Entretien E11 Rosine

Age : 50 ans

Profession : IEN AIS

Diplômes : DEA de psychologie (86)

Rosine : cursus professionnel (cf. légende profils de carrière A1 pp. 43-44)
Rosine : cursus professionnel (cf. légende profils de carrière A1 pp. 43-44)

Lieu de l'entretien : Centre de formation

Durée de l'entretien : 1 heure 25 minutes

Quels sont les 5 mots qu'évoque pour vous l'expression "enfants en difficulté " ?

Difficultés psychologiques, sociales, affectives, comportementales... développementales.

Pouvez-vous préciser le choix de chaque terme ?

Qu'est-ce que vous voulez précisément ? Parce que je ne vais pas vous faire un cours... C'est un peu difficile... Il me semble que c'est assez explicite comme ça...

Est-ce que vous pouvez retrouver le visage d'un enfant en difficulté scolaire que vous avez eu l'occasion de rencontrer dans votre vie professionnelle et présenter brièvement la situation ?

Difficile, je vois 1700 dossiers par an...

Vous choisissez un enfant que vous avez rencontré...

Des dossiers pour lesquels on est un peu démuni, ce sont les enfants psychotiques... Ils sont déscolarisés... J'hésite entre deux types d'enfants... Soit des enfants en difficulté psychologique grave pour lesquels l'Education Nationale n'a pas trop de réponses, soit des enfants délinquants, non scolarisés. On a dans le département 200 enfants non scolarisés en raison de leurs problèmes de comportement et d'inadaptation sociale.

Est-ce que vous pouvez camper brièvement une situation particulière, citer les émotions qui vous animaient face à lui et décrire une action particulière conduite pour tenter de remédier à cette situation ?

Pour le premier versant, c'était un enfant qui était dans un collège pour lequel on a fait un projet d'intégration qui n'a pas abouti parce qu'il a eu des délires psychotiques qui l'ont conduit à des passages à l'acte qui ont mis en danger d'autres enfants et donc on s'est trouvé démuni parce que sur le département, il n'y a plus d'accueil dans les hôpitaux psychiatriques, sauf en hôpital de jour. Quand il n'a pas de crise, cet enfant étant intelligent peut suivre une scolarité, mais ses passages à l'acte l'ont conduit à une déscolarisation. Donc on a essayé de mettre en place un enseignement par le CNED et avec un institut privé en sachant bien qu'il y avait beaucoup de limites à la mise en place de ce fonctionnement. Ce ne sont pas des enfants, ce sont des adolescents puisque moi, je suis chargé d'adolescents. Quant à l'autre versant, c'est un enfant délinquant qui a des problèmes de comportement et de violence avérée mais habitant dans une partie du département où il y a peu de ressources de type SSESAD par exemple ou d'établissement pouvant le prendre ne charge. Or la famille et l'enfant sont hostiles à un placement. Le juge pour enfant a fait une main levée, donc on se trouve avec un adolescent déscolarisé, gravement en danger, qui a voulu mettre le feu dans le collège, qui a eu des passages à l'acte nombreux etc., et pour lequel il y a peu de possibilités. Tout le monde s'est retiré d'une prise en charge difficile.

Et comment réagissez-vous dans ces situations-là ? Qu'est-ce qui vous anime alors ?

Bon, on a essayé de relancer l'affaire auprès du procureur. Il m'a gentiment répondu que si le juge avait pensé qu'il ne pouvait pas travailler avec la famille, il fallait accepter de ne pas trouver d'interlocuteur, parce qu'on avait essayé de proposer une démarche un peu bâtarde, qui avait au moins l'avantage de ne pas laisser complètement l'enfant sans aide, mais il nous fallait un médiateur parce que c'était au bout du département et nous on comptait sur le médiateur de justice pour relancer un dispositif d'intégration qui n'a pas abouti faute de médiateur. Comment réagir ? Je pense avoir fait mon travail en mon âme et conscience et que c'est tout, je ne peux rien faire de plus. Il faut savoir s'arrêter.

Est-ce que vous pouvez évoquer un enseignant face à un enfant en difficulté dans sa classe ?

C'est pareil, j'en vois tous les jours...

Vous en choisissez un...

Les enseignants qui sont en difficulté face aux enfants le sont par ignorance, par manque de formation et d'information, par méconnaissance du développement de l'enfant. Ils le font, en discutant avec eux, on voit bien, ils sont limités dans cette absence de curiosité. Pour les aider à prendre en charge l'enfant, il y a le conseil : "Vous allez prendre en charge cet enfant, vous allez faire de la pédagogie différenciée, faire de la pédagogie adaptée, faire des choses plus faciles etc... mais comme derrière il y a un grand vide, ça va être forcément très empirique, pas très ajusté parce qu'il manque des référents théoriques. Ce vide ne permet pas à l'enseignant d'avoir un ajustement pédagogique fin. Il va faire au mieux. Il va essayer de faire plus simple, c'est tout.

