8.2.3. Adverbiales

Les adverbiales sont proportionnellement les structures d'intégration phrastique les plus nombreuses dans notre corpus. Il nous faut toutefois préciser ici que certaines unités, souvent considérées comme des subordonnants ne l'ont pas été systématiquement. En effet, parce que est généralement recensé comme un subordonnant, et il l'est dans la plupart des cas dans nos corpus. Des énoncés tels que les exemples (127a) et (128a) s'analysent comme tels.

‘(127a) Extrait du Corpus F5’ ‘*PCS: tu p pas PEN pcq je suis le gardien ’ ‘(128a) Extrait du Corpus P2’ ‘*PAO: Ca sent la fraise parce que tu passes après moi =D’

La focalisation est en effet possible, si on peut se permettre la transformation sur ces énoncés authentiques en (127b) et (128b) :

‘(127b) C'est parce que je suis le gardien que tu peux pas.’ ‘(128b) C'est parce que tu passes après moi que ça sent la fraise.’

Toutefois, dans certains cas, parce que introduit une unité phrastique qui n'a pas de rapport syntaxique avec une autre unité phrastique. Nous ne parlons là évidemment pas des cas de réponses elliptiques à des questions en pourquoi.

‘Extrait du Corpus F5’ ‘*PEF: c une simple question...’ ‘%add: PEE’ ‘(2)’ ‘*PEF: Parce qu'un fichier powerpoint de 300 Mo.. ça s'ouvre pas n'importe où’ ‘%add: PEE’

L'unité phrastique qui devrait être le support de celle introduite par parce que n'apparaît pas, elle pourrait se formuler comme suit :

‘(129) Je pose cette question parce qu'un fichier powerpoint de 300 Mo.. ça s'ouvre pas n'importe où.’

De même, si ne s'analyse pas toujours comme subordonnant. Dans l'extrait ci-dessous, PCA propose une reformulation d'un énoncé dans un français approximatif, puis produit les interventions suivantes.

‘Extrait du Corpus F4’ ‘*PCA: je traduis :)’ ‘%add: PBZ’ ‘(1)’ ‘*PCA: enfin si j'ai bien compris :)))’ ‘%add: PBZ’

On se trouve dans une situation similaire à celle ci-dessus, le support pouvant être rétabli :

‘(130) Ma reformulation est correcte, si j'ai bien compris (l'énoncé).’

En ce qui concerne la sémantique de ces unités phrastiques, nous référons à Givòn (1984:827-852). Nous avons distingué ainsi celles qui expriment la condition (et l'hypothèse), le but, la cause, la conséquence, le temps, la manière, la concession.

Dans notre corpus, ces différents types sémantiques se répartissent comme suit :

Tableau (8-10) – Types sémantiques des adverbiales (%)
Type proportion (%)
but 32,77
cause 9,57
condition 30,627
hypothèse 0,72
manière 2,39
conséquence 0,48
concession 2,87
temps 20,57

Quant à la position des adverbiales, elle est représentée dans le tableau (8-11).

Tableau (8-11) – Types positionnels des adverbiales (%)
Type Proportion (%)
centre 2,88
droite 61,66
gauche 26,86
sans support 5,51

Les adverbiales, conformément à ce qu'on attendait, manifestent plus de diversité dans leur position. La position à droite est toutefois préférée.

Pour les adverbiales indiquant le but, 95,62% sont à droite. Les adverbiales exprimant la cause, sont préférentiellement enchâssées à droite également, mais à 66,66% seulement, 7,69% se présentant à gauche et 23% s'insérant dans des énoncés réponses ne reprenant pas le verbe de la matrice.

Les temporelles sont préférentiellement enchâssées à droite (59,3%), on relève une proportion toutefois importante de l'enchâssement à gauche (33,72%).

La condition et l'hypothèse sont préférentiellement enchâssées à gauche (60,30% des occurrences). 31,3% sont toutefois enchâssées à droite, et 5,34% s'insèrent dans des énoncés réponse ne reprenant pas le verbe de la matrice.

Enfin, la concession et la manière apparaissent exclusivement à droite.

Ces résultats vont dans le même sens que ceux obtenus pas Koch (1995). Les préférences pour la position d'enchâssement selon les types sémantiques découleraient d'un principe d'iconicité, qui par exemple favoriserait la présentation de la condition avant sa conséquence.