3.2. Présentation des échantillons

Le tableau 3 présente les statistiques descriptives pour les quatre sous-échantillons : non-traités/traités et non-formés/formés. Le commentaire de ces données ayant été réalisé au cours du chapitre 3, nous ne revenons ici que sur certaines variables explicatives importantes pour l’analyse des salaires. On observe ainsi que les adhérents ont en moyenne une expérience élevée (22% ont plus de 30 ans d’ancienneté) sur le marché du travail par rapport aux non-adhérents (17% ont plus de 30 ans d’ancienneté).

Tableau 3 : Description statistique des variables des quatre sous-échantillons
Proportion d’individus ayant la caractéristique Non-adhérents Adhérents Non-formés Formés
Age entre 16 et 25 ans 7.87 6.24 6.40 2.95
Age entre 26 et 39 ans 50.44 45.74 26.14 28.06
Age entre 40 et 49 ans 30.49 33.56 49.96 58.02
Age supérieur à 50 ans 11.20 14.46 17.50 10.97
Femme 54.10 55.84 38.55 49.58
Nationalité française 77.94 84.95 16.80 13.08
Etre veuf 8.65 9.71 9.50 9.71
Etre marié 72.62 76.73 74.86 77.64
Etre célibataire 18.74 14.16 17.22 16.39
Niveau d’études
Etudes primaires 12.74 12.87 19.12 6.48
1er cycle enseignement général 13.97 11.30 12.05 15.19
2e cycle enseignement général 9.19 7.72 8.22 7.72
Enseignement technique court/long 49.80 50.09 46.85 69.61
Enseignement supérieur 14.30 18.02 13.77 21.00
Durée du dernier emploi en années
Ancienneté [2 ;3 [ 22.82 5.94 21.97 22.57
Ancienneté [3 ;5 [ 24.85 30.30 14.34 13.71
Ancienneté [5 ; 10[ 25.46 33.17 35.38 30.59
Ancienneté [10 et +[ 26.87 30.59 28.31 33.13
PCS du dernier emploi
Ouvrier non qualifié 23.98 17.47 19.75 12.61
Ouvrier qualifié 22.17 22.19 22.30 24.23
Employé 32.29 32.90 26.42 18.37
Profession intermédiaire 14.97 17.72 10.28 11.52
Cadre supérieur 6.59 9.72 21.25 33.26
Cause du départ du dernier emploi 
Licenciement collectif sans fermeture 29.60 39.21 40.60 37.76
Licenciement collectif avec fermeture 30.71 29.70 29.42 29.96
Licenciement économique individuel 39.6 9 31.09 29.98 32.28
Région
Ile de France 35.37 33.07 41.53 23.41
Nord-Pas-de-Calais 28.16 33.27 30.73 36.08
Provence-Alpes-Côte d’Azur 36.47 33.66 27.75 40.51
Tableau 3 (suite)
Proportion d’individus ayant la caractéristique Non-adhérents Adhérents Non-formés Formés
Taille de l’ancienne entreprise        
Taille entreprise : 1 à 49 salariés 65.12 65.96 53.26 53.54
Taille entreprise : 50 à 99 salariés 10.15 12.50 12.95 11.01
Taille entreprise : 100 à 199 salariés 7.05 8.01 21.77 19.58
Taille entreprise : + de 200 salariés 17.68 13.53 12.02 15.87
Changements
Avoir changé de secteur d’activité 13.53 17.82 28.03 35.48
Avoir changé d’occupation 24.06 22.28 39.79 39.43
La taille de l’entreprise est la même 23.98 26.05 19.03 21.15
Nouvelle entreprise plus grande 48.05 51.88 59.17 54.12
Nouvelle entreprise plus petite 27.97 22.07 21.80 24.73
Expérience
Moins de 10 ans 21.51 19.41 18.81 20.08
[11 ; 21 ans[ 33.81 31.88 28.86 35.31
[21 ; 30 ans [ 27.94 26.14 24.58 27.91
[30 ans et + [ 16.74 22.57 27.75 16.70
Formation
Participation à une formation       38.05
Participation à plus d’une formation       9.13
Transitions        
Transitions vers un CDI 18.40 31.58 12.29 13.53
Transitions vers un CDD 26.14 31.69 17.32 15.01
Transitions directes vers un CDI   12.87 16.76 20.93
Transitions directes vers un CDD   16.24 13.78 17.34
N’avoir pas retrouvé un emploi 51.00 36.73 45.07 38.48
Nombre d’observations 902 1010 537 473

