3. 3. Le savoir dévoyé

Qu'est-ce que le savoir ? Cette question occupe la réflexion et l'étude des chercheurs de toutes les sciences humaines : philosophes, épistémologues, psychologues, praticiens de l'éducation etc. C'est dire que toute réponse ne peut être que parcellaire et soumise à un travail constant de clarification.

Le terme savoir vient du latin vulgaire sapere, avoir de la saveur (en parlant des choses) et avoir du goût, du discernement (en parlant des gens), qui, au IXème siècle, a éliminé le latin classique scire, savoir, à l'origine du mot science. Etymologiquement, le mot savoir contient une double approche sémantique construite à partir d'une personne qui en fait l'expérience et de la société qui l'érige en disciplines. Aujourd'hui, sur un plan épistémologique, la notion de savoir parcourt ces deux significations distinctes. Selon J.M. Barbier 415 , la première acception recouvre des connaissances objectivées, c'est-à-dire des contenus transmissibles extérieurs aux individus. Elle correspond à la totalité des informations disponibles stockées dans les livres, les bibliothèques et les banques de données actuelles permettant de comprendre le monde. La seconde acception considère le savoir dans sa dimension de connaissances individuelles, indissociables du sujet. Détenu par une personne en particulier, ce savoir partiel se décline sous forme d'attitudes, capacités, compétences, aptitudes, expertise professionnelle etc. ce que J.M. Barbier nomme les "composantes identitaires" 416 de l'individu.

Appliqué aux pratiques de réseau dans le champ scolaire, le savoir conjugue les connaissances extra-individuelles et individuelles. Les unes renvoient à des apports extérieurs que chaque professionnel doit saisir, intérioriser, traiter et transformer pour les faire siennes. Les autres, construites par le sujet et validées par l'action peuvent présenter des conséquences néfastes en cas d'utilisation déplacée.

Notes
415.

BARBIER J.M. (1996) Savoirs théoriques et savoirs d'action Paris, PUF, p. 9 et suivantes

416.

Ibid. p. 9