé municipal, insiste sur le fait qu’ils ont été choisis ‘«’ ‘ à leur insu’ ». Il explique qu’une commission est venue visiter le site sans s’être fait annoncer. Elle aurait découvert le marché, vu ce qu’il y avait à visiter, les lieux de restauration du jeudi… ‘«’ ‘ Alors tout ça ensemble a fait que le marché a été reconnu S.R.G.. »’

A Louhans, le label, géré conjointement par la mairie et, en moindre mesure par l’Office du tourisme, ‘«’ ‘ est donné par le C.N.A.C.’ ». Avec le recul, on imagine que les CRT ont peut-être joué un rôle. Lors de la réception du courrier, lu au conseil municipal, les informant de leur sélection parmi les S.R.G., seules deux élues – adjointes l’une à l’embellissement et à l’aménagement de la ville, commerçante et l’autre, adjointe au budget et à la communication – se montrent intéressées et permettent que les S.R.G. connaissent une suite à Louhans.

Notes
333.

« C’est l’agence Varennes, de Blois, qui est venue (…) ». Ce seront les seuls à nous parler d’une agence de communication et à nous donner ce nom.