Moyens

Sans souci de production, de résultat, la praxis pédagogique est cette forme d'action désintéressée qui s'emploie à choisir ses moyens à partir de ce qu'elle juge humainement préférable pour permettre à chaque enfant de progresser en humanité. Les règles de la praxis n'étant pas des absolus, il ne peut exister de modèle unique d'action pédagogique car la praxis repose sur le libre choix, libre choix des moyens, pas de la fin qui est l'humanisation. Ce n'est qu'au niveau des moyens d'action que peuvent donc se concevoir des différences d'option, mais le choix ne sera correct que s'il repose sur la prudence et la médiété.

  • La prudence

C'est elle qui donne la droite règle, c'est-à-dire la règle générale de conduite à adopter pour assurer la fin, l'humanisation, conformément aux Idées et en tenant compte de la réalité.

Si la praxis est travail de soi sur soi, ellese doit d'écarter toute imposition. Les moyens de la praxis ne pouvant être imposés de l'extérieur, ses seuls moyens possibles sont l'enfant lui-même, ses propres capacités qui en s'exerçant se développent. La praxis pédagogique doit rester oeuvre d'éducation, imposant une attitude, un bien conduire, une règle de conduite respectueuse du bien de l'enfant et du bien de tous. Elle exclut donc le modelage conduisant à la soumission. Mais elle se doit aussi de tenir compte de la réalité sensible, celle de l'enfant, de sa nature, de la situation particulière dans laquelle il se trouve.

Pour Aristote, la fin de la praxis est la réalisation de l'homme de bien qui, sachant ce qui est bien pour lui et bien pour tous, sera capable de gouverner. L'éducation se doit donc de développer la capacité de choisir, permettant la participation au gouvernement de la cité et son amélioration. Mais ce moyen ne sera correct que s'il obéit à la droite règle qui impose aussi de tenir compte de la réalité. Or, l'enfant agit selon ses passions et ne peut alors être raisonné. C'est pourquoi l'éducation ne peut le laisser vivre à sa guise. L'éducation doit aussi lui imposer des règles, lui apprendre à se plier à certaines façons de penser, à certaines prescriptions.Mais cette soumission première n'est qu'une étape, étape nécessaire pour faire naître de bonnes habitudes ; elle n'est qu'un moyen au service de la praxis. La praxis impose de ne pas perdre de vue la fin absolue, de s'approcher au plus possible de la droite règle, en faisant preuve de médiété : ni totale liberté, ni totale soumission.

La droite règle n'est correcte que si elle concilie Idées et prise en compte de la réalité. Lieu de tension, la praxis pédagogique est effort continu pour, quelles que soient les circonstances, quels que soient les obstacles, s'efforcer d'agir en cohérence avec les principes, avec la theoria qui lui sert de guide, sans se perdre dans l'Absolu et sans, pour autant, le perdre de vue.

  • La médiété

La médiété est prudence en acte,mise en oeuvre de moyens concrets d'action, permettant de s'approcher au plus possible de la droite règle en écartant les positions extrêmes.