Quels sont les 5 mots qu'évoque pour vous le sigle RASED ?

Réseau d'aides spécialisées aux enfants en difficulté...

Et si on ne s'arrête pas exclusivement au sens des initiales ?

Je ne sais pas... distorsions, dysfonctionnements, pseudo-psychanalyse, absence d'intégration... scepticisme...

Pouvez-vous préciser un peu ?

J'ai vu tellement de distorsions... et de dysfonctionnements, en ayant été moi-même psychologue, en ayant vu des rééducateurs fonctionner en faisant des choses tellement... par exemple du dépistage à partir des horoscopes chinois... (rires) Bon... et puis de la pseudo-psychanalyse quand on n'a pas soi-même suivi un enseignement et un travail personnel, ça m'a paru assez inadapté. Et même de la part de certains psychologues aussi je pense qu'il n'y a pas une intégration réelle de leurs actions dans le système éducatif. Je ne fonctionnais pas comme ça, c'est pour cela que je suis à l'aise pour en parler, la demande c'est un cheminement, c'est un accompagnement, c'est une aide apportée aux personnes pour que la demande puisse émerger. Quand on se met dans une position où l'on attend que la demande soit formulée d'elle-même, je pense qu'on n'est pas dans une position d'aide. Après avoir fonctionné dix ans en réseau et après avoir vu fonctionner mon réseau je suis assez sceptique en ce qui concerne l'aide que peuvent apporter les réseaux d'aide. Et je dirais que je serais plus pour un travail à la vacation.

Vous pouvez expliquer davantage ?

C'est-à-dire qu'on passe un contrat de travail comme on le fait par exemple dans le cadre des centres scolaires pénitentiaires. Il n'y a pas de réseau d'aides en prison, (...) on travaille avec du personnel vacataire, pas au niveau des enseignants mais au niveau des personnes d'aide. Il y a des psychologues, des assistantes sociales qui travaillent à la vacation, c'est-à-dire qu'on passe un contrat de travail avec eux. Et donc le contrat étant clair, par exemple le dépistage est systématique, on positionne les personnes à leur arrivée en centre pénitentiaire à la fois dans leurs difficultés personnelles et dans leurs difficultés pédagogiques et ensuite on adapte des aides. Pour la psychologie, il y a des entretiens ou pas mais au moins d'emblée il y a des éléments qui permettent de connaître les personnes, de ne pas faire l'impasse sur des difficultés à détecter de façon précoce. Or il y a eu tout un abus où cet aspect prévention n'a pas joué son rôle au niveau de l'Education Nationale. Il y a eu des dérives, je pense même que c'est une absence de responsabilité parce que quand on sait que ces enfants souffrent... ou alors on croit qu'on souffre ou qu'on est en échec parce qu'on le veut... C'est un manque de responsabilité des personnels quand ils agissent comme ça... C'est pour ça que je préférerais travailler avec des gens dans le cadre d'un contrat de travail de vacation avec une mission explicitée.

Pouvez-vous présenter brièvement la dernière inspection de réseau que vous avez réalisée avec du personnel spécialisé soit E, soit G ?

J'en ai eu de très brillantes, j'en ai eu une catastrophique, mais ce n'était pas du personnel spécialisé, il faut savoir qu'actuellement il y a pas mal de personnel non spécialisé qui occupe des postes dans les réseaux par exemple. Là c'est sûr que ça a été catastrophique. C'est une jeune PE2 à qui on a confié un mi-temps d'adaptation et qui n'est pas dans la pédagogie adaptée. Elle démarre son apprentissage, il lui manque plein de bases, c'est catastrophique, mais ce n'est pas un personnel spécialisé. Mais les dernières, ça remonte à quatre ans. Là j'avais un farfelu, un rééducateur en psychomotricité qui était féru de psychanalyse mal digérée alors ça tombait mal parce que comme j'étais vice-présidente de l'association de psychologie du Sud-Est, je n'étais pas trop mal placée, j'avais une petite amorce de ce que pouvait être la supervision clinique, c'était vraiment des notions très mal... c'était absurde, ubuesque... Je lui ai fait son inspection et je lui ai dit ce que j'en pensais... C'est tout. Il n'a pas été content mais pas plus que ça. S'il voulait utiliser la psychanalyse, il faudrait qu'il se soumette lui-même à une analyse, il verrait que la démarche en elle-même est déjà assez coûteuse, que ça demande tout un accompagnement. Et puis il avait sans doute beaucoup plus de choses à faire plus intéressantes dans l'école pour aider les enfants. C'est une dérive qu'on retrouve souvent chez les anciens rééducateurs en psychomotricité, qu'on devrait maintenant moins voir puisque les rééducateurs sont regroupés sous un terme plus générique de rééducateurs et qu'il n'y a plus la dichotomie RPP/RPM.

Vous parliez aussi tout à l'heure d'actions ou de prises en charge très brillantes...

