2.1. Les catégorisations au sein de la population d'élèves

La population des élèves est classée en deux grandes catégories : ceux qui n'ont pas de désignation spécifique et ceux qui en ont une - handicapés, enfants en difficulté ou en échec scolaire, enfants à besoins particuliers. Les uns ne remettent pas en cause le système éducatif généraliste ; les autres le mettent en difficulté. Les aides spécialisées proposées par le RASED s'adressent à cette deuxième catégorie résumée actuellement par l'expression officielle "élèves en difficulté". Le "E" de élève se confond avec celui d'enfant. Tout au long de cette recherche, il s'agira toujours de l'un et de l'autre à la fois. A l'école un enfant devient un élève ou peine à le devenir. Et au cœur de l'élève, veille l'enfant. Pour des raisons d'écriture, l'expression ne conservera que l'un ou l'autre de ces termes.

L'expression "élèves en difficulté" fait suite à une longue série de mots ou d'expressions tombés peu à peu en désuétude, ou transformés en insultes : anormaux, arriérés, idiots, imbéciles, débiles, inadaptés… L'évolution de ce vocabulaire spécifique signe la transformation des mentalités mais aussi la permanence d'un noyau dur, toujours présent dans les strates refoulées de l'inconscient collectif, à l'égard d'une population en mal d'être nommée positivement. Le danger de "labellisation" et de délimitation de la marginalité transparaît dans la dépréciation rapide des termes. La notion "d'échec scolaire", beaucoup usitée dans les années 80, est déjà devenue péjorative. Elle est masquée aujourd'hui dans une circonlocution d'une efficacité éphémère : "élèves en difficulté". Cette expression est aujourd'hui largement critiquée et risque d'être abandonnée au profit de la notion d'élèves à besoins éducatifs particuliers.