Entretien E70 Marion

Age : 43 ans

Profession : Institutrice en classe de CE1 (24 élèves)

Diplômes : DEUG d'anglais, CAP d'instituteur

Marion : cursus professionnel (cf. légende profils de carrière A1 pp. 43-44)
Marion : cursus professionnel (cf. légende profils de carrière A1 pp. 43-44)

Lieu : salle de classe

Durée : 45 minutes

Quels sont les cinq mots qu'évoque pour vous l'expression "enfants en difficulté" ?

Lenteur... instabilité, là je parle plus du comportement, après c'est par rapport au niveau, enfant qui ne suit pas, qui n'arrive pas à comprendre donc mauvaise compréhension, un enfant qui lit mal.

Pouvez-vous développer plus précisément ces expressions ?

C'est vrai qu'avant tout ce que je remarque, c'est le comportement. Le niveau, on ne s'en aperçoit qu'au bout d'un moment et parfois le comportement masque le niveau. C'est vrai que tout enfant qui n'est pas capable de rester en place et d'écouter, qui n'y arrive pas, qui a une attention vraiment de courte durée, ça, ça me pose problème. Pour moi un enfant en difficulté c'est celui qui n'a pas beaucoup de possibilité d'écoute et d'attention... ça, c'est la première chose que je verrais. Ensuite celui qui bouge tout le temps et qui est aussi agressif. Du coup on sent qu'il n'est pas disponible, pas calme... Il y a une certaine violence qui s'exprime, celui-là aussi ça me pose problème... d'abord parce qu'il perturbe les autres en plus.

Pouvez-vous prendre un exemple d'enfant en difficulté dans votre classe et puis exposer ce qui se passait avec lui ?...

Un seul ? Alors on peut prendre Laurent... Déjà pour rester assis sur une chaise, c'est tout un problème. Il tombe, je ne sais combien de fois par jour parce qu'il se balance sur la chaise et donc il tombe ou bien il renverse plein de choses parce qu'il est... enfin il est maladroit sans être maladroit puisqu'en sport il se débrouille pas mal du tout. Il est capable de jongler mais par contre on gêne tout le temps, on renverse quelque chose, on gêne les voisins, on donne un coup de coude même sans le faire exprès, c'est un enfant très, très instable...

Et comment réagissez-vous ?

C'est épuisant de le voir mais c'est plutôt qu'on aimerait l'aider mais on est démuni, on ne sait plus comment faire parce que ce n'est pas de le dire une fois, deux fois, c'est l'impression... le fait de lui dire de rester calme, lui dire d'être calme ça ne l'aide pas du tout. Donc on se sent démuni. Ou bon d'accord une discipline draconienne alors là mais ça ne règlera pas vraiment le problème.

Est-ce que vous avez tenté des actions pour remédier à la situation ?

Je l'ai déjà signalé, voilà. Sinon chaque fois que c'est possible, on essaie de s'installer à côté de lui, parce que ça va quand même mieux si on est près de lui, tout ça, s'il est moins... sinon je n'ai pas essayé de l'isoler, j'ai essayé de l'isoler mais c'est sûr que pour les voisins c'était mieux mais pour lui non... Il se sentait un peu exclu et il faut arriver à le mettre à côté de quelqu'un qui supporte... Il n'y en a pas beaucoup dans la classe, il y en a un ou deux, qui supportent sa présence. Ils s'en plaignent de temps en temps. Par contre il y a aussi les conseils de classe qui ont permis de gérer un petit peu... On a noté qu'il y avait des progrès que Laurent, quand ça a été dit ça que ça allait mieux – on a un système "je félicite" – il y en a qui ont félicité Laurent parce que ça allait un petit peu mieux, là il était très flatté, ça l'a beaucoup touché quand même.

Pouvez-vous expliquer ce que c'est ces conseils de classe ?

Une fois par semaine, on se retrouve, on a un ordre du jour et ensuite on règle les problèmes de perte de matériel, les critiques de ce qui n'allait pas, on félicite aussi pour ce qui va bien. C'est vrai que j'ai senti qu'il était vraiment touché par ça...

Quand j'évoque maintenant le sigle RASED, quels sont les cinq mots ou expressions qui vous viennent à l'esprit ?

Aide, petit groupe, spécialisation, aide vis à vis des enfants et vis à vis de moi parce que j'avoue que ça me soulage de savoir que quelqu'un s'en occupe de ces enfants-là... compétences, ça va avec spécialisation... des choses que je ne suis pas à même de faire.

