3.4.2. Mobilité spatiale et durée de chômage

Les résultats des estimations obtenus à partir des modèles de durée de type Weibull, en stratifiant en fonction de la cause d’entrée au chômage, sont consignés dans le tableau 5. Face à l’ambiguïté de l’effet théorique de la distance de prospection sur le taux de sortie du chômage, l’estimation économétrique vise à montrer si le fait d’avoir consenti une mobilité spatiale permet de réduire la durée de chômage des différents types de demandeurs d’emploi.

Tableau  5 : Estimation économétrique du modèle de durée de type Weibull avec correction Gamma (variable expliquée : durée de chômage)
Tableau  5 : Estimation économétrique du modèle de durée de type Weibull avec correction Gamma (variable expliquée : durée de chômage)

Le tableau 5 présente les résultats des estimations obtenues à partir d’une loi Weibull avec correction de l’hétérogénéité inobservable par une loi Gamma 68 . Par ailleurs, toutes causes d’entrée au chômage confondues, les résultats obtenus restituent les effets habituellement observés dans l’analyse des durées de chômage des principaux attributs individuels tels que l’âge, le niveau de formation et le statut matrimonial. On note ainsi que la durée de l’épisode de chômage est d’autant plus forte que l’individu est âgé et de sexe féminin. Les individus mariés et les titulaires d’un diplôme d’enseignement supérieur manifestent en revanche, toutes choses égales par ailleurs, des durées de chômage plus courtes. L’examen de l’influence de la durée du dernier emploi montre que l’ancienneté tend à allonger la durée d’accès à l’emploi. L’intensité de la recherche augmente les chances de retrouver un emploi plus rapidement. Enfin, l’introduction d’effets spécifiques régionaux montre que la situation des marchés locaux de l’emploi conduit les individus des régions Nord-Pas-de-Calais et Paca à enregistrer des durées de chômage plus longues par rapport à ceux de la région Ile-de-France. De plus, l’introduction des taux de chômage spécifiques à chaque zone d’emploi montre que des taux de chômage élevés locaux augmentent la durée de chômage.

Concernant la cause de licenciement, on observe que les licenciés économiques individuels ont des durées de chômage plus longues que les licenciés avec fermeture de l’établissement. En effet, ces derniers ne subissent pas d’effet de signal lié à leur licenciement. L’estimation précédente relative à la stratégie d’élargissement de la zone de prospection a montré que si les licenciés économiques individuels avaient une plus forte probabilité à consentir une mobilité, il semble que ce soit dans le but de réduire leurs coûts de reclassement. Par ailleurs, les individus qui ont choisi de ne pas adhérer au dispositif sortent plus rapidement du chômage que ceux qui n’étaient pas éligibles. Ces derniers regroupent certes les individus ayant de faibles niveaux d’ancienneté, mais aussi en partie les plus âgés (plus de 57 ans).

Le coefficient de la variable MOBestimée, contrôlant l’endogénéité de la décision d’élargissement de l’horizon spatial de recherche, est statistiquement significatif et de signe négatif au seuil de 1% pour les licenciés économiques et pour les individus ayant quitté leur emploi pour cause de fin de contrat. Par contre, mobiliser une telle stratégie ne réduit pas la durée de chômage des salariés ayant démissionné. Ces derniers peuvent en général décider de démissionner en sachant obtenir un emploi de meilleure qualité dans leur zone, en privilégiant notamment comme mode de recherche leur réseau professionnel.

Par ailleurs, l’estimation économétrique (coefficient thêta étant significatif) confirme l’intérêt du recours au modèle Weibull avec correction des effets spécifiques individuels inobservables par une loi Gamma. Sous cette restriction, le taux de hasard n’est pas monotone. La valeur statistiquement significative et inférieure à l’unité du coefficient sigma permet de conclure à l’existence d’un seuil en dessous duquel la probabilité de sortie de l’état de chômage augmente avec sa durée.

Pour les séparations non volontaires (fin de contrat et licenciement), l’ensemble de ces résultats permettent de conclure que la durée de l’épisode de chômage est d’autant plus courte que la probabilité d’avoir augmenté la distance de prospection est forte. Ainsi, l’effet direct de l’augmentation du taux d’arrivée des offres qui accompagne l’élargissement de la zone de prospection semble en moyenne plus que compenser l’effet indirect négatif de l’augmentation des coûts en termes de déplacement (ou déménagement) lui étant associés. L’effet direct positif de l’augmentation du taux d’arrivée des offres qui accompagne l’élargissement de la zone de recherche semble donc en moyenne plus que compenser les effets induits négatifs d’une augmentation de salaire de réserve associée à la mobilité.

Une analyse supplémentaire a été effectuée sur toute la population. Les résultats étant proches de ceux présentés ici, nous ne les avons pas reportés. Il importe toutefois de noter qu’elle met en évidence des effets discriminants à l’avantage des fins de contrat et au détriment des licenciements et démissions. Les licenciés économiques connaissent quelle que soit leur stratégie de recherche des épisodes de chômage plus longs que les autres demandeurs d’emploi.

Notes
68.

Les résultats sans correction Gamma étant peu différents, nous avons choisi de ne présenter que les estimations prenant en compte la correction pour l’hétérogénéité inobservable.