5.1.1.2. Ceux qui ont demandé le label

Parmi les sites étudiés, les Quatre Glorieuses, Billom, Saulieu construisent le discours de leur sélection sur le fait que ce sont eux qui l’ont sciemment choisi. Cela suppose qu’ils connaissent le réseau, qu’ils savent l’utiliser et surtout qu’ils en attendent quelque chose de précis, qu’ils ont un projet à proposer et à réaliser, qu’ils ont une volonté déjà existante de valoriser leur site. Leur démarche a été réfléchie et voulue.

Les Quatre Glorieuses ont lieu en décembre à Bourg-en-Bresse, Montrevel, Louhans et Pont-de-Vaux. Or, à l’origine, seules ces deux dernières avaient été désignées S.R.G.. Le 17 décembre 1999, B. S. remit, à Bourg-en-Bresse les panneaux officiels S.R.G. qui sont accordés aujourd’hui aux quatre villes. C’est grâce à l’appui de la ville de Louhans que le label a pu comprendre les quatre villes et c’est par son intermédiaire que les Quatre Glorieuses ont pu connaître ce label. Aujourd’hui, il est pris en charge de manière commune par le comité d’organisation des Quatre Glorieuses.

A Saulieu, on nous signifie à plusieurs reprises que le label a été obtenu grâce ‘«’ ‘ au travail et à la ténacité’ » du Comice agricole et grâce à l’aide de la mairie et de l’association des restaurateurs et des métiers de bouche. Pourtant une personne du Comice agricole expliquera : ‘«’ ‘ c’est le C.N.A.C., une instance parisienne qui a décidé, à un moment donné, de mettre en valeur cent sites remarquables dans la France entière’ ». De l’exposé de ce discours et de celui d’autres personnes, nous pouvons déduire que ce n’est pas le label qui a été demandé mais la reconnaissance de Saulieu comme ‘«’ ‘ site-permanent’ ». En effet la sélection du site est explicitée autour du fait qu’ils ont élaboré un projet de circuits touristiques et qu’une charte a été signée avec des restaurateurs et des bouchers. La présidente de l’association des restaurateurs datera même l’origine de la reconnaissance de Saulieu par le C.N.A.C. à 1998, date de l’accession en site-permanent et non en S.R.G..

A Billom, une seule personne évoque la sélection initiale. M.D. affirme en effet être à l’origine de cette sélection. Il aurait entendu parler du projet des S.R.G. par une relation ‘«’ ‘ bien placée’ » dans un ministère et lui aurait demandé d’inscrire Billom sur la liste. Cette procédure n’est pas explicitée et reste mystérieuse. Nous ne connaissons pas l’identité et surtout la place de l’individu mentionné, au sein du ministère. Au sein de la confrérie organisatrice de la fête personne n’évoque cette sélection. Pour les confrères, l’histoire des S.R.G. commence lorsque J. J., président de la confrérie met en exposition publique ce label. Un confrère explique qu’après avoir reçu le label S.R.G., la municipalité du moment ne lui avait trouvé aucun intérêt et n’avait pas voulu le valoriser. Les panonceaux seraient restés dans les placards trois ou quatre ans, c’est-à-dire jusqu’au moment où J. J. serait allé les réclamer. ‘«’ ‘ Pourquoi lui, parce que c’est la foire à l’ail qui est labellisée… Et la confrérie a pensé qu’y aurait peut-être quelque chose à faire… [avec ce label’].» J.J. confirme cette version. Le questionnant sur la sélection initiale, il nous donne la version officielle du C.N.A.C. et ajoute ‘«’ ‘  A Paris, sans doute, y a quelqu’un qui a proposé que Billom soit classé S.R.G. ».’