6.1.5. Les salons : des fêtes, des foires et des marchés comme les autres ?

Au cours de la retranscription des discours des individus sur la raison de leur venue, on aura relevé quelques points communs avec ceux faits sur les fêtes, les foires et les marchés. Les chalands viennent ‘«’ ‘ par curiosité’ », pour découvrir de bons produits, discuter avec les producteurs. Quelques-uns, assez peu, évoquent l’ambiance conviviale.Néanmoins, on observe des différences fondamentales, les salons S.R.G. et les fêtes et les foires ne remplissant pas les mêmes fonctions et ne suscitant pas les mêmes pratiques.

D’abord, les achats y sont plus fréquents. Les individus ne viennent pas pour se promener. En effet, alors que sur les fêtes et les foires on vient ‘«’ ‘ les mains dans les poches’ », ‘«’ ‘ se promener en famille »’, ‘«’ ‘ retrouver des connaissances’ »… les salons S.R.G. sont particulièrement destinés aux achats. Sur les fêtes et les foires les achats n’occupent pas une place centrale dans la venue, ils ne sont que secondaires puisque certains viennent sans argent, d’autres disent acheter si l’occasion se présente, si ‘«’ ‘ on se laisse tenter’ ». L’achat n’est pas prémédité, mais on laisse une ouverture possible pour répondre à ses tentations. Sur le salon, au contraire, la raison première de la venue est l’achat. Si certains souhaitent retrouver exactement le même produit que l’année précédente, d’autres, qui viennent parfois pour la première fois, souhaitent acheter un produit qu’ils savent être de bonne qualité et qu’ils n’ont pas l’habitude de trouver près de chez eux (ou du moins, pas par son producteur). Il y a d’autant moins de ‘«’ ‘ promeneurs’ » que l’entrée est payante et que seules les personnes motivées par un achat ou une curiosité décident d’entrer.

Les Salons S.R.G. ne permettent pas de flâner, de ‘«’ ‘ perdre son temps’ » et ils ne sont pas des lieux de rencontre. Cela est dû au fait que les individus n’y ont pas développé de telles pratiques, mais aussi au fait que l’espace ne le permet pas. Il y a des allées, un sens de circulation (les gens ne se croisent pas mais se suivent) avec une entrée et une sortie distinctes, et l’arrêt ne peut se faire sans gêner les autres visiteurs.

Ensuite, il ne s’agit pas de produits du lieu, mais de produits venus d’‘»’ ‘ ailleurs’ ». Alors que les fêtes, les foires et les marchés reflètent un territoire et mettent en scène un ‘«’ ‘ ici’ » où se rejoue un entre-soi, les salons S.R.G. exposent des ‘«’ ‘ ailleurs’ ». Les locaux deviennent les visiteurs d’autres cultures et découvrent de nouveaux produits. On découvre ou on redécouvre, chez soi, des produits ‘«’ ‘ exotiques’ ». Par leur intermédiaire, ce sont aussi les lieux d’où ils proviennent qui sont exposés. La mise en exposition du lieu se fait par les discours de présentation du produit et par les affiches ou les costumes que portent les représentants des sites. Il s’agit aussi de donner envie aux gens de venir, en donnant une certaine image du lieu.

De nouveaux éléments vont être ajoutés pour les démarquer des foires aux produits du terroir ‘«’ ‘ quelconque’ », afin de donner une spécificité, une identité propre aux salons S.R.G. . En 2003, des ateliers du goût devraient se mettre en place, pour apprendre à déguster les produits.

A travers les Salons, nous retrouvons les mêmes idées développées sur les questions de médiation et de communication sur les produits, d’échanges entre producteurs et consommateurs. Les fêtes et les foires sont destinées à la valorisation des produits de la région alors que les salons sont destinés à la valorisation des produits de différentes régions. La différence fondamentale qui existe entre des foires aux produits et des salons est le rapport que chacun entretient au lieu où il se trouve. Les premiers reflètent et mettent en scène un territoire. Ils sont des lieux de visites pour les touristes. Les seconds rassemblent différents lieux. Ils ne s’adressent pas à des touristes venus de l’extérieur mais à des populations locales en tant que consommateurs et que touristes. Ce sont les produits qui viennent vers les consommateurs qui ne les connaissent pas.

Par ailleurs, alors que les fêtes, les foires et les marchés sont perçus comme étant des lieux en lien avec la nature et le monde rural, les produits exposés sur les salons S.R.G. sont définis, à plusieurs reprises, comme des produits de luxe et, de ce fait, les salons semblent réservés à un type particulier de clientèle, d’autant qu’il faut payer pour entrer.