Les élèves sont différents par leurs connaissances, par leurs centres d'intérêts et par leurs attitudes. Cette variété implique une variété de réponses, et non une réponse unique qui ne convient qu'à quelques-uns. Différencier la pédagogie, c'est poser des objectifs communs dans une perspective égalitaire, et créer les conditions pédagogiques adaptées qui permettent à chacun de les atteindre.
La différenciation peut s'organiser à différents niveaux, celui des situations et groupements, celui des activités et approches, celui des aides, celui des niveaux de décision, en ayant le souci permanent d'éviter de créer des hiérarchies dans les différences et donc de les transformer en inégalités.
Des groupements différenciés permettent de concilier hétérogénéité et homogénéité. L'hétérogénéité est nécessaire pour répondre aux besoins de socialisation et de dynamisation des apprentissages. Cependant ce type de regroupement ‘«’ ‘ peut gêner la maîtrise des pré - requis indispensables pour la progression ’ ‘«’ ‘’ ‘ 51 ’ ‘,’ car les besoins des élèves sont différents ; l'homogénéité est aussi nécessaire pour certains apprentissages. Résoudre cette contradiction suppose de faire varier les groupements et d'abandonner l'idée de classe.
L'hétérogénéité doit s'accompagner d'une individualisation, les groupes hétérogènes pouvant se fragmenter en groupes de niveaux homogènes, sur une partie de l'horaire et pour des acquisitions précises dans les matières dites fondamentales, le groupement hétérogène étant maintenu sur l'autre partie de l'horaire. Pour éviter l'affectation permanente dans un groupe, il est nécessaire de définir des objectifs, des critères d'évaluation, de choisir des stratégies pédagogiques différentes, la souplesse des groupements ne pouvant être obtenue que par le travail d'équipe et la structuration en ensembles.
S'adapter à la diversité des populations scolaires et à la diversité géographique suppose d'abandonner l'idée de programme tout en respectant un certain cadre national. Résoudre cette contradiction suppose de définir contenus et progressions au niveau local et de les articuler avec les exigences nationales. Aussi serait-il nécessaire de prévoir des temps et espaces différenciés pour des activités différenciées, des temps et espaces pour des activités obligatoires, des temps et espaces pour des activités optionnelles définies contractuellement avec tous les partenaires : élèves, enseignants, parents. La répartition des activités en activités obligatoires et activités optionnelles présente un autre avantage, celui d'apprendre à choisir. Si l'acquisition de compétences par tous est indispensable, apprendre c'est aussi apprendre à choisir ; les activités optionnelles offrent cette possibilité de choix et d'engagement personnel, de même que les activités fondées sur un projet.
Les activités doivent être rééquilibrées. Ne doivent plus être seules privilégiées les activités de connaissance, mais aussi, et surtout, les activités mettant en oeuvre production technique et expression.
L'école doit tenir compte des conditions familiales déterminantes pour la réussite scolaire et aider ceux qui ne trouvent pas chez eux ces conditions. Elle doit prendre en compte l'élève dans sa globalité et lui apporter l'aide nécessaire tant du point de vue affectif qu'intellectuel. L'école doit devenir un lieu de vie ; la fonction de l'enseignant s'en trouvera modifiée.‘’ ‘«’ ‘ Refuser cette transformation, c'est refuser en fait l'école démocratique dont on se réclame en théorie. ’ ‘«’ ‘’ ‘ 52 ’
Louis Legrand, Pour un collège démocratique, op. cit., p. 45
Louis Legrand, Pour un collège démocratique, op. cit., p. 81.