7.1.2.2. Prépositions et conjonctions

La définition de la classe des prépositions repose sur un principe syntaxique, ce sont des unités antéposées au nom dont la propriété caractéristique serait d'intervenir au niveau de la relation entre le prédicat verbal et ses arguments nominaux (un groupe prépositionnel apparaît comme un complément indirect du verbe). Dans le passage du latin au français, les prépositions ont remplacé les désinences casuelles des substantifs et de ses déterminants. Les prépositions ont pris en charge certains de leurs rôles.

Certains linguistes classent les prépositions en deux groupes : les prépositions clitiques et les prépositions non clitiques. La liste des prépositions dites clitiques est : à, de, chez, par, pour. Et celle des prépositions non clitiques est : depuis, pour, après… c'est-à-dire les prépositions qui reçoivent traditionnellement le double statut de préposition et adverbe.

‘(1) Pierre est parti après (ton départ)’ ‘(2) Il est revenu depuis (ce temps là)’ ‘(3) En ce qui concerne l'intégration du CDLS au SCD, les élus ont voté pour (l'intégration…)’

En première analyse, avec Creissels (1995:185) on considèrera "comme prépositions les morphèmes qui s'antéposent au nom et dont l'occurrence est liée à l'insertion du nom dans une construction de rang supérieur quelle que soit la nature exacte de cette construction."

La préposition aurait alors deux statuts. Si elle est inscrite dans le schème de prédication, son rôle est de préciser le statut argumental d'un constituant nominal. Sinon, elle permet à un constituant nominal d'occuper une position autre que strictement nominale. Nous avons marqué les cas où la préposition de appartient au système de la négation (4) et ceux où elle entre en construction génitivale (5).

‘(4) Je ne bois pas de café’ ‘(5) Pierre déchiré le dessin de la jeune fille’

Préposition et conjonction font partie des parties du discours dites pauvres de sens et invariables. Elles ont dans certains cas des comportements similaires qui ont amené certains linguistes, comme Tesnière (1969) à postuler une catégorie plus large, comprenant conjonctions et prépositions. Cette catégorie est celle des opérateurs de translations. La fonction de la conjonction est d'unir des éléments. On divise en général cette classe en deux sous classes : coordination et subordination. Mais les critères que donne la grammaire traditionnelle pour les distinguer sont vite mis en défaut. Le premier critère examine la nature des éléments qui sont mis en relation. On observe cependant que les éléments donnés pour conjonction de coordination peuvent coordonner soit des éléments qui ne sont pas des unités phrastiques, soit des éléments qui sont des unités phrastiques. De même, les conjonctions de subordination, qui sont censées relier seulement des éléments phrastiques relient aussi parfois des éléments non phrastiques comme sa conduite est prudente quoique un peu rapide.

On donne aussi comme critère le fait qu'une conjonction de coordination peut commuter avec un adverbe tandis que la conjonction de subordination ne le pourrait pas. Mais ce critère est sémantiquement trop vague pour qu'on puisse l'utiliser de façon fiable d'autant plus qu'on ne détermine pas dans la classe hétérogène des adverbes lesquels permettent le test. La zone qui pose problème est celle où un élément permet l'introduction d'une unité dans une unité de rang supérieur. Ainsi la conjonction de subordination joue devant la proposition qu'elle introduit le même rôle qu'une préposition devant un groupe nominal :

‘(6) avant que nous n'arrivions’ ‘(7) avant notre arrivée’

La distinction entre prépositions et conjonctions peut sembler claire au premier abord si on considère que les prépositions permettent l'insertion d'un nom dans une unité de rang supérieur, tandis que les conjonctions interviendraient au niveau de la relation entre deux unités phrastiques.

Si on observe les choses d'un peu plus près, certaines conjonctions ont des comportements syntaxiques caractéristiques des compléments prépositionnels du verbe, c'est le cas par exemple de :

‘(a)’ ‘Extrait du Corpus F3’ ‘*(action): PAE fait une excuse comme johnny dep ds matrix’

Cependant des cas tels que le suivant justifient qu'on rétablisse le caractère prédicatif de l'élément introduit par comme dans l'exemple précédent.

‘(b)’ ‘Extrait du Corpus F3’ ‘*PCA: ca ce trouve, t'es vraiment comem je dis :)’

qui amènerait à considérer qu'un mécanisme de réduction discursive est à l'œuvre et que la structure complète se donnerait comme suit :

‘PAE fait une excuse comme la fait johnny dep ds matrix’

Nous avons cependant considéré les cas correspondant à (a) comme des prépositions et les cas (b) comme présentant des conjonctions.

D'autre part, on remarque que certains éléments considérés comme des prépositions ont dans certaines circonstances des comportements analogues à ceux d'une conjonction. C'est le cas par exemple de de suivi d'un infinitif.