Oui mais ce n'était pas en réseau. C'était dans une autre option, dans les centres scolaires pénitentiaires. Là on trouve des gens motivés qui croient encore en leur mission, qui savent créer, tisser... avoir des attitudes relationnelles pédagogiques qui restaurent à la fois la personne et qui ne négligent pas pour autant les apprentissages. Donc c'est ce que j'appelle avoir un comportement à la fois éducatif et pédagogique valorisant. Il faut utiliser les outils que l'on a, que l'on maîtrise. Je trouve qu'au niveau de la formation, les rééducateurs ne sont pas suffisamment formés, alertés par rapport aux dérives liées aux prises en charge relationnelles et que souvent ils manquent d'analyses transférentielles et contre-transférentielles. Donc forcément ça dérive...

A partir de ce que vous avez pu observer sur le terrain, comment définiriez-vous le travail du maître E et celui du maître G ?

A partir de ce que j'ai vu ? Pas à partir de ce que je souhaite ?

Les deux si vous voulez...

Je pense qu'il faut dissocier le travail d'un rééducateur en CMP ou CMPP...

Je préfère rester sur les RASED qui sont des dispositifs communs à toutes les circonscriptions...

C'est difficile parce que je ne les sens pas solides au plan théorique. Ils ne sont pas assez solides et pas assez curieux. C'est-à-dire qu'ils n'actualisent pas leurs connaissances. Or la connaissance en psychologie va vite même si elle met 20 ans pour arriver dans les écoles. Très franchement je ne suis pas très favorable au rôle du RASED dans les écoles. Je vous l'ai dit, je préfèrerais travailler avec des gens qui soient plus clairs et qui prennent, qui articulent les contraintes institutionnelles et les contraintes de prise en charge de la personne... parce qu'on est dans l'école, ce n'est pas une institution anodine, elle a des missions d'éducation et d'enseignement. Donc il faut tout en restaurant la personne humaine, en la revalorisant, en lui redonnant une identité personnelle, une plus grande confiance en elle, il faut quand-même qu'ils associent, qu'ils les rabibochent avec ce qui est de l'ordre des apprentissages. Et souvent le détour est tellement détourné pendant longtemps qu'il y a un objectif qui est perdu de vue. Si le détour est absolument nécessaire, il faut quand-même toujours garder ce double objectif par rapport aux missions de l'école. Et ça je trouve que c'est un peu perdu. Quant aux maîtres E... d'abord je trouve qu'on a fait une grave erreur de trop spécialiser les gens, ça va à l'encontre d'une prise en charge globale. Quand j'ai passé mon CAEI, on avait plus d'exigences lors du passage du CAEI, on avait des doubles dossiers, dans deux champs de connaissance et ça ne m'a pas du tout gênée de passer de l'hôpital, à la classe d'adaptation et à la SEGPA. Je n'avais pas besoin d'être hyper spécialisé si ce n'est qu'entre temps j'ai démarré des études de psychologie parce que ma formation ne m'avait pas suffisamment donné d'éléments pour aider à la prise en charge de grands adolescents entre 14 et 25 ans en hôpital psychiatrique. Là il y avait un déficit au niveau de la connaissance psychiatrique, c'est comme ça que j'ai démarré mes études en psychologie mais sinon, cette différenciation entre maître E, maître G, pour moi, je la trouve inadaptée. Si on a une mission claire sur les deux versants à la fois (insiste), restauration de la personne et restauration scolaire, on a compris pour moi les missions essentielles et des maîtres d'adaptation et des rééducateurs.

Est-ce que vous pourriez alors imaginer une seule fonction qui regrouperait ces aides à deux versants ?

C'est dans la... diversité de prise en charge que ça doit s'articuler, c'est-à-dire qu'il y a des moments on a intérêt, pour l'enfant, à le prendre en situation duelle, il y a des moments on a intérêt à le prendre en situation de petit groupe ou dans des situations en plus grand groupe avec huit enfants par exemple, il y a des moments où on a intérêt à travailler avec le maître dans la classe. Donc c'est là que ça doit s'articuler. L'apport du rééducateur... je le vois, ils sont démunis. On peut demander aux gens de donner des choses s'ils ont des choses à donner. Mais s'ils ne les ont pas ? Si derrière, il n'y a pas de connaissances, de recherches dans différents domaines, psychologie du développement, psychologie clinique, psychologie sociale, ils ne peuvent pas apporter. Ils sont forcément limités. Je pense que c'est au niveau de la formation, la formation doit être solide et après c'est s'adapter à la problématique de l'enfant, ça signifie savoir faire un projet de travail en différenciant les étapes, en se disant "c'est nécessaire que je le prenne seul pour telle activité, en petit groupe, en grand groupe pour telle autre ou que je l'aide dans la classe en travaillant avec l'enseignant". C'est plus dans les modalités de prise en charge, avec un aspect solide de connaissances à la fois psychologiques et didactiques. Et même en didactique ils sont faibles...

