Les lois pédagogiques de la gestion mentale

Des témoignages recueillis auprès des cracks, Antoine de La Garanderie dégage des règles généralisables, les lois du fonctionnement mental, les lois pédagogiques.

‘«’ ‘Pour apprendre et pour comprendre, on a besoin d'images mentales’ ‘»’ ‘’ 81 . L'image mentale est la matière de la pensée qui peut revêtir deux formes : visuelle ou auditive / verbale. Chaque individu utilise une forme de préférence, appelée langue maternelle pédagogique, se contractant naturellement, ‘«’ ‘ c'est-à-dire sans intervention extérieure ’ ‘«’ ‘’ ‘ 82 ’ ‘, ’tandis que la seconde langue pédagogique peut être acquise. Chacune de ces langues possède quatre sous-structures ou paramètres, P1 et P2 caractérisant les opérations mentales dites simples, P3 et P4 les opérations mentales dites complexes 83 . Les bons élèves utilisent les deux langues et possèdent une richesse de paramètres, la forme de leur langue maternelle déterminant leurs points forts 84 . La réussite scolaire dépendant d'une bonne gestion des habitudes évocatives, l'enseignant se doit de permettre à chacun d'acquérir la langue ou habitude manquante et d'utiliser les paramètres négligés. L'image mentale est le matériau de base de la pédagogie,utilisée dans les actes mentaux d'attention, de réflexion, de mémorisation. Dénommés outils pédagogiques en 1974 85 , ces actes deviennent, dans Pédagogie des moyens d'apprendre, les trois gestes mentaux fondamentaux dont l'utilisation détermine la réussite ou l'échec. A ces trois gestes seront rajoutés deux autres : la compréhension et l'imagination 86 .

‘«’ ‘ Les gestes mentaux obéissent à des lois générales valables donc pour tous, visuels ou auditifs ; il y a obligation d'être en attitude de projet pour être attentif, réfléchir, mémoriser ou imaginer ’ ‘«’ ‘’ ‘ 87 ’ ‘.’ Le projet se pose avant toute démarche mentale et lui assure son efficacité. Il est le geste mental de base permettant aux autres d'exister, mais se différencie en fonction du but à atteindre, de l'acte à réaliser.

Etre attentif, c'est avoir le projet d'évoquer l'objet perçu et le réaliser. Mémoriser, c'est avoir le projet d'utiliser dans un avenir évoqué ce qu'on veut acquérir. Réfléchir, c'est avoir le projet d'appliquer à un problème des lois, des règles que l'on évoque. Imaginer, c'est avoir le projet de découvrir ou d'inventer de l'inédit à partir d'évoqués. Avant d'effectuer un geste, il faut le structurer, ce qui n'est possible que par l'évocation dirigée par le projet. Le projet est condition de la structure des gestes mentaux. Un geste mental est donc une structure de projet 88 , utilisant des contenus mentaux fort divers d'où découlent des formes diverses d'intelligence.

Notes
81.

Ibid., p. 77.

82.

Ibid., p. 97.

83.

Antoine de La Garanderie, Les profils pédagogiques, huitième édition, op. cit., p. 101.

84.

«dans les sciences mathématiques, les schèmes opératoires sont le plus souvent de nature visuelle, alors que dans les disciplines littéraires, ils sont plutôt de nature auditive «. Antoine de La Garanderie, Pédagogie des moyens d'apprendre. Les enseignants face aux profils pédagogiques, Paris, Editions du Centurion, dixième édition, 1990, p. 70.

85.

Une pédagogie de l'entraide, op. cit.

86.

Antoine de La Garanderie, Comprendre et imaginer. Les gestes mentaux et leur mise en oeuvre, Paris, Editions du Centurion, 1987 pour la première édition.

87.

Antoine de La Garanderie, Le dialogue pédagogique avec l'élève, Paris, Editions du Centurion, troisième édition, 1984, p. 113.

88.

Antoine de La Garanderie, Comprendre et imaginer. Les gestes mentaux et leur mise en oeuvre. Paris, Editions du Centurion, 1987.