Pour A. Burloud, la pensée, l'action et même le sentiment sont orientés par des tendances, formes psychologiques implicites qui inspirent la conduite. La tendance est une force spéciale qui ne fait pas intervenir la volonté ; elle est une réalité mentale pouvant être mise en évidence au moyen de l'introspection. Elle permet l'adaptation aux différentes situations et constitue, en persistant, une habitude mentale. Sa structure n'est cependant pas rigide ; elle est, au contraire, susceptible de modifications. Si toute action est orientée par des habitudes mentales, l'apprentissage, la façon dont on s'instruit ne peut faire exception. Telle est la thèse d'Antoine de La Garanderie.
A. Burloud n'a cependant pas approfondi la question de la liberté. Prolongeant sa pensée, Antoine de La Garanderie va s'y intéresser dans Schématisme et thématisme ; elle servira ensuite de base à la pédagogie des moyens qu'il préconise. Le comportement de l'homme étant déterminé par l'action de ses tendances, il ne peut exister de liberté absolue reposant sur un libre choix. L'homme ne peut totalement échapper à la loi de la science, à sa nature psychologique et s'émanciper totalement. Cependant, sa nature psychologique ne le limite pas, à condition qu'il apprenne à se connaître, à connaître ses tendances ; à partir de cette connaissance, il peut se fortifier en devenant plus lucide. Pour Antoine de La Garanderie, l'adaptation scolaire, la réussite ou l'échec sont d'ordre méthodologique et dépendent des habitudes mentales. Ces habitudes sont des procédés personnels de travail, procédés implicites, formes acquises d'activités de la pensée, des tendances. Ces habitudes ne changent pas fondamentalement au cours de la vie d'un individu, mais, pour ne pas en demeurer esclave et modifier leur cours, il faut apprendre à les connaître. Ces habitudes sont acquises très tôt et peuvent se cultiver. Ni déterminées, ni définitives, elles peuvent toujours être améliorées et complétées.
La pédagogie a pour tâche de permettre à chacun de prendre conscience de ses habitudes mentales ou évocatives 79 , de façon à ce qu'il en découvre leurs richesses, mais aussi leurs limites ; elle a à proposer à chacun d'autres moyens pour dépasser sa limitation première et, ainsi, lui permettre de s'ouvrir à la liberté. C'est à cette condition qu'elle peut lever les incapacités et permettre à tous de réussir. Sans la connaissance des moyens de réussir, l'élève ne peut qu'échouer et les échecs répétés se répercuteront négativement dans l'accomplissement de soi. ‘«’ ‘ Tant qu'il n'y a pas de moyens à mettre au service d'une cause, il n'y a pas de liberté ’ ‘«’ ‘’ ‘ 80 ’ ‘. ’
Les habitudes mentales prennent le nom d'habitudes évocatives, en 1980, dans Les Profils pédagogiques.
Antoine de La Garanderie, Les profils pédagogiques, huitième édition, op. cit., p. 229.