Est-ce que pour l'instant vous privilégiez les E ou les G ?

... Si on me demandait par exemple dans ma circonscription... Je ne prendrais que des E.

Vous pouvez expliquer pourquoi ? .

Pourquoi ? Eh bien... au moins la mission éducative et scolaire reste présente et que si derrière il y a quelque chose qui est solide ils sauront travailler - si, on est dans l'idéal, on n'est pas dans la réalité. Dans la réalité j'ai le regret de dire que c'est assez pauvre - Avec des gens très bien formés au plan didactique, psychologique, s'ils ont un réel sentiment de leur mission et une réelle compréhension de ce que c'est que l'aide à apporter à quelqu'un qui est en difficulté, ils sauront trouver. Tandis que les rééducateurs ont une crise d'identité, ils sont dans la construction de leur identité, ça a été le problème aussi pour les psychologues et donc quand on est dans sa propre crise identitaire on n'est pas disponible pour aider l'autre. Il faut déjà avoir dépassé son problème d'identité, il faut avoir conçu un système de représentation de ses missions dans un contexte institutionnel. Je veux dire que quand on travaille à l'école c'est une chose, quand on travaille en prison c'en est une autre. Il y a des contraintes liées au lieu dans lequel on travaille. Il faut donc intégrer ces contraintes-là et ça demande une certaine maturité personnelle.. ça demande de faire des deuils sur des choses qu'on s'imaginait, qu'on a envie de faire, donc on déplace le problème de la construction de son identité personnelle à l'aide à la construction de l'identité de l'autre. Est-ce qu'on peut acquérir cette maturité en formation ? Avec un an de formation ? Avec une formation personnelle ? etc. …

Quelles sont les différences entre le travail du maître généraliste et celui du maître E?

... La différence, elle est essentiellement dans la formation puisque c'est une formation plus large qui va permettre d'identifier les obstacles que rencontre l'enfant dans les différents plans affectif, psychologique etc., et mettre du sens sur ces obstacles et proposer des situations de détour mais que ce ne soit pas un grand tour, le tour du monde et après on ne sait plus où on est... Les deux sont chargés de faire de la pédagogie certes mais il faut se resituer par rapport à la formation actuelle des maîtres. Il faut savoir que le module relatif aux enfants en difficulté dans les IUFM n'est pas un module obligatoire. C'est un module facultatif présenté souvent vers la fin de l'année pour des personnes volontaires. Il y en a donc quelques unes mais sur un court temps de formation, au mieux d'une semaine, au pire d'une demi-journée. Pour moi, ce n'est pas de la formation, c'est de l'information. Pour moi, c'est un problème de formation. Je pense que tous les maîtres devraient être formés à la prise en charge des enfants en difficulté. Et donc ça ne se poserait plus en ces termes puisque les maîtres dits spécialisés, les maîtres des réseaux, auraient à travailler sur des obstacles résistants, donc avoir une formation beaucoup plus approfondie dans les domaines didactiques, dans les domaines de construction de la personne, avec l'aide du psychologue parce que dans les réseaux vous revenez toujours aux maîtres E et G, mais je vous rappelle que dans les réseaux, il y a un psychologue et qu'il devrait travailler en synergie avec les deux autres et éclairer les différents aspects psychologiques, les aider à dépasser les obstacles, aider à la formation, à la re-dynamisation des personnes qui ont en charge les enfants en difficulté. Il faut les accompagner, leur donner des pistes de travail, il faut travailler en collaboration pour avoir des possibilités d'échanges sur des éléments qui soient propres aux uns et aux autres et je pense qu'il y a une partie de la formation qui devrait aussi être donnée pour traduire les aspects explicatifs liés aux difficultés dans un discours assimilable par les enseignants. Et ça n'est pas donné dans la formation. Donc on se trouve face à des gens qui parlent des discours différents, on dirait qu'ils parlent des langues étrangères... ça ne peut pas fonctionner... Et comme on dit toujours que c'est celui qui en sait le plus qui doit se mettre à la portée de celui qui en sait le moins dans la formation, il devrait aussi y avoir une part de "Comment je peux parler avec des gens qui n'ont pas le même discours que moi tout en les aidant à comprendre les choses et en les aidant à dépasser les obstacles relationnels ou pédagogiques avec ces enfants...?" ça, ça n'existe pas, il reste donc ça aussi à travailler...

Est-ce qu'il y a des différences de clientèle pour les maîtres E ou G ?

Ah oui, j'ai tout vu... Il y a ceux qui disent : "On ne prend en rééducation que ceux qui sont rééducables et on met en classe d'adaptation ceux pour lesquels on a peu de chance d'obtenir quelque chose". Déjà d'emblée pour moi c'est une grande dérive... Comment peut-on dire ça quand on est chargé de l'aide. Si on me dit : "Je ne prends que celui pour lequel je sais faire quelque chose", ce n'est pas la même chose parce que l'on parle de soi, de son incomplétude, de son impossibilité à apporter un certain nombre de réponses. Mais quand on me dit : "Ceux-là on ne peut pas, il ne faut les prendre qu'en pédagogie parce que pour le reste on n'y arrivera pas, ils sont trop en retard, ça me paraît grave...