Pouvez-vous préciser davantage ?

Aide par rapport à moi qui ne peut pas très souvent dans la classe au milieu des vingt-quatre m'occuper de ceux-là en petit groupe, pas constamment parce qu'effectivement il faudrait presque tout le temps être à côté de Laurent ou d'enfants comme ça... Donc je sais qu'au moins pendant une heure on va s'occuper d'eux en particulier donc ça me soulage moi, et puis aussi parce qu'on en discute, on s'apporte... Je ne suis pas très, très compétente pour tout ce qui est... les enfants dyslexiques, les choses comme ça... Et puis je ne suis au cycle 2 que depuis peu de temps donc tout ce qui concerne la lecture c'est mon collègue qui s'en occupe, on est spécialisés...

Votre collègue, c'est la personne qui assure votre mi-temps ?

Non, ce n'est pas la personne qui assure le mi-temps, c'est la personne qui a le CP. Nous au CP/CE1 on est spécialisé. Le maître de CP fait la lecture au CE1 et le maître de CE1fait les mathématiques au CP, de manière à suivre les enfants sur deux ans. Donc la lecture au CP, c'est quelque chose que je ne connais pas. Je vois que Bernadette, cette année m'a beaucoup apportée, en discutant avec elle sur les problèmes de ceux qui sont en difficulté par rapport à la lecture, c'est intéressant. S'il y a une bonne relation, si on arrive à discuter des enfants évidemment... bon, il faut prendre le temps d'en parler mais...

Comment ça se passe ?

C'est vrai qu'il y a des réunions prévues pour ça mais ce qui est intéressant, c'est aussi des fois entre deux portes, d'en discuter quand elle vient de... elle a remarqué quelque chose, moi, je lui dis "tiens regarde cet exercice, t'as vu" et on en discute comme ça. C'est ce qui est intéressant... C'est plus ça je trouve parce que les réunions de synthèse, si on fait le point et on aiguille... on dirige et on prévoit la suite mais ce que j'aime bien, c'est au quotidien, la réussite et discuter de ça... partager.

Maintenant si je dis maître E quels sont les cinq mots qui vous viennent à l'esprit ?

... matières fondamentales, acquisitions, rattrapage... cinq mots ? retard... et équipe.

Pouvez-vous développer un peu ?

Il me semble que par rapport au maître G qui s'occupe plus du comportement, de faire évoluer l'enfant, là il faut qu'il y ait une meilleure concertation peut-être entre... par rapport aux contenus de l'enseignement. C'est peut-être moins dissocié, ça se rapproche plus... pas forcément de ce qu'on fait en classe mais on est obligé d'en tenir compte un petit peu et il me semble... maître G, je vois plus des jeux... – enfin des jeux entre guillemets, c'est peut-être faux... –. Là par rapport aux acquisitions et au retard qu'il faut donc forcément qu'on évalue ensemble et qu'on sache où on va... ce à quoi on veut arriver au niveau des compétences.

Pouvez-vous présenter un cas d'enfant suivi par le maître E et exposer le travail qui est fait avec lui ?

... On peut prendre Catherine qui avait de grosses difficultés en lecture en début d'année, beaucoup d'inversions, d'hypothèses complètement fausses, elle partait d'un mot peu importe... sans chercher le sens, donc du coup complètement passive, manque de confiance en elle. Alors ce qu'elle y fait, je ne sais pas trop parce que c'est vrai, on discute de temps en temps mais je ne demande pas de comptes et je ne suis pas assez curieuse peut-être pour demander ce qu'ils font...

Il n'y a pas de projet commun, par exemple, qui serait discuté et évalué périodiquement ?

Non. Tout ce que je sais, là ça a été dit en conseil de cycle, certains ont dit "je trouve que Catherine, elle y arrive bien mieux qu'avant, ça va bien", ils étaient eux-mêmes conscients qu'elle était moins en difficulté et du coup... c'est vrai qu'elle est moins passive, plus gaie, plus sûre d'elle... C'est en train d'évoluer en ce moment. Mais par contre, je ne sais pas vraiment ce qui a été travaillé, dans quel ordre, avec quelle méthode... Je sais seulement qu'à chaque fois, il y a un peu de lecture. Mais je ne sais pas vraiment... Je n'en sais pas assez. Là-dessus, je reconnais que j'aurais envie d'en savoir plus.

Est-ce que vous êtes invitée aux synthèses ?

Oui, oui...

Comment abordez-vous les cas d'enfant ?

