2. Une science de la subjectivité

Apprendre à être attentif, à mémoriser... , c'est permettre à chacun de forger les instruments dont il dispose pour penser et préparer son action. C'est lui donner l'habitude d'agir et de ne pas se soumettre à ce qui lui vient de l'extérieur. L'homme est un être déterminé, mais il a la capacité de dépasser ses limitations premières et de s'ouvrir ainsi à la liberté. La pédagogie des moyens mentaux permet cette ouverture. Elle est oeuvre de liberté quand elle permet de se libérer de ses tendances, mais aussi quand elle permet de se libérer des préjugés, d'un sens imposé, d'une vision convenue du monde. Etre libre, c'est être capable d'agir par soi-même et non d'être agi ni par des déterminations intérieures, ni par une autorité extérieure. Se construire, c'est se construire comme être libre, non seulement apprendre à choisir des moyens et à les adapter à un but fixé, mais aussi à les relier à des fins qui soient siennes. Il importe donc de saisir les modalités de l'acte libre afin d'y prendre appui pour adapter son action. La science des moyens est aussi science de la subjectivité, science des moyens de la liberté. Aussi, Antoine de La Garanderie va-t-il, à partir des années 90, s'attacher à préciser le sens de son engagement. Son souci dépasse le niveau psychocognitif pour s'inscrire dans une perspective phénoménologique, d'abord dans la ligne de Husserl, puis dans celle de Heidegger.