Est-ce qu'il y a des critères d'âge ?

Là aussi, j'ai vu des fonctionnements différents selon les moments. Il y a des rééducateurs qui se sont dit : "On va travailler uniquement dans le cadre de la prévention à l'école maternelle, on n'interviendra pas à l'école élémentaire". A l'école élémentaire, les enfants étaient pris en regroupement ou en classe d'adaptation. Après, dans la circonscription, je leur ai demandé d'intervenir à tous les niveaux à partir du moment où il y avait un enfant en difficulté, chacun devait se mobiliser quel que soit le niveau, il y a un enfant en difficulté, le directeur doit signaler l'enfant en difficulté, remplir une fiche de liaison que j'ai fait faire, comme ça, ça évite "Oui, mais je lui ai dit, il n'est pas venu..." Le cas est identifié, le maître doit dire ce qu'il peut faire et le réseau doit étudier le problème et ensuite faire une proposition, soit en classe, soit en regroupement d'adaptation, soit une prise en charge rééducative qui peut aller de la maternelle au CM2. Il n'y a pas d'exclusion. Pour moi, le RASED aide les enfants en difficulté. Point.

Quand je dis maître E quels sont les cinq mots qui vous viennent à l'esprit ?

... Adapter, comprendre, proposer, analyser... et construire des projets. Je dirais la même chose pour les rééducateurs, mis à part que pour les rééducateurs il y a la notion de ré-éducation donc à la fois un obstacle, une ré-adaptation... c'est une nouvelle chance. Mais pour moi la classe d'adaptation, elle a la mission d'adapter donc si c'est mal fait... on doit revoir des choses, que ce soit en classe d'adaptation ou en rééducation. Rééduquer, c'est comprendre les obstacles aux différents niveaux et donc proposer des solutions pour dépasser les obstacles. On n'est pas que dans la compréhension, on est dans la proposition d'action et dans la remédiation de ces difficultés. Donc ça suppose beaucoup de connaissances et beaucoup d'interactions avec les enseignants, mais aussi avec l'équipe de circonscription. Dans une autre circonscription que j'ai eue, les actions qui marchaient le mieux, c'étaient celles-ci, celles qui étaient l'émanation d'une équipe qui se pose des questions et qui trouve des réponses.

Si un jeune professeur des écoles intéressé par un poste en réseau vous demandait conseil, que lui diriez-vous ?

Je lui dirais d'être au clair d'abord... Je lui demanderais comment il voit ces missions, je m'assurerais qu'elles soient bien situées dans le cadre rééducatif... dans quel cadre il souhaite les exercer, parce qu'il pourrait très bien les exercer dans un autre champ et puis... Je lui demanderais s'il est curieux, s'il a déjà exploré différentes pistes et s'il ne l'a pas fait encore, je l'encourage à faire beaucoup d'études dans différents domaines.

Quelle est la typologie des tâches effectuées par le RASED ?

Le dépistage, la prévention, l'aide, la rééducation, la coordination, l'échange... ça manque beaucoup, les réunions de synthèse ne sont pas vraiment des échanges, ils ne creusent pas la difficulté, c'est assez empirique... Je ne vois pas ce que je peux vous dire de plus dans leurs tâches.

Existe-t-il des évaluations de résultats ?

Ils ont des évaluations de leur projet... Par rapport à leur projet de travail, leur calendrier de prise en charge, par rapport au temps de suivi, par rapport à la collaboration qu'ils ont ou non mis en place avec les maîtres... C'est là-dessus que porte l'évaluation de leur travail... Le nombre d'enfants par an bien sûr parce que s'ils en prenaient trois par an je trouverais ça un peu fort.. Il y a un aspect quantitatif et puis un aspect qualitatif dans leur travail. Il y a un aspect mise en place, les outils qu'ils utilisent, on évalue leur travail par rapport à ça, mais la question des signalements - il faut dire que j'ai une circonscription d'un assez bon niveau puisque les évaluations de CE2 sont au-dessus de la moyenne nationale, donc les enfants qui sont signalés ne sont pas de vrais cas, qui relèveraient d'une rééducation. Sur la circonscription, il y a une dizaine d'écoles et il y a peut-être deux enfants qui sont orientés en SEGPA... C'est quand-même peu. Pour avoir vu les enfants qui posaient problème, ce sont vraiment de "légers bobos"... Avec un sparadrap et un peu de poudre à perlin pimpin ça marcherait aussi bien...

Comment concevez-vous votre rôle au sein des RASED ?

