1.7. “L’archéologie prochaine”

Comme on a pu le voir tout au long de l’histoire de l’archéologie, le statut de l’objet n’a pas cessé d’évoluer. Il fut élément de collection, appui à l’histoire biblique, témoin de la vie dans l’antiquité et matière d’étude de l’archéologie, pour aujourd’hui entrer dans le grand ensemble des données de fouilles en tant que mobilier spécifique. On peut supposer que ce statut va encore évoluer dans les longues années à venir et ceci peut-être dans l’archéologie prochaine que J.-C. Gardin essaye de définir en 1974 (Gardin, 1974, p. 345). “L’archéologie “prochaine” […] me semble plutôt devoir se caractériser par un souci à la fois plus discret et plus ambitieux d’élucider d’abord les raisons d’être de ses entreprises et la validité de ses constructions, sans porter de jugement sur le caractère plus ou moins scientifique des unes et des autres au regard de la doctrine du moment. En d’autres termes, le propre de cette archéologie prochaine ne sera pas selon moi d’être scientifique à tout prix, dans quelque sens du mot que ce soit, mais d’être intelligente, plus intelligente en tout cas que ne l’exige la pratique de l’archéologie “nouvelle”. Elle devra être capable en effet non seulement de tous les montages hypothético-déductifs, de toutes les visées pluridisciplinaires et de toutes les alliances instrumentales préconisées par celle-ci, mais aussi de reconnaître les limites de ce vaste appareil face à des entreprises et à des constructions d’un autre ordre, donc le “succès”, dans la combinaison d’un certain savoir avec un certain plaisir, ne semble pas devoir être remplacé, ni donc rétrospectivement expliqué, par les seules jouissances de l’archéologie nouvelle”.