Les études relatives aux pertes salariales consécutives à un licenciement ont montré que les changements de secteur d’activité ou de métier pouvaient expliquer la distribution des salaires obtenus dans le nouvel emploi. En comparant l’ancien secteur d’activité à celui du nouvel emploi, nous avons construit une variable muette prenant la valeur 1 si l’individu a effectivement opéré un tel changement. Une procédure analogue a été adoptée pour les niveaux de qualification et la taille de l’entreprise relatifs au nouvel emploi. On observe ainsi que les adhérents ont une plus forte propension à changer de secteur d’activité à la suite d’un licenciement : 18% opèrent un changement sectoriel contre seulement 13.5% pour les non-adhérents. Cette proportion est également plus élevée pour les adhérents formés (35%). On peut en effet penser que la formation prépare à une reconversion. Au contraire, la proportion d’individus ayant changé d’occupation est assez similaire entre adhérents et non-adhérents (entre 22 et 24%). Une grande partie des travailleurs licenciés ont retrouvé un emploi dans une entreprise plus grande que leur entreprise d’origine (48% des non-adhérents et 51% des adhérents). Conformément aux résultats de Krashinsky (2002) ceci peut conduire à une hausse des salaires retrouvés pour les travailleurs licenciés. Brown et Medoff (1989), Groshen (1991) ou Troske (1999) ont montré qu’il pouvait exister un différentiel de salaire entre grandes et petites entreprises. Les hypothèses sous-jacentes à une relation positive entre taille de l’entreprise et salaires sont diverses : les grandes entreprises embauchent en moyenne des salariés plus qualifiés 110 , elles sont plus susceptibles d’être syndiquées, elles bénéficient de rentes plus importantes à partager avec leurs employés, payent des salaires d’efficience afin de répondre au problème de supervision et offrent également plus d’avantages sociaux.

Ensuite, il importe d’indiquer de quelle manière ont été mesurés les salaires. Margolis (1999) a souligné que les indicateurs utilisés pour mesurer les salaires pouvaient conduire à des différences de résultat importantes. La variable mesurant ici le salaire correspond au salaire net, primes et indemnités non incluses 111 , rapporté à un salaire mensuel 112 . Les individus observés occupaient un emploi à temps plein. On n’observe pas les salaires pour tous les individus, soit parce qu’ils n’ont pas retrouvé d’emploi, soit parce que leurs salaires n’ont pas été renseignés. Le tableau 4 précise les données sur les salaires.

On note tout d’abord qu’en moyenne les salaires avant licenciement étaient plus élevés que les salaires retrouvés. On observe également que les salaires après reclassement des adhérents à une convention de conversion ainsi que du groupe des formés sont plus élevés que ceux des non-participants. Par ailleurs, les salaires retrouvés sans passage par une convention de conversion sont plus dispersés. Le passage par le dispositif semble donc réduire la dispersion des salaires. Toutefois, ces résultats ne suffisent pas pour conclure que la participation au dispositif a un effet positif sur le salaire, car ils ne tiennent pas compte des effets conjoints des autres variables individuelles, observables ou non, sur l’accès au programme, la probabilité de retour à l’emploi et les salaires. Il convient donc corriger les deux sources de sélectivité endogènes associées à l’entrée dans le dispositif et à l’accès à l’emploi.

Tableau 4 : Convention de conversion et salaires mensuels nets (en francs)
  Non-participants Participants Non-formés Formés
Ancien salaire moyen 8293.11 9604.80 9379.78 9854.38
Ancien salaire médian 7000 8000 7900 8500
Ecart-type 4163.77 3574.66 3726.52 4396.51
Nouveau salaire moyen 7056.06 7730.46 7497.44 7976.31
Nouveau salaire médian 6174 6800 6400 7200
Ecart-type 4011.40 2995.50 4223.23 3769.15
Effectif 113 584 562 307 255
Notes
110.

Hamermesh (1993) suggère que les plus grandes entreprises emploient des salariés plus qualifiés en raison de leur intensité capitalistique plus importante et de la complémentarité entre le capital physique et la qualification des employés.

111.

Ces informations n’étaient pas toujours renseignées pour tous les individus dans l’enquête.

112.

Nous n’avons pu récupérer les salaires horaires pour tous les individus.

113.

L’effectif correspond aux individus renseignés sur les salaires.