Chapitre premier
TECHNIQUE ET ETHIQUE

Pour Aristote, la poièsis est le degré le plus bas de l'action. L'action véritablement humaine est praxis, action morale et politique, capable de fixer des fins humaines et de rechercher les moyens humainement les meilleurs pour les atteindre. Les buts de la poièsis ne sont que des fins relatives au service d'une fin absolue posée par la praxis. La poièsis n'est donc qu'un moyen au service de la praxis. Seule la praxis peut en orienter l'usage ; elle seule peut faire de la poièsis un savoir-faire humainement efficace. Technique et éthique, poièsis et praxis, dont les logiques sont différentes, sont compatibles, à condition de poser la supériorité de la praxis. C'est bien en ce sens que les pédagogues contemporains envisagent l'action pédagogique ; c'est bien ce lien qu'ils se veulent établir, et c'est bien aussi ce lien qui pose problème. Pourquoi la poièsis tend-elle à s'imposer au détriment de la praxis ? Comment déployer une praxis qui soumette la poièsis ?