Au niveau du RASED... Quand j'étais dans un autre département j'en avais plus et ce n'était pas pareil. On avait des réunions plus fréquentes, des orientations qui étaient données par la circonscription. La circonscription étant beaucoup plus grande, la population était plus diversifiée, donc il y avait des enfants en réelle difficulté sur différents plans. Donc, on définissait ces difficultés, des modalités de dépistage, le travail qu'il y avait à faire dans le cadre d'accompagnement des classes, des élèves par groupe et individuellement. Et il y avait des thèmes de recherche qui étaient donnés chaque année : une fois sur le langage, sur le développement psychomoteur etc., et tout le monde travaillait, les rééducateurs et les psychologues. Là ma mini circonscription et du fait de la population très spécifique on se réunit, on fait ce travail de coordination, où je leur demande leurs outils, où on analyse ce qu'ils ont fait... On ne peut pas parler de dépassement des difficultés puisqu'en fait ce ne sont pas de vraies difficultés...

Quel temps y consacrez-vous ?

Il y a trois réunions par an, trois demi-journées par an.

Quelle importance accordez-vous à ce travail ?

L'importance que j'accorde à toutes les autres tâches... Dans la mesure où les difficultés ne sont franchement énormes, il n'y a pas besoin de faire un travail très construit... Dans mon autre circonscription, ce n'était pas pareil. On avait des réunions plus fréquentes puisqu'il fallait que chacun recueille des informations, qu'on travaille sur l'outil, la construction de l'outil etc. Tandis que là, dans la mesure où c'est parce qu'on ne peut pas laisser une circonscription sans aide, sinon il y aurait des discriminations (rires)... entre les circonscriptions... Dans ma petite circonscription ordinaire on a mis en place ce travail de liaison parce qu'il y avait une espèce de jeu entre les responsables des écoles, les directeurs, les enseignants et les rééducateurs, on me disait : "ils ne viennent pas..." J'ai dit alors : "il viendra, on va officialiser la chose", il a un papier, c'est donné, on contrôlera, je ferai le compte des signalements, des prises en charge... Tout ça, ça a été mis à plat sur la table. C'était le seul problème... (...) Etant vraiment qu'il y a vraiment très peu de problèmes, mis à part les 3 ou 4 projets d'intégration mais là puisqu'on travaille avec des partenaires extérieurs tout est bien cadré, les projets d'intégration sont définis, il y a une forme, des modalités de prise en charge dans le temps scolaire et avec les partenaires extérieurs qui sont bien explicités. Donc le réseau est là pour aider quand les autres partenaires ne peuvent pas intervenir. Ils ne sont pas submergés de travail dans cette circonscription.

En ce qui concerne les départs en stage de préparation au CAPSAIS E et G, quels sont les critères de sélection des candidats ?

Pour G, avec un avis favorable de ma part, des gens sérieux, travailleurs, curieux, qui ont déjà réussi dans la recherche et la mise en place de solutions pour venir en aide vraiment aux enfants en difficulté c'est -à-dire il faut qu'ils aient déjà en quelque sorte fait leurs preuves dans leur cursus ordinaire avec les petits problèmes qu'ils ont rencontrés, si en plus ils ont déjà fait - quand je dis curiosité, ce n'est pas seulement interne à l'école mais externe - la démarche nécessaire pour approfondir leurs connaissances etc. pour moi ce sont des critères positifs de motivation pour ce type d'emploi. Si vraiment ils sont en très grande difficulté dans leur classe, qu'ils sont débordés par les enfants et qu'ils n'arrivent pas à les contenir... non... Ce ne sont pas les incapables qui vont dans les réseaux. (...) Ce personnel doit être très bien formé et avoir non seulement l formation de l'Education Nationale mais une formation personnelle au-delà parce que ce n'est pas avec la formation Education Nationale qu'ils arriveront à être de bons maîtres E ou de bons maîtres G.

Pouvez-vous citer les 3 livres ou auteurs principaux recommandés lors de la formation E ?

Je ne peux pas répondre. Je ne fais pas de formation E, ni G. Je ne fais que de la formation F.

Existe-t-il une différence professionnelle perceptible entre enseignants E et G formés en stage et candidats libres ? Laquelle ?

Sur ma circonscription, je n'ai jamais eu de candidat libre.

Quels sont les cinq mots qu'évoque pour vous la réussite à l'école ?

Bonnes notes, équilibre... curiosité... et être vivant.

Pouvez-vous expliquer le choix de ces termes ?

Il faut un enfant qui réussisse, qu'il ait de bonnes notes, on ne peut pas être heureux si on n'a pas de bonnes notes, c'est un bon indicateur de réussite scolaire... qu'il soit équilibré personnellement, qu'il ait un bon équilibre psychologique et social, qu'il ait des camarades, qu'il aime jouer, qu'il s'intéresse à des activités mais qu'il réussisse scolairement, qu'il sache lire, écrire, compter, qu'il ait des curiosités, qu'il aime lire, qu'il ait des idées, qu'il soit vivant quoi...

