3.5.1. Structure de la démarche d’estimation

Avant de présenter le modèle économétrique estimé. Il convient tout d’abord de revenir sur deux points méthodologiques qui permettent de comprendre les difficultés rencontrées lors de l’estimation.

Le premier point concerne la sélectivité des participants en formation. Dans le chapitre précédent, nous avons pris en compte l’éventuel biais de sélection lié à l’entrée en convention. Dans l’analyse de l’impact du dispositif sur les salaires, nous devons, comme précédemment, également tenir compte du biais lié à l’obtention (ou à non observation du salaire) d’un nouvel emploi pour les individus. Cependant, la matrice de variances-covariances associée à un modèle à équations simultanées prenant en compte trois sources de sélection - à l’entrée du dispositif, à l’entrée en formation et à l’accès à l’emploi - a comporté de nombreux problèmes de convergence. Sachant que les estimations du chapitre 3 ont révélé l’absence de corrélation entre l’entrée en convention et l’accès à une formation (coefficient de corrélation non significatif), nous avons décidé de distinguer la formation et la non-formation comme deux programmes distincts. Le premier a pour objectif d’apporter un accompagnement renforcé à la recherche d’emploi (non-formation) et le deuxième cumule cette aide ainsi que l’offre de formation. Dans ce cas de figure, nous considérons que les travailleurs licenciés ont le choix entre ces deux types de programmes, même si en réalité la décision de suivre une formation est ultérieure à l’entrée dans le dispositif (à la suite du bilan de compétences établi par le conseiller de l’UTR). Conformément aux résultats des estimations du chapitre 3, on suppose donc ici que le risque de biais n’est pas si important et ne prenons pas en compte la corrélation possible entre entrée dans le dispositif et accès à la formation.

La méthode d’estimation alors utilisée est celle de l’appariement (matching), elle permet d’estimer en amont un probit multinomial rendant compte de la participation à chaque programme conditionnelle à l’existence d’autres programmes alternatifs. Dans ce type de spécification, un traitement spécifique est associé à chaque état : non-participant, participant à un programme de formation, participation à un programme d’aide à la recherche etc… On obtient donc des paires de paramètres d’intérêt (effet du « traitement sur les traités »). Il faut spécifier que dans le cadre des conventions de conversion, les prestations de formation et d’aide à la recherche ne sont pas totalement exclusives car les individus en formation ont également accès à l’aide à la recherche. Toutefois, de nombreuses études ont montré que l’intensité de la recherche au cours de la formation se révélait être plus faible que celle des autres participants (Edin et Holmund, 1991, Lalive et al., 2000), ce qui pourrait justifier de considérer deux types de programmes.

Dans le cadre de notre analyse - qui n’utilise pas la méthode du matching -, nous avons tenté d’estimer un probit multinomial permettant de considérer trois états différents : non-participant, participant-non-formé et participant-formé. Les procédures de maximisation des fonctions de vraisemblance correspondantes n’ont pas convergé. Nous avons choisi par défaut de ne prendre en compte qu’un seul traitement à la fois bien que cette méthode d’estimation puisse comporter certains biais et qu’elle ne permette pas d’estimer l’efficacité d’un programme relativement à un autre. Les résultats vont néanmoins nous permettre, via la comparaison avec le groupe de contrôle (non-adhérents), d’estimer quelle catégorie d’individus bénéficie le plus des différentes options offertes par le programme.

Afin de pouvoir comparer la situation des formés et non-formés par rapport à notre groupe de contrôle (non-adhérents), deux estimations ont été conduites. Une spécification économétrique similaire à celle adoptée dans la section précédente (estimation des salaires sur tout l’échantillon) est ici retenue. Le modèle économétrique est appliqué dans un premier temps aux non-participants et aux participants non-formés, et dans un deuxième temps aux non-participants et participants formés. Les résultats de ces deux estimations sont respectivement présentés dans les tableaux 8 et 9.