4. Les différents types de données en archéologie

La plupart des archéologues parlent, en évoquant les données qu’ils tirent du terrain, de données brutes. Ce terme définirait donc les éléments que l’archéologue récolte directement dans le sol, les “témoins” du passé. Néanmoins cette désignation est erronée, une donnée brute n’existe pas. En effet premièrement, comme on l’a vu dans la sous-section 2 – Étude du passé mais données du présent, p. 27, la donnée est un élément d’information au présent qui ne reflète qu’un fragment de la population parente. Deuxièmement ces archéologues oublient leur propre intervention sur les éléments qu’ils recueillent. En effet, pour étudier son objet, l’archéologue va employer des instruments et plus il y a d’instruments, plus la perception de l’objet s’éloigne de la réalité. Toute observation passe par des filtres et est donc entachée d’incertitude. Le premier de ces instruments est tout simplement son œil et donc sa culture, en tant qu’être humain, avec qui le met en action son histoire, ses connaissances mais aussi les limites et les défaillances de celles-ci. Cet instrument n’est pas forcement reconnu consciemment par l’archéologue. “[…] une des qualités essentielles de l’observateur est de savoir regarder, les yeux bien ouverts, l’esprit libre de tout préjugé, de toute idée préconçue trop absolue […]” (Bauer dans Virieux-Reymond 1972, p. 46). Comme instrument on peut aussi ajouter l’instrumentation technique qui intervient surtout au niveau des décapages à la machine.

La donnée brute ne peut donc pas exister car inconsciemment le cerveau analyse déjà ce que nous voyons par l’intermédiaire d’une méthodologie de réflexe, d’habitude, différentes selon les personnes. Dès qu’un objet ou une donnée seront vus, ils seront transformés. La donnée que prendra en compte l’archéologue sera donc déjà transformée et c’est pour cela qu’il est important d’avoir une méthodologie d’approche des différentes données la plus stricte et la plus complète possible.

“le savant n’étudie pas la réalité telle qu’elle s’offre à l’observation immédiate : la nature sur laquelle il opère est une nature qu’il a par avance remodelée, reconstruite, en la simplifiant, en l’idéalisant” (Bartholy, 1978, p. 148). Cette citation vient compléter celle de Desachy énoncée page 29.

En ayant définitivement éliminé cette notion de donnée brute, on peut alors distinguer deux types de données en archéologie : les données primaires et les données traitées.

Les données primaires sont donc les données qu’il faut absolument conserver avec le maximum de précisions, les données traitées faisant partie des aides apportées à l’archéologue pour qu’il puisse analyser et comprendre ce qu’il a eu sous les yeux. Ce sont les données primaires qui seront par conséquence les premières prises en compte dans le cadre d’un archivage et de la gestion des données issues d’une fouille.