On parle d'où ils en sont mais on n'a pas le temps d'aller dans les détails de ce qui est fait.

Qu'est-ce que ces réunions vous apportent ?

Ça rassure. Si les progrès sont là, c'est très encourageant. Et si elles ont des difficultés elles aussi, on se sent moins seul, on se dit qu'on est ensemble dans le même brouillard.

Est-ce que parallèlement vous invitez les membres du réseau aux conseils de maîtres, de cycle etc... ?

Oui, oui... Elles y sont. Mais c'est vrai que c'est arrivé, sur le pas de la porte, que je montre un exercice et que Bernadette me dise "tu vois nous on a fait ça"... mais on ne se tient pas régulièrement au courant. Elle les emmène, elle les prend et c'est un petit peu chacun fait son travail.

Quelles sont les différences qui vous apparaissent entre votre travail et le travail du maître E ?

C'est surtout le nombre d'élèves, c'est ce qui fait la grosse différence et puis en plus je pense qu'ils ont une formation que je n'ai pas moi. Déjà on n'a pas du tout la même relation avec des élèves quand on en a quatre ou quand on en a vingt-quatre. Je sais que nous on essaie de favoriser ces moments où on en a peu en prenant soit nos emplois jeunes, soit notre contrat CES. Quand je me retrouve avec huit enfants dans la classe, je sens des relations... elles ont complètement changées. On est beaucoup plus calme, il n'y a plus de problèmes de discipline pratiquement et puis il se dit des choses, des fois des mots qu'on entend et qu'on ne peut pas entendre d'habitude... C'est plus personnel, c'est plus... je ne sais pas. Moi, je l'aime bien cette relation-là qui se passe quand il y a un petit groupe. Sinon, c'est complètement impersonnel, on est l'autorité, on gère les problèmes comme ça de loin, mais il n'y a pas cette qualité de relation qu'il y a dans un petit groupe, ça c'est sûr... Et du coup, bien sûr, on peut aider bien plus chacun... ça c'est évident. Ce que j'essaie de plus en plus, du coup, c'est de les prendre... on a un petit système de tables, là dans un coin de la classe, je m'y installe avec deux ou trois et ils savent qu'ils peuvent venir. Yvon par exemple, qui est pris aussi par Bernadette, l'autre jour, je l'avais un peu oublié, je pensais qu'il s'en sortirait tout seul et au bout d'un moment, il est venu "Est-ce que je peux venir avec vous ?" Il sentait lui même le besoin, il s'est dit moi aussi, je pourrais peut-être aller là-bas chercher de l'aide et il avait raison... Puis il est reparti. Donc c'est bien.

Est-ce que l'aide du maître E se fait parfois dans la classe ?

Ça s'est eu fait d'autres années... ça se pratiquait les autres années mais ce n'est pas tellement la volonté de Bernadette, je ne crois pas...

Et vous, dans la classe ou à l'extérieur, qu'en pensez-vous ?

Ça dépend des gens... C'est vrai que je n'ai jamais été bien à l'aise quand il y a quelqu'un dans la classe mais en fait si on est bien au point sur ce qu'on veut faire, ça ne pose aucun problème, si c'est quelqu'un qui est en doublette et qui circule comme moi ou qui prendrait ce petit groupe tout en étant dans la classe, ça serait bien, ça serait possible mais ça suppose de savoir ce qu'on... enfin une meilleure concertation encore, forcément, ça multiplie les concertations. Ou alors il faut quelqu'un qui se mette bien dans le coup.

Maintenant si je dis maître G, quels sont les cinq mots qui vous viennent à l'esprit ?

Motricité, jeux, langage, relation...

Un dernier ?

(rires)... communication. C'est pareil, c'est apparenté à relation.

Pouvez-vous développer davantage ?

Là, je sais encore moins ce qui s'y fait. Non, c'est très difficile à appréhender. Ça ne ressemble pas à ce qui se passe en classe.

Pouvez-vous présenter un cas d'enfant suivi par un maître G ?

Elle ne m'en prend pas cette année.

Alors antérieurement...

Laurent était pris aussi l'an dernier par un G et Loïc aussi. Mais c'était plus pour qu'il y ait un soutien... enfin il y avait des problèmes de latéralisation, des choses comme ça, mais il y avait aussi, comment dire, plus le souci de faire le lien avec la famille, ce n'est pas qu'un problème d'échec scolaire. Ce n'était pas d'ailleurs un enfant en échec scolaire a priori, au départ il n'aurait pas dû l'être mais...

Et qu'est-ce qu'il se passait ?

