1.5. Le passage de la notion d’objet à la notion de donnée archéologique.

L’archéologie moderne prend maintenant en compte les circonstances de la découverte de l’objet (stratigraphie), les relations directes entre les objets et le travail sur l’objet lui-même se structure de plus en plus. On commence à mettre en place une comparaison entre fonction et forme. Boucher de Perthes résume ces trois optiques de recherche connexe de la manière suivante : “Ce n’est pas seulement la forme et la matière de l’objet qui servent à établir sa haute antiquité … C’est encore la place où il est ; c’est la distance de la surface ; c’est aussi celle des couches superposées et des débris qui les composent ; c’est enfin la certitude que là est son sol originel, la terre qu’a foulée l’ouvrier qui l’a fabriqué” (Boucher de Perthes, antiquités antédiluviennes, Paris 1847, I, p. 36 dans Demoule et alii, 2002, p. 23).

Cette période coïncide aussi avec le début de l’utilisation de méthodes de travail provenant d’autres sciences dont les mathématiques et la géologie principalement. La stratigraphie, la notion d’ensemble clos, la typologie, la cartographie avec les cartes de distribution, la sériation rentrent pleinement dans le domaine de l’archéologie et permettent de mettre en place l’une des notions la plus importante de l’archéologie, la chronologie relative.

L’archéologie ne se basera donc plus uniquement sur l’objet physique mais sur d’autres éléments issus de la fouille. Le terme objet va de plus en plus définir un élément de mobilier, vase, fibule, parure diverse, …, et fera partie des données au même titre que les autres renseignements ou informations provenant directement de la fouille ou d’analyses de ces renseignements (stratigraphie, liens, dessins, études du mobilier et des objets, chronologies, …). Ce terme de donnée ne sera réellement utilisé qu’au moment de l’entrée de l’informatique en archéologie. Mais c’est pour moi au moment du passage de la notion d’objet comme élément mobilier à la notion d’objet comme artefact 2 lié à son enveloppe (contexte stratigraphique, …), que l’on met en avant le fait que la fouille archéologique permet de recueillir plusieurs types d’informations, même si elles ne sont pas encore classifiées. C’est en fait à cette période que se mettent en place les notions que l’on utilise encore aujourd’hui.

En fait en archéologie, le mot objet a deux sens : un sens matériel, l’artefect et un sens épistémologique, l’objet de l’archéologie.

Le XIXè siècle est riche en découvertes puisque c’est le temps des grandes explorations qui accompagnent les conquêtes coloniales et il peut être considéré comme le siècle de l’émancipation de cette science toute jeune.

Notes
2.

Artefact : chaque objet touché par l'activité humaine (Vaˇsíˇcek, 1994, p. 88) ou si l'on traduit la définition d'un dictionnaire anglais : chaque objet utilisé, modifié ou fabriqué par l'homme.