5.3. L’action thématique programmée “archéologie métropolitaine” : appel d'offres “archives de fouilles”

En 1987, le ministère de la Culture, le ministère de la Recherche et de l’Enseignement supérieur et le CNRS lançaient un appel d’offre relatif aux “archives de fouilles” présenté dans le cadre de l’action thématique programmée “archéologie métropolitaine”. Cet appel d’offre portait sur l’organisation, le classement et l’accessibilité du matériel tiré du sol.

Voici un extrait de l’appel d’offre proposé aux chercheurs.

‘“Un des problèmes les moins bien résolus de l’archéologie métropolitaine est celui du sort réservé au matériel tiré du sol : comment organiser son stockage et son classement, assurer son accessibilité, en faire une source d’information pour les chercheurs, en bref trouver pour lui un mode de gestion efficace ? On s’accorde aussi chaque jour davantage à critiquer la méthode la plus communément adoptée pour les publications du matériel des fouilles archéologiques : imprimer, sous forme d’une énumération individuelle, la description écrite et graphique du plus grand nombre possible des objets ou fragments retrouvés. Plusieurs raisons font penser que cette façon de faire ne sera plus viable longtemps : masse de données brutes publiées si considérable que celles-ci ne sont ni lisibles ni assimilables, forme d’exposition peu adaptée aux objectifs poursuivis, prime donnée à la publication des fouilles à matériel réduit sur les autres et au travail de pure description sur l’étude interprétative et l’exposé des résultats.’ ‘Le présent appel d’offres cherche à affronter ce double problème. Il porte sur la constitution d’archives du matériel de fouille, non imprimées mais communicables. Elles seront organisées par domaine d’intérêt (données de fouilles, types de matériel, etc.) et indexées de façon à être facilement accessibles et segmentables. Un texte de caractère synthétique, destiné à exposer les résultats neufs apportés par la fouille et l’étude du matériel, complétera ces archives et formera le couronnement du travail. Lui seul devra faire l’objet d’une publication imprimée. L’objectif est donc de trouver un moyen de présenter le détail du matériel au petit nombre de chercheurs présents ou futurs qui souhaiteraient vérifier les résultats exposés dans l’étude synthétique en retournant aux données de fouilles et aux objets individuels sur lesquels celle-ci repose. Nous souhaitons susciter ainsi la création d’un nouveau mode de présentation des données et de publication. Au-delà de l’archéologie, cette initiative intéresse de nombreux domaines des Sciences de l’Homme et de la Société.’ ‘L’ensemble formé par les archives, leur indexation, et le texte imprimé devra donc constituer la publication définitive d’une recherche archéologique inédite, (fouilles, ensemble de fouilles, secteur de fouilles, partie importante d’un matériel de fouille, etc.).’ ‘Sans que les indications suivantes soient contraignantes, on peut suggérer, à titre d’exemple, une démarche de ce type : organisation d’un dépôt où le matériel soit d’accès rapide et facile. Établissement d’un guide d’accès avec index multiples, informatisés ou non. Constitution d’archives descriptives et/ou graphiques sur le matériel. Organisation d’un mode de consultation et de diffusion à la demande pour le guide et les archives.’ ‘Les différentes phases d’un tel schéma, ou d’un autre possible, n’ont pas forcément à être toutes réalisées, ou réalisées au même niveau. Si, par exemple, l’accessibilité du matériel est satisfaisante et que le public intéressé soit considéré comme susceptible de se rendre facilement sur place, les archives peuvent ne constituer qu’un échelon intermédiaire de la documentation. Dans le cas contraire, elles seront plus complètes et plus détaillées. Leur constitution en liaison avec une publication systématique reste en tout état de cause le passage essentiel de la démarche.’ ‘Le projet présenté devra être exposé de façon très précise. Il sera justifié par l’intérêt de la fouille et du matériel concernés, il indiquera les institutions participantes, exposera de façon articulée les diverses étapes de sa réalisation avec un calendrier précis, et fondera la demande financière, présentée année par année, sur une estimation rigoureuse des moyens à mettre en œuvre. Il comportera des indications sur l’esprit et le plan de la publication de synthèse prévue pour l’impression.’ ‘L’opération portera sur trois ans : 1988, 1989, 1990. La prolongation pour une année supplémentaire pourra être envisagée. Un rapport intermédiaire sera demandé à l’automne 1989. Ce dernier sera conçu comme une introduction à une inspection sur place d’une délégation du comité de l’ATP. La poursuite ou l’interruption du projet sera décidée au vu de ce rapport et de cette inspection. Six à dix projets au maximum pourront être retenus, chacun pouvant bénéficier d’un financement annuel qui pourrait en général aller de 60 000 à 100 000 F.’ ‘La date limite de l’envoi des projets est fixée au 1er avril 1988. Un délai de plusieurs mois est ainsi laissé aux postulants afin qu’ils puissent approfondir leur réflexion sur les méthodes proposées.”’

Vingt dossiers 21 ont été envoyés pour répondre à cet appel. Le 8 juillet 1988, le comité d’examen a choisi sept dossiers mais seulement 6 ont abouti. Ce comité était composé de dix membres, dont :

Le calendrier fut le suivant :

Choix des dossiers Juillet 1988
Rapports intermédiaires et réorientation de certains projets Juillet 1990
Rapports définitifs Juin 1992 et 1993

Le financement de cette ATP, de 1485 KFr répartis sur trois ans, était partagé de manière paritaire entre le ministère de la Culture et le CNRS. Dans un compte rendu de 1992, année de rendu des rapports définitifs, on peut lire une répartition des dépenses générales et on relève que le plus gros pôle fut l’achat de matériel, le plus souvent informatique.

Achat de matériel 60 %
Vacation pour saisie de données 35 %
Achat de logiciel Moins de 5 %

Ce compte rendu fait aussi la synthèse des résultats obtenus. Il relate des réalisations portant sur la conception de systèmes intégrés de traitement de données de fouille et sur un enregistrement en machine de données en cours de réalisation ou anciennes. Lors de cette ATP, trois systèmes intégrés ont été conçus : SYSLAT par l’équipe de Michel Py, ArchéoDATA par Daniel Arroyo-Bishop et GIDAF, gestion informatique des documents archéologiques et des fouilles, par l’équipe d’André Debenath. C’est sur le thème de la publication que les résultats sont les plus faibles. Aucun projet n’est parvenu à imaginer d’autre type de produits que le livre imprimé.

Notes
21.

Toutes les informations données dans cette sous-section 5.3 – L'action thématique programmée “archéologie métropolitaine” sont tirées des archives du CNRS enregistrées sous le code : G950036 SHS carton 17. J'en profite ici pour remercier monsieur Louis Cosnier, bureau des archives CNRS 01 44 96 44 35, pour m'avoir permis de retrouver ces dossiers grâce à ses recherches préliminaires, et de les consulter à Paris. Je tiens à rappeler que les archives du CNRS sont considérées comme des archives publiques, répondant donc aux normes de consultation des Archives Nationales. Pour consulter des archives de moins de trente ans, il faut donc obtenir une autorisation. Pour cette ATP — qui ne comporte aucun élément sensible — j'ai facilement obtenu cette autorisation, après tout de même une attente de près de trois mois, simplement liée à des lenteurs administratives.