CHAPITRE II. LA BASE DE DONNÉES LILA

1. Présentation du programme de recherche

Ce programme de recherches, présenté par Charlotte Schmid, École française d’Extrême-Orient, est une étude iconographique des cycles narratifs en Inde du Sud. Il se limite dans un premier temps à l’étude des cycles coo_la 72 , du IXe au XIe siècles, implantés essentiellement dans le Tamil Nadu et à celle des cycles Hoysa. la, du XIe au XIIIe siècles, qui sont dispersés dans le Kar.naa.taka. La comparaison de ces deux corpus narratifs qui seraient l’un et l’autre étudiés sous l’angle de leur rapport avec les textes disponibles permettrait de préciser la définition du cycle narratif dans l’iconographie hindoue, d’en étudier la fonction symbolique et, enfin de mieux comprendre le statut du concept narratif et le rôle qu’il joue autant dans l’édifice textuel que dans le contexte du temple 73 .

Un cycle narratif pourrait être défini de la manière suivante : représentation en image sculptée de textes religieux narratifs ou des littératures épiques. Ce sont des successions d’actions, présentées selon des procédés narratifs divers (panneaux, frises, …), qui mettent en scène des divinités, des personnages, dans des situations données. Les cycles narratifs faisant l’objet de cette étude correspondent à la narration continue d’une histoire, qu’elle apparaisse dans un texte ou sur un temple. Dans ce dernier cas, le cycle narratif correspond à la représentation en images d’un récit connu grâce à un ou plusieurs textes. Cette représentation est constituée de la succession des actions, présentées en scènes qu’ordonne la chronologie narrative dans des sections de frises sculptées, continues ou formées de séries horizontales de panneaux. Ces cycles narratifs se situent sur l’extérieur des murs du temple.

Dans ce programme, la littérature épique regroupera le Mahaabhaarata, le Hariva“m.sa ou le Raamaayaa.na. Les mythologies épique et puranique témoignent des nombreuses évolutions connues par les religions indiennes et, avant tout, par l’hindouisme. L’illustration qu’elles connaissent à travers les cycles narratifs représentés sur les temples hindous, et parfois jaïns, donne accès à un éventail plus large de ces mythologies que celui qu’on trouve dans les textes seuls.

L’analyse des représentations narratives coo_la, sculptées sur le soubassement des temples, constitue la base indispensable d’une étude iconographique des cycles narratifs dans le Sud de l’Inde. Ces cycles sont essentiellement vishnouites et prennent place dans la très grande majorité des cas sur des temples shivaïtes : la problématique de la relation entre les deux grands courants majeurs de l’hindouisme sera ainsi abordée. D’autre part, la richesse du corpus fourni par l’iconographie Hoysa.la rend nécessaire l’étude des frises ornant les soubassements des temples Hoysa.la du XIe au XIIIe siècle. Les cycles Hoysa.la s’appuient sur des bases anciennes pour développer les frises narratives qui ornent les soubassements de très nombreux temples. C’est à la fois le nombre des temples concernés et l’espace consacré à ces cycles narratifs qui est ici exceptionnel. Les Hoysa.la ont en effet déployé une très importante activité architecturale pour donner naissance à des bâtiments dont la structure est entièrement recouverte de sculptures. Ces temples se présentent sur de hauts soubassements décorés de frises dont certaines sont consacrées à la relation des deux épopées vishnouites du Mahaabhaarata et du Raamaayaa.na, ainsi qu’à celle d’épisodes de la légende de k.r.s.na, dont l’équivalent textuel le plus proche semble être le Bhaagavata-puraa.na. Si l’emplacement paraît être le même que dans le cadre coo_la, l’importance accordée au soubassement par l’architecture Hoysa.la implique une importance accrue du genre narratif dans l’iconographie du temple.

Le programme prendra en compte les cycles narratifs provenant d’une dizaine de temples pour chaque corpus coo_la et Hoysa.la.

Notes
72.

Les textes en italique de ce chapitre proviennent du programme de recherche présenté par Charlotte Schmid.

73.

L'orthographe des termes indiens est conforme aux régles orthographiques utilisées dans la base de données. Voir Tome II-Partie G, p 381.