On a eu une réunion plusieurs fois avec la maîtresse G, l'enfant, la maman... On a décidé qu'il valait peut-être mieux qu'il reste manger à la cantine parce que, quand il entrait, il n'y avait rien à manger ou elle n'était pas là – des fois elle ne pouvait pas remonter – enfin il y avait tous ces problèmes-là... On prenait des décisions ensemble et au bout d'un moment ça retombait à l'eau, il fallait... C'était plus un travail pour que l'enfant aille à l'aide aux devoirs, qu'il puisse manger tranquillement à midi... ce genre de choses. Tout le monde était bien d'accord à chaque réunion et puis ça repartait au bout d'un moment en... C'était un enfant qui était livré à lui-même.

Et quel travail était-il mis en place dans le cadre de l'aide G ?

La maîtresse G ? Essayer de se responsabiliser par rapport aux devoirs, par rapport à l'organisation dans le cartable, essayer de se poser un peu, de donner quelques repères...

Et là, est-ce qu'il y avait un projet fait en commun ?

Là, il y avait plus de... les objectifs étaient plus... peut-être... je les avais plus en tête quoi... on en avait discuté.

Est-ce qu'il y avait des retours sur ce qui était fait en séance rééducative dans la classe ? des productions, des paroles sur ce qui avait été fait etc. ?

Non, pas tellement. Même il y en a rarement. Par contre ils sont enchantés de partir. Chaque fois dans la classe, il y en a qui réclament de partir : "et moi, j'aimerais bien y aller !" D'ailleurs, il y a une petite, il faut que j'en parle à Bernadette, il faudrait peut-être qu'on la prenne à cette époque de l'année... ça fait un moment qu'elle réclame et je crois que finalement elle avait raison... (rires) Elle relèverait bien de ce petit groupe. Chaque fois, ils partent volontiers et personne ne pose de question. C'est quelque chose de très naturel. Ils ne sont absolument pas marginalisés, c'est pris plutôt comme une faveur et ça a toujours été. C'est comme ça. Du coup tout le monde voudrait y aller, même ceux qui n'ont pas besoin ils ont envie... On ne dit pas : "Il faudrait que... ". Non, non, ils ne sont pas montrés du doigt du tout...

A partir de Laurent, que pouvez-vous dire des différences fondamentales entre l'aide de type E et l'aide de type G ?

C'est vrai qu'au départ, les deux essaient de rendre l'enfant plus autonome et de se retrouver par rapport... d'être plus organisé, d'être plus... Je pense que ça c'est les deux... Je pense qu'un maître E, c'est plus par rapport à l'écrit quand-même. Il y a toujours une part d'écrit et de lecture dans ce que fait Bernadette, enfin, je pense. Je ne pense pas qu'il y ait des séances où il n'y ait pas d'écrit et pas de lecture avec le maître G, pardon le maître E. Tandis que je verrais plus le maître G s'occuper de tout ce qui est jeu de latéralisation, de motricité et aussi communication, langage, expression. Voilà. C'est comme ça que je vois les choses mais c'est sûr aussi que le maître E communique aussi, il fait exprimer c'est évident.

Quels sont les liens entre maître E et maître G au sein du réseau ?

Les réunions qu'ils ont entre eux ? Les synthèses ?

Oui, ce que vous en savez...

Souvent, ils nous invitent. On discute des enfants au départ et on dit : "celui-là ce serait plutôt pour toi" oui, on... on fait une réunion ensemble et d'après ce qu'on a décrit et d'après leurs observations – il y a des observations en classe – et après on dit : "c'est plutôt untel ou untel qui le prendra" et si on s'aperçoit que c'est une erreur, on change éventuellement.

Est-ce qu'il y a des glissements de pratique, des E qui fonctionnent comme des G et vice versa ?

Pas ici, non.

En quoi la différenciation E et G telle qu'elle existe vous semble-t-elle pertinente ?

Je n'en sais rien. Vu que je ne connais pas leur formation, je n'en sais rien. On pourrait peut-être envisager une personne qui selon... qui adapte et qui pourrait être compétente pour tout assumer... je ne sais pas trop...

Une personne polyvalente chargée de tout type d'aide ?

Oui. Mais je ne sais pas... De même que nous on est censé tout faire (rires) justement, on n'est pas forcément armé pour tout justement... J'aime bien dire qu'on est maître Z nous... De A à Z ou bien Zorro... comme on veut.

On parle d'une réforme prochaine... êtes-vous au courant ?

Pas vraiment non...

