5.3.1.1. Des producteurs, ambassadeurs de leur commune

Saint-aubin et Saint-Christophe-en-Brionnais ont un mode d’appropriation du label assez semblable. Dans les deux cas, il s’agit de villes de moins de 600 habitants qui offrent peu d’accueil touristique et qui se désertifient. Ces communes ont peu de moyens humains et financiers mais souhaitent effectuer une mise en valeur touristique. De par les critères retenus pour leur sélection, elles trouvent une solution en faisant participer les producteurs locaux aux manifestations nationales des S.R.G. . Tout en permettant aux producteurs de trouver de nouveaux débouchés, les communes se trouvent des ambassadeurs puisque grâce à eux, elles sont présentées sur des sites éloignés. Hormis l’apposition du label sur leurs dépliants et des panonceaux, celui-ci n’est pas exploité localement.

A Saint-Christophe-en-Brionnais, c’est la municipalité qui a en charge le dossier S.R.G.. Il faut remarquer qu’il n’y a pas d’autres instances puisque l’office du tourisme-musée tenu par des bénévoles est ouvert épisodiquement. Il existe bien un ‘«’ ‘ Centre international d’études des patrimoines culturels »’, mais il est peu en prise avec la vie sociale locale. Isolé physiquement du village, le contact entre la population et les membres du centre ne se fait pas. Le village est déserté et on y trouve peu d’animations, hormis le marché et les deux fêtes annuelles. L’une est celle du pot-au-feu, l’autre, la fête patronale, le premier week-end de juillet. Le village, tourné essentiellement vers l’élevage, vit aujourd’hui autour de son marché en cours d’étude de relance. Localement, le marché a un intérêt pour les éleveurs. Il est un rassemblement d’hommes, essentiellement des professionnels en activité. L’enjeu aujourd’hui est de faire venir du monde à Saint-Christophe-en-Brionnais et de faire vivre le commerce local en mettant en lumière le marché. Le label S.R.G. accompagne la relance du marché dont il est en quelque sorte le pendant touristique. Pour les assemblées générales elle se fait représenter par Charolles. Saint-Christophe-en-Brionnais propose chaque année une animation durant la semaine du goût, en invitant des artisans des métiers de bouche. C’est un moyen de se montrer dynamique et innovant. Sur les salons S.R.G., comme celui de Billom, est présent un jeune éleveur qui vend ses propres produits : viande prête à consommer et terrine de bœuf. Contacté par l’office du tourisme parce qu’il peut transporter ses produits, il représente le site de Saint-Christophe-en-Brionnais. Il ne vend habituellement qu’à des particuliers ou à des négociants. Il ne se rend pas sur le marché de Saint-Christophe-en-Brionnais mais il va sur celui de Marcigny pour vendre des fromages. Il s’agit dans ce cas d’une démarche individuelle menée par un producteur, à travers lequel la commune se fait représenter.

A Saint-Aubin, ce sont les organisateurs de la fête qui gèrent le label S.R.G., c’est-à-dire le comité des fêtes qui a partie liée avec le syndicat d’initiative et avec le réseau professionnel puisque leurs membres sont pruniculteurs. Ce label est ainsi pour eux un moyen de présenter leurs productions, de trouver de nouveaux réseaux de distribution et de faire connaître leur village dont la vie locale commence à s’essouffler. L’offre de produits touristiques est réduite et concerne plus la région que le village. Un développement touristique d’envergure est d’ailleurs financé par le département, la région et l’Etat. Il concerne la navigabilité du Lot et de nouvelles infrastructures routières (reliant Bordeaux à Toulouse). Saint-Aubin ne voit pas beaucoup de visiteurs de passage et son accueil s’est réduit. Le camping a fermé et il ne reste qu’un gîte d’étape pour l’accueil de groupes. Parallèlement se développe l’hébergement ‘«’ ‘ à la ferme’ » sous forme de chambre, de gîte ou de camping. Cet accueil est assuré par les exploitants eux-mêmes qui proposent leurs produits toute l’année.

Au sein de la démarche S.R.G., les représentants de Saint-Aubin ont privilégié les salons où se rendent, à tour de rôle, deux ou trois pruniculteurs. L’un va toujours à ceux de Billom et de Salers, l’autre va à Beaufort et à Najac, afin de se partager la clientèle tout en la fidélisant sur chaque site. A Billom, un couple en costume traditionnel agenais propose ses produits faits maison : pruneaux enrobés de chocolat, pruneaux à l’armagnac, eau-de-vie de pruneaux, crème de pruneaux… Ces personnes vendent directement à la ferme ou par correspondance. Le Salon S.R.G. est pour eux un moyen de faire connaître le pruneau et ses dérivés, peu connus des consommateurs. ‘«’ ‘ On vient faire goûter, on vient donner envie aux gens d’acheter du pruneau. En fait, ce serait le travail du Bureau interprofessionnel du pruneau. Donc c’est lui qui fait la publicité. Mais nous on est là pour qu’ils puissent goûter’ ». Cette femme ajoute, ‘«’ ‘ ça permet de faire connaître notre coin’ ». Aussi distribue-t-elle des dépliants de son exploitation dans lesquels la fête aux pruneaux est signalée. Le logo S.R.G. est apposé. Cet aspect est d’autant plus valorisé que ce couple propose un tirage au sort sur simple bulletin – sans obligation d’achat – qui permet d’offrir un séjour en camping dans leur ferme. Ce couple qui se rend aussi à Salers et à Bouzigues voit donc un double intérêt à ces salons puisqu’ils trouvent de nouveaux clients pour leurs produits et qu’ils valorisent leur deuxième activité (l’accueil à la ferme), tout en faisant connaître la région. Ces personnes disent avoir rapidement saisi l’intérêt de ces salons et avoir entraîné les autres pruniculteurs à se rendre sur certains salons, pour éviter tous les déplacements tout en contribuant à faire connaître Saint-Aubin. Tourisme, découverte et valorisation des produits sont ici étroitement liés. En effet, ce sont les mêmes protagonistes qui sont sensibilisés par ce qui constitue leur activité.

Dans les deux cas, les communes voient le label comme un moyen de communiquer sans trop d’investissements puisque ce sont les producteurs qui en ont la charge. Ces derniers trouvent ici de nouvelles ressources économiques, en alliant tourisme et gastronomie.