Comment voyez-vous l'avenir des RASED ?

... (soupir) Je ne saurais pas dire comment je pressens l'avenir... Je sais ce que je souhaite, ce que je ne souhaite pas... Maintenant comme notre ministre ne m'a pas fait de confidences concernant le devenir des réseaux... Moi je souhaite travailler avec des professionnels qui ont une claire conscience de leur mission à partir d'un contrat de travail passé dans une institution spécifique.

Donc ça signifie la suppression des réseaux ?

Oui, moi, ça ne me gênerait pas... Mais en revanche, avoir des contrats de travail passés dans une optique institutionnelle Education Nationale. Etant donné que je travaille dans les Centres pénitentiaires, on voit que là on a passé un contrat de travail dans une autre optique. Et là les gens se prêtent assez volontiers à faire leur projet, à définir un calendrier, à expliciter ce qu'ils vont faire, ça leur paraît... La clarté et la transparence de leurs modalités de travail créent un climat de confiance et une recherche de compétences... parce que si on sent qu'ils ne sont pas compétents, on n'est pas obligé de les garder... Alors que là, bien que fonctionnaire, je n'ai pas l'esprit fonctionnaire. Il faut toujours faire la preuve qu'on est utile aux enfants et quand on est utile à soi-même, je pense qu'il faut faire autre chose...

Comment considérez-vous la place et le rôle des aides à l'école ?

Des aides ? Chacun à son niveau doit pouvoir apporter une aide. Il y a des aides à l'école, il y a une absence de méthodologie, il y a une absence de compréhension de ce que c'est que l'apprentissage. Les gens à l'école fonctionnent sur des modalités empiriques. Ils refont ce qu'ils ont vu ou ce qu'ils ont fait mais derrière, il n'y a pas de compréhension des procédures, des processus d'apprentissages, il n'a pas de compréhension des obstacles didactiques... Si les maîtres avaient ça dans leur formation, sans doute qu'il y aurait vraiment besoin de prises en charge rééducative pour des enfants très résistants à des difficultés très installées pour des raisons bien identifiées et il y aurait besoin de moins de rééducateurs au sens d'une prise en charge particulière... Les aides à l'école c'est l'aide à l'enfant, à la famille, à l'instauration de relations de confiance parce qu'il y a des familles démunies mais aussi inefficientes... Parent, ce n'est pas un métier... Les gens sont confrontés à cette situation et ils font face comme ils peuvent et le travail de l'école , à mon avis, ce doit être un travail de vrai professionnel. Or, il n'y a pas encore une véritable formation professionnelle pédagogique, d'où un nombre important de difficultés constatées mais c'est par absence de compréhension, par absence de connaissances par rapport au développement de l'enfant, développement cognitif, développement affectif, par absence de compréhension de didactique au moins dans les disciplines fondamentales parce que ça éviterait des erreurs... J'ai vu des choses tellement catastrophiques, ce qui fait qu'on attribue finalement à l'enfant un certain nombre d'échecs qui relèvent de l'incompétence de la profession. Il faudrait qu'enseignant ce soit vraiment un vrai métier, non pas un nouveau métier... un vrai métier. Quand enseigner ce sera un vrai métier, et ce n'est pas uniquement pour l'élémentaire, c'est vrai aussi au collège, les enseignants ne savent pas enseigner, ils ont une culture, une connaissance de leur discipline mais ils ne savent pas forcément enseigner c'est-à-dire transformer le savoir savant en savoir pour l'enfant de façon à l'aider à apprendre... Et donc on se trouve confronté à une multitude de difficultés à gérer parce que ce n'est pas encore un métier.

Avez-vous d'autres remarques à formuler sur les aides spécialisées à l'école ?

La remarque que j'aurais à formuler par rapport au réseau d'aide c'est que vous avez centré uniquement votre travail sur les maîtres, sur les enseignants et donc vous avez amputé le réseau. D'ailleurs dans votre questionnaire, n'apparaît pas le rôle des réunions de synthèse, le rôle du travail en équipe.

C'est une position délibérée dans la mesure où j'essaie de savoir si c'est important ou non, si ça apparaît spontanément ou non. Lors de l'évocation à propos du sigle RASED, la notion d'équipe, de collaboration apparaît ou n'apparaît pas...

Oui, mais justement ce n'est pas un travail de réseau...

Effectivement la notion de réseau n'apparaît que si c'est vraiment une priorité, quelque chose d'essentiel...

