1.2. Licenciement et emploi précaire

Les formes précaires d’emploi n’ont cessé de se développer au cours des vingt dernières années dans la plupart des pays industrialisés. En France en 1997, les emplois que retrouvent les sortants de l’ANPE sont en majorité des contrats à durée déterminée ou des missions d’intérim, le total de ces deux types de contrat atteignant 57%, les CDI ne représentant qu’un peu plus d’un tiers des emplois repris. Plus d’un cinquième des emplois est à temps partiel. En outre, les emplois trouvés en CDD et en intérim font l’objet pour les deux tiers d’entre eux de contrats d’une durée inférieure à 6 mois. Le passage par le chômage pour les licenciés économiques se traduit également par l’acceptation d’emplois en moyenne moins stables et moins rémunérés.

Plusieurs études empiriques ont montré que les travailleurs licenciés ont une plus forte probabilité de retrouver un emploi précaire (Stevens, 1997, Farber, 1999). Ce résultat est principalement vérifié pour les femmes (Rodriguez et Zavodny, 2001), mais la même tendance est également observée pour les hommes. Farber (2003) propose deux types d’explication à une telle issue au chômage après déplacement. Premièrement, le chômeur licencié est amené à accepter un emploi précaire si celui-ci constitue une période de transition, le temps de retrouver un CDI. Dans ce cas de figure, Farber (2003) qualifie cette issue au chômage en tant qu’emploi temporaire involontaire. Les risques de chômage étant élevés pour les licenciés économiques, ces derniers peuvent accepter des emplois moins stables, en arbitrant en faveur de la rapidité du retour à l’emploi au détriment de la pérennité. La seconde explication révèle que la relation entre licenciement économique et emploi précaire est due à l’existence d’une hétérogénéité individuelle non observée. Ainsi, les salariés licenciés sont susceptibles d’être ceux qui avaient le plus de chances de perdre leur emploi, c’est-à-dire ceux qui avaient un plus faible niveau de productivité. Une question récurrente est de savoir jusqu’à quel point les caractéristiques individuelles des demandeurs d’emploi influent sur leur sortie du chômage. Il est possible de distinguer, selon la situation, quelle explication prédomine. En effet, si l’emploi précaire correspond plutôt à une transition, alors la probabilité d’occuper un emploi temporaire ou précaire baisse avec le temps écoulé depuis la date du licenciement. En effet, les licenciés économiques peuvent décider de rester au chômage afin d’obtenir des opportunités d’emplois plus stables. Au contraire, si les individus qui retrouvent un emploi précaire étaient au chômage depuis longtemps, alors cette transition reflète plutôt des compétences plus faibles et des difficultés à retrouver un emploi stable.

Par ailleurs, on observe que la probabilité d’occuper un emploi à temps partiel est négativement corrélée avec le niveau d’éducation et qu’elles est plus élevée pour les plus jeunes et les plus âgés. La probabilité de retrouver un emploi à temps plein est de 5.6 points plus faible pour les employés licenciés que pour les autres causes de séparation. Les individus licenciés dont le précédent emploi étaient à temps plein ont une plus forte probabilité de retrouver un emploi à temps partiel mais non volontaire.

Ce qui caractérise les issues en emploi des licenciés économiques, c’est qu’ils retrouvent difficilement un contrat similaire à celui de leur précédent emploi. Concernant les conventions de conversion, il importe d’estimer quel peut être leur impact sur les conditions statutaires du nouvel emploi obtenu et notamment si elles augmentent la probabilité de retour à un emploi stable pour les bénéficiaires. En outre, une attention particulière sera également accordée à la qualité de la réinsertion des individus qui quittent le programme avant son échéance afin de déterminer si ces individus se reclassent mieux que ceux qui ont effectivement terminé le programme.