2.1. Licenciement et transitions : les données

L’application économétrique est conduite à partir de données individuelles issues des deux enquêtes, présentées précédemment, de la DARES. Le Tableau 1 présente les statistiques descriptives pour les deux sous-échantillons, bénéficiaires et non-bénéficiaires du dispositif.

Tableau 1 : Description statistique des variables des deux sous-échantillons
Proportion d’individus ayant la caractéristique (en %) : Non – adhérents Adhérents
Age entre 16 et 25 ans 7.87 6.24
Age entre 26 et 39 ans 50.44 45.74
Age entre 40 et 49 ans 30.49 33.56
Age supérieur à 50 ans 11.20 14.46
Femme 54.10 55.84
Nationalité française 77.94 84.95
Etre veuf 8.65 9.71
Etre marié 72.62 76.73
Etre célibataire 18.74 14.16
Niveau d’études 
Etudes primaires 12.64 12.87
1er cycle enseign. gén. 13.97 11.30
2e cycle enseign. Gén. 9.19 7.72
Enseignement technique court 41.68 41.10
Enseignement technique long 8.12 8.99
Enseignement supérieur 14.30 18.02
Durée du dernier emploi en années
Ancienneté [2 ;3 [ 22.82 5.94
Ancienneté [3 ;5 [ 24.85 30.30
Ancienneté [5 ; 10[ 25.46 33.17
Ancienneté [10 et +[ 26.87 30.59
PCS du dernier emploi
Ouvrier non qualifié 23.98 17.47
Ouvrier qualifié 22.17 22.19
Employé 32.29 32.90
Profession intermédiaire 14.97 17.72
Cadre supérieur 6.59 9.72
Cause du départ du dernier emploi 
Licenciement collectif sans fermeture 29.60 39.21
Licenciement collectif avec fermeture 30.71 29.70
Licenciement économique individuel 39.69 31.09
Ile de France 35.37 33.07
Nord-Pas-de-Calais 28.16 33.27
Provence Alpes Côte d’Azur 36.47 33.66
Tableau 1 (suite)
Proportion d’individus ayant la caractéristique (en %) : Non – adhérents Adhérents
Transitions et durées de chômage
Durées de chômage censurées à droite 51,00 36,73
Transitions vers un CDI 18,40 31,58
Transitions vers un emploi précaire 26,17 31,69
Durée moyenne de chômage en mois 13 9
Nombre d’observations 902 1010

Il importe tout d’abord de préciser la distribution des issues pour chaque groupe. Parmi les 1010 travailleurs adhérents d’une convention, 130 transitent directement vers un emploi sur CDI à l’issue de la convention, et 164 transitent directement vers un emploi précaire (contrat à durée déterminée, emploi aidé ou intérim). Les 716 individus restants, entrent en chômage à l’issue de la période de chômage. Parmi eux, 189 ont trouvé un CDI avant la fin de la période d’observation, 156 ont été embauchés dans un emploi précaire, les 371 autres étant soit encore en chômage à la fin de la période de chômage, soit entrés en formation ou en inactivité avant cette date. Il faut noter que compte tenu de leur faible nombre, les transitions du chômage vers l’inactivité ou vers les formations ne sont pas traitées comme des issues séparées dans le modèle de durée à risques concurrents. Parce que les frontières entre ces états et le chômage sont relativement floues, les durées de chômage associées à des transitions vers l’inactivité ou la formation sont ici considérées comme des durées de chômage incomplètes, censurées à droite. Parmi les 902 individus du groupe de contrôle - les chômeurs licenciés n’ayant pas bénéficié d’une convention de conversion - 166 seulement ont été embauchés en CDI à la fin de la période de chômage, alors que 236 autres sont entrés en emploi précaire. En réalité, près de 32% des adhérents à une convention ont accédé à un CDI, soit directement à l’issue de la convention, soit indirectement au terme de la période de chômage qui suit la convention. A l’opposé, seulement 18% des chômeurs licenciés non-adhérents à une convention obtiennent un CDI à l’issue de leur période de chômage.

Ainsi, compte tenu du nombre élevé de bénéficiaires qui trouvent un emploi au terme de la convention de conversion et qui de ce fait n’entrent pas en chômage 95 , la situation d’embauche directe à l’issue du passage en convention a été considérée séparément, sous la forme d’une variable aléatoire dichotomique. Une période consécutive de chômage, pouvant déboucher sur une embauche en CDI ou en CDD, ou bien être censurée à droite, ne peut donc être observée que pour un bénéficiaire n’ayant pas trouvé d’emploi à l’issue du dispositif.

Du point de vue méthodologique, il est également important de spécifier à partir de quel moment débute la réinsertion des bénéficiaires d’une convention de conversion. La période passée en mesure est en principe d’une longueur fixe, égale à six mois. C’est de fait la durée passée dans le dispositif par la très grande majorité des « conventionnés » de notre échantillon 96 . Durant le temps passé en convention, le travailleur licencié peut commencer sa recherche d’emploi. Toutefois cette période reste principalement consacrée à l’activité de formation, et la recherche d’emploi y est à l’évidence moins intense que durant la période de chômage qui suit. Cette remarque invite à considérer le temps passé en convention et le chômage comme deux situations différentes, et par conséquent à ne pas inclure le temps passé en convention dans la durée de chômage des bénéficiaires. Ce choix ne semble pas avoir d’importantes conséquences, premièrement parce que la variable de résultat à partir de laquelle nous mesurons l’efficacité des conventions de conversion est le retour à l’emploi sur CDI et non la durée totale passée en non-emploi, et deuxièmement parce que nous estimons simultanément la probabilité de passer directement en CDI à l’issue du dispositif et celle d’être embauché en CDI au sortir de la période de chômage qui peut suivre le passage en convention 97 .

Au vue des données, le passage par une convention de conversion semble faciliter le retour à l’emploi stable : 31% des adhérents connaissent une transition vers un CDI contre seulement 18% pour le groupe de contrôle. En est-il toujours ainsi après la prise en compte des éventuels biais de composition et biais de sélection résultant du fait que les individus les plus susceptibles d’accéder au dispositif peuvent être également les plus à mêmes d’être employés sur CDI, toutes caractéristiques observables égales par ailleurs?

Notes
95.

294 individus parmi les 1010 composant l’échantillon des bénéficiaires sont dans ce cas.

96.

Seule une proportion minoritaire de bénéficiaires ayant passé un temps inférieur en convention (de fait, quatre ou cinq mois) avant d’être embauchés en CDI ou en CDD.

97.

Les estimations du chapitre précédent ont montré que les résultats ne sont pas qualitativement modifiés par une telle distinction.