5. Conclusion

Les études empiriques présentées au cours de ce chapitre ont montré que les licenciés économiques présentaient des spécificités du point de vue de leur caractéristiques et de leurreclassement par rapport à l’ensemble des demandeurs d’emploi. Les licenciés économiques subissent des coûts de reclassement élevés que ce soit en termes de durées de chômage ou de salaires. Si l’on compare les marchés du travail nord-américains et européens, les pertes salariales encourues par les salariés nord-américains sont plus persistantes que pour les européens et les durées de chômage plus transitoires. Les difficultés de sortie du chômage que connaissent les licenciés peuvent en partie s’expliquer par la protection de l’emploi. Elle permet également de rendre compte de l’hétérogénéité des trajectoires professionnelles des chômeurs sur le marché du travail. S’ils n’arrivent pas à retrouver un emploi sans passer par l’état de chômage, une fois chômeur il leur est plus difficile de sortir de cet état. Les chômeurs se révèlent être hétérogènes en fonction de la cause d’entrée dans le chômage, mais il existe également une hétérogénéité des parcours au sein de la population des licenciés économiques en fonction de la cause du licenciement.

Afin d’analyser les parcours professionnels des licenciés économiques, il est également indispensable de tenir compte des réponses institutionnelles qui ont été apportées à leurs difficultés de réinsertion. La France se singularise particulièrement par l’existence de dispositifs actifs de reclassement en faveur des licenciés économiques. Le dispositif des conventions de conversion représente la mesure la plus souvent mise en œuvre jusqu’en 2001. Participer à une telle mesure crée également une hétérogénéité entre les licenciés économiques. L’étude économétrique proposée dans ce chapitre analyse les déterminants de l’entrée en convention de conversion. D’une part, l’ensemble des résultats sont semblables à ceux d’autres études sur l’évaluation de politiques actives du marché du travail : dès lors que les individus éligibles à un dispositif ont la possibilité de se porter candidats, ce ne sont généralement pas ceux qui semblent a priori les plus défavorisés pour retrouver un emploi qui deviennent adhérents (les plus éduqués, qualifiés, ceux qui ont de faibles contraintes spatiales). D’autre part, ce résultat peut être nuancé si l’on se concentre sur l’ancienneté dans l’emploi précédent. Les études empiriques ont montré que l’ancienneté était particulièrement pénalisante en termes de retour à l’emploi. On observe qu’elle est de fait déterminante dans la décision de participer à une convention de conversion.

L’hétérogénéité des demandeurs d’emploi implique nécessairement des stratégies de recherche d’emploi différentes. Les premiers résultats économétriques semblent mettre en évidence un effet discriminant des contraintes spatiales sur l’adhésion au dispositif. Le deuxième chapitre centre l’analyse sur l’impact de ces contraintes dans le processus de prospection.