Conclusion

La vie apostolique et la conception du rôle social de la femme : il est clair que les maisons de « bonnes femmes » à Paris découlaient de ces deux sources et ces origines prouvent que ces communautés participaient des tendances centrales qui marquaient l’évolution de la société médiévale en Occident.

Il est indéniable que les « bonnes femmes » représentaient une tentative d’adapter l’idéal de la vie apostolique à un milieu laïque précis. D’une part, les comportements religieux des « bonnes femmes » étaient semblables à ceux des autres groupes et individus qui s’inspiraient de cet idéal ; d’autre part, béguines, recluses et pénitents, tous adeptes de la vie apostolique, figuraient parmi l’entourage des « bonnes femmes », fréquentation qui était le signe d’une vocation partagée.

Comme les autres religieuses, les « bonnes femmes » poursuivaient leur vocation tout en restant soumises à un encadrement dans lequel des liens de parenté jouaient un rôle capital. Or, la conception de parenté qui déterminait le caractère de ces liens variait selon le milieu. Là où les mœurs aristocratiques avaient pénétré, la relation entre une religieuse particulière et ses parents de sang semble l’avoir emporté. Dans les milieux artisanaux qui étaient moins influencés par les comportements des grands, les relations entre groupes primaient : la parenté étendue, composée de parents de sang, voisins et amis, d’une part, le couvent entier, d’autre part.

De surcroît, l’importance du cadre familial tenait à un principe plus général, selon lequel les actions d’une femme ne devaient pas franchir la sphère du privé. Ce principe, auquel tous les membres de la société médiévale semblaient tenir, favorisait la survie des communautés féminines dont les institutions ressemblaient au modèle cénobitique. C’est cette dynamique qui expliquerait la longévité des hôpitaux d’Etienne Haudry et de Sainte Avoye.