Oui mais il n'y a pas que ça, il y a le travail de collaboration avec les enseignants, je ne sais pas, c'est pour ça que ce n'est pas un vrai réseau pour l'instant. Ce sont des personnes qui travaillent, qui font leur tâche le mieux qu'ils peuvent avec les moyens qu'ils ont, quand je dis que c'est une absence de formation personnelle et que ça doit être un vrai métier, de vraies connaissances etc., c'est qu'il faut aller au-delà, apprendre à travailler en équipe, dans le sens de "Qu'est-ce que moi je peux apporter en tant que personnes ressources ?" Si je suis vraiment un réseau d'aides, on travaille donc en relation, c'est-à-dire reliés et aide, c'est-à-dire moi avec les ressources que j'ai "Qu'est-ce que je peux apporter ?" et si je sens que je suis un peu incomplet, je vais me renseigner pour essayer d'apporter quelque chose... et donc m'enrichir. C'est malheureusement ce volet qui est un peu amputé. Une fois qu'ils ont reçu cette formation, il semblerait qu'ils aient tout appris. Mais ce n'est pas possible. La connaissance change et il y a une grande diversité de connaissances qu'il faut mettre en réseau et quand il y a un obstacle, ça permettrait de l'aborder par différentes problématiques, soit relationnelle, soit didactique, soit psychologique...

Avez-vous déjà vu fonctionner des réseaux en réseau ?

Non. Je n'en ai pas vu. Quand moi-même je travaillais en réseau, il y avait une grande difficulté à travailler de la sorte, on faisait nos synthèses, tout ça c'était institutionnalisé donc on le faisait, mais c'était un rituel creux. On était très opposé sur les modalités de dépistage, j'étais fermement opposée à ce qu'on fasse un horoscope chinois avant de prendre un enfant, ou qu'on utilise la psychanalyse alors qu'on n'était pas suffisamment armé pour l'utiliser à bon escient et avoir au moins lu des ouvrages sur la psychanalyse, sa place et son rôle, dans quelle mesure elle pouvait s'ajuster etc., faire l'analyse de son contre-transfert, de son moi idéal etc. Ce n'était pas dépassé donc déjà on était dans une problématique un peu difficile, les enfants étaient pris en charge certes mais bon... Je travaillais bien en relation avec les maîtres, les familles, plus difficilement avec mes collègues dans la mesure où il y avait des obstacles déontologiques. Est-ce qu'on a le droit de faire ça ? C'est grave... J'ai revu ces personnes dix ans après, elles ont enfin compris qu'elles avaient fait des erreurs... Elles n'ont pu changer que parce qu'elles ont fait un travail personnel à ce moment-là. C'était une aide à l'extérieur. Il fallait qu'elles comprennent qu'il y avait des choses à changer dans leurs pratiques...

Une dernière question facultative... Pour quelles raisons êtes-vous devenu inspecteur?

Dans ma carrière, grosso modo, tous les dix ans je change... de point de vue. J'ai été à peu près dix ans enseignante, dix ans psychologue, après j'ai fait des études, le goût des responsabilités et le désir de faire changer les choses, sûrement. C'était lié à la problématique du changement. Je me suis dit que je pourrais peut-être mieux faire changer les choses en faisant ce travail de formation et d'accompagnement, ce qui n'exclut absolument pas le contrôle. Pour moi, j'ai toute une partie de ma formation liée à la problématique de l'évaluation et que l'évaluation et le changement sont des aspects très liés dans ma pratique d'inspectrice. Au niveau du projet, on a repris un accompagnement plus individualisé, certains on les a pris seuls, d'autres en groupe, d'autres en grand groupe de façon effectivement à personnaliser les aides. Ensuite on a fait des formations au plan théorique sur ce qu'était l'évaluation, qui n'était pas du tout comprise, ils pensaient que c'était eux qui étaient notés, il fallait déjà leur faire comprendre que les notes avaient une valeur relative parce que par exemple quand on dit : -"Cet élève il est faible, très faible…" - "Alors quelle moyenne a-t-il en sixième?" - "Oh, il a dix ou onze"... Il a fallu repartir de la docimologie, de la relativité des notes, de voir par rapport à la classe, par rapport aux évaluations nationales... Mais on était très opposé aux évaluations nationales parce qu'après on allait être moins bons ou meilleurs... Il y a toute une culture de l'évaluation, de l'accompagnement des enfants, tout ce qui concerne la méthodologie - autour des études dirigées, il y a tout un travail -... Il a fallu les aider à comprendre ce qu'était un cycle, comment on pouvait apprendre sur trois ans... Tout ça, c'est un accompagnement qu'on retrouve dans son métier d'inspecteur... Quand on est inspecteur on a davantage le pouvoir d'impulser parce qu'il y a un projet de circonscription donné à l'inspecteur d'académie et on doit évaluer les changements qui apparaissent autour de la construction des projets et la prise en charge des difficultés dans le regard des enseignants. Pourquoi fait-on redoubler 50 % d'élèves alors qu'ils ne sont pas si faibles que ça ? Il fallait donner un sens à ça... Ils avaient le souci de bien faire puisqu'ils voulaient que les élèves soient performants au collège... (...) Il fallait accompagner... On a donc une plus grande responsabilité de l'impulsion du changement quand on est IEN. Si on veut, on peut ne pas le faire... mais on peut aussi le faire...