Des lieux pour reformuler des identités locales

Les produits qui ont été choisis pour désigner la place marchande et la commune sont fortement inscrits dans un lieu, des savoirs des hommes, des pratiques culturelles identifiantes. La demande de ces produits intimement liés à un terroir et au territoire des Hommes traduit aussi une demande de pratiques identifiantes. Celle-ci s’exprime par la désignation de lieux, par opposition aux non-lieux de la surmodernité. Ces derniers ne sont pas moins producteurs de lien social ou de sens mais ils ne permettent pas de produire une identité collective du lieu.

Un discours est porté sur la vie en milieu rural et sur les productions traditionnelles, jugées plus saines. Le monde agricole particulièrement, parce qu’il est resté proche d’un terroir, qu’il est à l’écoute de la nature, semble conserver des valeurs du passé comme le bien vivre et le bien manger. Les fêtes, les foires et les marchés représentent, de manière plus ou moins reconstituée, une société traditionnelle et des identités locales. Des pratiques spécifiques s’y déploient, formulées autour de la connaissance d’un lieu et d’un produit.

Producteurs, populations locales et touristes tendent à produire des discours sur l’identité. Identité locale ou professionnelle pour les premiers, elle désigne des caractéristiques propres à valoriser une économie. Populations locales ou touristiques recomposent une mémoire collective vécue par les unes et imaginées par les autres. L’identité produite permet alors de marquer des appartenances ou des repères. Ces discours, qui participent à patrimonialiser les fêtes, les foires et les marchés, reposent sur leur confrontation puisqu’ils se confortent, se construisent et se légitiment les uns les autres. De la convocation de la dimension patrimoniale par les différents groupes sociaux s’élabore un discours sur la sélection, la distinction, la désignation de ce qui fait sens pour l’échange, c’est-à-dire de ce qui produit de l’authenticité et du patrimoine social. On se montre, on découvre l’Autre. L’identité, l’authenticité surgissent de la reconnaissance de l’un par l’autre. L’identité n’est pas donnée, elle est toujours offerte à l’interprétation. Se mêlent un patrimoine local et un patrimoine ‘«’ ‘ national »,’ dans ce qui doit faire sens pour tous. L’émergence d’un patrimoine social, producteur d’identité est reprise et légitimée par la mise en valeur touristique des sites.