Constructions pseudo clivées et clivées

L'identification de telles constructions est issu de la linguistique anglo-saxonne qui utilise pour les dénommer les termes cleft sentences et pseudo-cleft sentences. Ces constructions seraient caractéristiques de l'oral spontané 332 .

Les constructions dites pseudo-clivées utilisent une prédication d'identification assortie d'une détermination.

‘(150) Celui que j'aime pas c'est Paul.’ ‘(151) Celui à qui je parlerai pas c'est Paul.’ ‘(152) Celle dont nous parlons c'est Anne.’

Cette construction présente son premier membre en position de thème, le second prenant un statut de rhème (information nouvelle, ou focalisée).

Dans ces constructions entre parfois dans nos corpus il y a, utilisé comme verbe d'existence, sur le modèle de l'exemple suivant :

‘Extrait du Corpus F6’ ‘*PEP: ce qu'il y a de bien avec le thé chaud’ ‘%add: ALL’ ‘(1)’ ‘*PEP: c'est que ça brûle’ ‘%add: ALL’ ‘Extrait du Corpus F6’ ‘*PAW: mais PDH... keskiya?’ ‘%add: PDH’ ‘*PDH: ya que je supporte plus ce nick’ ‘%add: PAW’

Blanche-Benveniste (1997:96-100) remarque que les constructions pseudo-clivées autorisent un branchement aisé des compléments et sujets en que suivi d'une construction verbale. C'est effectivement le cas dans nos corpus, ainsi que l'illustre l'exemple suivant dans lequel une unité phrastique intégrée en fonction de sujet introduite par que appelant un subjonctif est évitée :

‘Extrait du Corpus F8’ ‘*PDY: PDT d'accord, mais ce qui est marrant c'est que personne peut dire exactement pourquoi il m'en veut’

Ce type de construction est toutefois peu représenté dans notre corpus.

Le procédé de clivage consiste également en l'extraction d'un terme de la phrase pour le placer dans une position rhématique. Cette construction connaît des restrictions sur le type d'élément extractible, ainsi que l'illustrent les exemples suivants pour l'extraction du sujet (153), extraction de l'objet (154), extraction d'une subordonnée (155), extraction d'oblique (156), extraction d'adverbe (157, 158, 159).

‘(153) C'est Pierre qui aime la confiture.’ ‘(154) C'est la confiture que Pierre aime.’ ‘(155) C'est tant que sa mère ne l'appelle pas qu'elle reste dans la cour.’ ‘(156) C'est dans la cour qu'elle reste tant que sa mère ne l'appelle pas.’ ‘(157) ?C'est vraiment pas qu'elle aime le saumon.’ ‘(158) C'est injustement qu'il a pris cette décision.’ ‘(159) C'est franchement qu'elle est bête.’

On reconnaît que cette structure (160) présente une tendance pour la déviance par rapport au système d'accord.

‘(160) C'est les jeunes qu'elle aime pas.’

Cependant, le cas ne se présente pas dans nos corpus, sans doute à cause du petit nombre d'occurrences de la construction ; les structures présentatives simples avec ou sans détachement en revanche sont des occurrences de ce phénomène.

Il faut noter que la forme canonique de la construction pseudo-clivée, s'illustrant dans l'énoncé ce que j'aime pas c'est la confiture, dans laquelle que j'aime pas peut parfaitement s'analyser comme relative, trouve un correspondant dans la construction dite clivée dans laquelle que j'aime pas semble difficile à analyser comme relative dans la mesure où le relativisant ne présente pas un fonctionnement identique à celui dégagé pour la relative (cf. supra) :

‘(161) C'est Paul que j'aime pas.’ ‘(162) C'est à Paul que je parlerai pas 333 .’ ‘(163) C'est d'Anne que nous parlons.’

Ainsi la focalisation du datif s'oppose à la relativisation du datif.

‘(164) Je regarde Paul à qui je parlerai pas.’

Ces structures, quoique plus fréquentes que les structures pseudo-clivées, ne sont pas très utilisées dans nos corpus. On relève quelques rares cas s'écartant de la variété standard.

‘Extrait du Corpus F8’ ‘*PAV: mais tu n' es pas con... et tu ne fous pas la merde... c nous qu'on comprend rien :(’

Les structures présentatives avec détachement se présentent plus fréquemment.

‘Extrait du Corpus F6’ ‘*P66: ba oui mais coser tout seul c pas fun’

Notes
332.

Blanche-Benveniste (1997).

333.

Dans des états de langue antérieurs, "C'est Pierre à qui je pense" aurait été la norme. Attal (1999:170).