5.1.3.6. Jointures : Liaison et élision

Une autre manifestation à compter au rang des preuves de la représentation de sons de l'oral est celui de la jointure. La jointure regroupe deux phénomènes syntactiques, celui de la liaison et celui de l'élision 142 . La liaison ne connaît pas de contrepartie dans le système écrit 143 tandis que l'élision est marquée sur le plan graphique. Selon Marchal (1980) "il s'agit de la survivance de quelques enchaînements de consonnes de l'ancien français. Il y a liaison 144 lorsque la consonne finale d'un mot, normalement non prononcée 145 est articulée devant la voyelle ou l'h muet initial du mot qui suit". On notera ici le recours à la graphie – non satisfaisant – pour expliquer un phénomène oral ; la position générativiste qui consiste à donner comme forme de base d'un mot susceptible de présenter le phénomène de liaison la forme avec consonne, si elle est beaucoup plus élégante, n'explicite pas mieux la question. L'élision est considérée comme un cas d'enchaînement, les séquences d'enchaînements vocaliques étant mal tolérées en dehors des formes verbales en français.

Notes
142.

Ou enchaînement selon la terminologie de Delattre (1966:55), puis Encrevé (1988). Chez Delattre, le terme vaut pour les cas où la syllabification rassemble la consonne finale d'un mot et l'initiale du suivant, tandis qu'il concerne tous les cas de syllabification à travers les frontières de mots chez Encrevé.

143.

Le phénomène des consonnes euphoniques est souvent rapproché de celui de la liaison, il en est cependant tout à fait distinct.

144.

Les études récentes au sujet de la liaison (Encrevé 1988; Tranel 1995; Tranel 1996) se basent sur la structure syllabique et les règles qui lui sont associées.

145.

Léon (1992) note que les consonnes finales se perdent progressivement à partir du XI e ou XII e siècle.