2.1. Présentation des données

L’application économétrique est conduite à partir de données individuelles issues des deux enquêtes menées par la DARES. Deux points méthodologiques importants doivent être tout d’abord précisés. D’une part, l’estimation par sélection sur les inobservables nécessite la construction d’un échantillon témoin à partir de la première enquête. Comparable en termes de caractéristiques individuelles à celui des adhérents, il ne diffère de celui-ci que par le fait d’avoir adhéré ou non à une convention de conversion. Il est donc composé d’individus qui auraient pu bénéficier d’une convention de conversion et qui respectent les conditions d’accès au dispositif, c’est-à-dire les personnes de moins de 57 ans, licenciées pour motif économique et ayant au moins deux ans d’ancienneté. Ces conditions d’accès permettent de cibler une population supposée à risque en termes de reclassement. L’échantillon total regroupant les deux sous-ensembles est de 1912 observations (902 non-adhérents et 1010 adhérents).

D’autre part, il est également important de spécifier à partir de quel moment la réinsertion des bénéficiaires d’une convention de conversion débute. En effet, pour pouvoir analyser l’effet du dispositif, il importe de savoir si l’on prend en compte pour les bénéficiaires la période passée en convention. Le salarié est licencié, mais en tant que participant il n’est pas inscrit comme demandeur d’emploi. Cependant, on peut considérer que l’état de chômage et celui d’un adhérent est un même état de recherche d’emploi 78 . Si tel est le cas, la durée passée dans le dispositif doit être comptabilisée dans la période de chômage. Cette hypothèse induit tout de même une limite : elle conduit à considérer que l’intensité de la recherche est la même dans les deux cas. Lalive et al. (2000)ont en effet montré que pendant le programme de formation, l’intensité de la recherche des participants diminuait, ce qui conduisait à allonger les périodes de chômage. Cependant, nous pouvons justifier l’intérêt de comptabiliser le temps passé dans le programme dans la durée de chômage, par le fait que nous observons des résultats de court terme. Ne pas intégrer cette durée peut être néfaste si l’on observe une dépendance d’état du chômage (Cockx et Bardoulat, 1999).

Le tableau 1 présente les statistiques descriptives pour les deux sous-échantillons. La durée moyenne de chômage sans prise en compte du temps passé en convention pour les adhérents est de 9 mois (la durée moyenne de chômage avec la période de convention est de 15 mois). Pour les chômeurs ne passant pas par une convention, la durée moyenne de chômage est de 13 mois. Seulement 29% des adhérents sortent avant la fin de la convention de conversion. Si l’on n’introduit pas la durée de la convention dans la période de chômage, ces individus ont donc des durées de chômage nulles. Afin d’examiner la robustesse des résultats à l’hypothèse faite sur la durée de chômage des bénéficiaires de conventions de conversion, nous estimons deux types de modèle. On considère dans une première estimation que le début de la période de chômage est la date d’entrée en convention, puis dans une deuxième estimation qu’il est égal à la date effective d’entrée en chômage à la sortie du dispositif. Le modèle économétrique présenté dans la section suivante prend en compte ces considérations.

Tableau 1 : Description statistique des variables des deux sous-échantillons
Proportion d’individus ayant la caractéristique (en %) : Non – adhérents Adhérents
Age entre 16 et 25 ans 7.87 6.24
Age entre 26 et 39 ans 50.44 45.74
Age entre 40 et 49 ans 30.49 33.56
Age supérieur à 50 ans 11.20 14.46
Femme 54.10 55.84
Nationalité française 77.94 84.95
Etre veuf 8.65 9.71
Etre marié 72.62 76.73
Etre célibataire 18.74 14.16
Niveau d’études    
Etudes primaires 12.74 12.87
1er cycle enseignement général 13.97 10.30
2e cycle enseignement général 9.19 7.72
Enseignement technique court 41.58 40.10
Enseignement technique long 8.12 8.61
Enseignement supérieur 14.30 18.02
Durée du dernier emploi en années    
Ancienneté [2 ;3 [ 22.82 5.94
Ancienneté [3 ;5 [ 24.85 30.30
Ancienneté [5 ; 10[ 25.46 33.17
Ancienneté [10 et +[ 26.87 30.59
PCS du dernier emploi    
Ouvrier non qualifié 23.98 17.47
Ouvrier qualifié 22.17 22.19
Employé 32.29 32.90
Profession intermédiaire 14.97 17.72
Cadre supérieur 6.59 9.72
Secteur d’activité du dernier emploi    
Agriculture 1.98 3.01
Industrie 32.21 34.22
Construction 18.42 15.17
Commerce 21.63 21.74
Services 25.76 25.86
Tableau 1 (suite)
Proportion d’individus ayant la caractéristique (en %)  Non – adhérents Adhérents
Taille de l’ancienne entreprise    
Taille entreprise : 1 à 49 salariés 65.12 65.96
Taille entreprise : 50 à 99 salariés 10.15 12,50
Taille entreprise : 100 à 199 salariés 7.05 8.01
Taille entreprise : + de 200 salariés 17.68 13.53
Cause du départ du dernier emploi     
Licenciement collectif sans fermeture 29.60 39.21
Licenciement collectif avec fermeture 30.71 29.70
Licenciement économique individuel 39.69 31.09
Région    
Ile-de-France 35.37 33.07
Nord-Pas-de-Calais 28.16 33.27
Provence-Alpes-Côte d’Azur 36.47 33.66
Durée moyenne de chômage en mois 13 15
Durées de chômage censurées à droite 51.00 36.73
Nombre d’observations 902 1010

Notes
78.

Lubyoa et Van Ours (1998) ont souligné qu’un individu peut être considéré en tant que chômeur jusqu’à ce qu’il trouve un emploi ou quitte le marché du travail.