Avez-vous entendu des rapports Gossot et Ferrier ?

On irait vers la suppression des RASED ?

Il est vrai qu'on assiste à une sévère diminution de personnel. Les enseignants qui partent à la retraite ne sont généralement pas remplacés. Mais sur un plan théorique, celui d'une éventuelle réforme ministérielle, on parle de redéfinition des rôles. Une des tendances pourrait être de fusionner E et G. Pour vous quels sont les avantages et les inconvénients d'une telle perspective ?

Je ne pense pas qu'il y ait vraiment un intérêt à changer. A mon avis, c'est pour gérer la pénurie. Il ne peut y avoir un intérêt. Je pense qu'au départ la formation n'était pas la même, le choix de l'option non plus. Ce n'est pas le même travail, enfin, j'imagine... En tout cas la suppression... Je ne pense pas qu'il faille compter uniquement sur les enseignants. Je disais qu'il était intéressant de prendre un petit groupe d'élèves mais il faut aussi une formation. Je suis sûre qu'il faut une formation sinon, à ce moment-là, hop on prend les emplois jeunes et on leur donne les petits groupes d'élèves. Ils ne sauront pas forcément quoi faire avec... ça nous fera faire plus de boulot parce qu'il faudra préparer et expliquer... Non, moi j'apprécie qu'il y ait des gens compétents. Lorsque les gens sont compétents, j'apprécie vraiment, d'où la nécessité d'une formation toujours de qualité.

Vu de votre place, quelles sont les différentes tâches effectuées par le réseau au cours de l'année ?

On les voit à tous les conseils de maîtres, aux conseils d'école, elles participent activement à toute la vie de l'école. Elles sont au courant de tout. Elles connaissent bien les élèves et leurs difficultés. Elles ont un point de vue qui est intéressant. Je n'ai pas en tête d'exemple mais il y a des moments où...

Vous est-il arrivé de participer à l'évaluation des réseaux ?

Non, non.

Est-ce que vous pouvez citer les trois livres ou auteurs principaux qui sont recommandés lors de la formation E ?

Non, aucune idée.

Même question pour la formation G ?

Non, non.

Quels sont les cinq mots qu'évoque pour vous la réussite à l'école ?

La réussite en cinq mots... Acquisitions, autonomie, curiosité, sociabilité, responsabilité. J'en ai déjà dit cinq ?

Oui... pouvez-vous développer un peu ?

Il y a les acquisitions c'est sûr mais je pense qu'il y a des tas d'autres choses, la vie en collectivité, l'apprentissage de la vie en collectivité, il y a des tas d'enfants, on le voit, qui sont complètement de structurés, ils n'ont plus de repères... ça fait partie maintenant de notre travail... L'école doit aussi être là pour ça. Former des citoyens, des enfants qui ne sont pas égoïstes, qui sont responsables un peu de ce qu'ils font et qui pensent aux autres, qui les respectent, qui s'enrichissent en étant à l'écoute et qui enrichissent les autres... tout ça... que ça ne soit pas des individus avec comme valeur leurs notes, leurs résultats et leurs évaluations, des individus pesés et séparés...

De façon bien plus générale, comment considérez-vous la place et le rôle des aides à l'école ?

Comme je l'ai dit tout à l'heure, avec vingt-cinq... on a envie d'individualiser mais on a l'impression de ne pas pouvoir consacrer le temps qu'on voudrait, l'attention qu'on voudrait à tout le monde, ça c'est sûr... En fin de journée, il y en a même pour lesquels on se dit des fois : "mais celui-là est-ce que je lui ai parlé ?"... ça je le regrette, je n'aime pas passer une journée en me disant : "je ne me suis pas adressée à un tel autrement qu'à toute la classe, de manière collective". J'apprécie les petits groupes où on a plus l'occasion de faire les choses ensemble, de vivre des trucs...

Avez-vous d'autres remarques à ajouter sur les aides spécialisées ?

Aides spécialisées, vous pensez surtout à maître E, maître G, ça peut être autre chose aussi. Il se trouve qu'on met en place des choses qui vont bien avec des petits ateliers de logique – ce sont des exercices que font les maîtres E, ça d'ailleurs -.

Ces ateliers sont pris en charge par l'équipe d'enseignants ?

Non, là c'est notre CES qui me prend un petit groupe de quatre et qui fait aussi du tangram mais en tout petit groupe pendant aussi qu'une emploi jeune prend des enfants sur des mécanos. Donc elles voient vraiment ce qui se passe, elles voient vraiment s'ils y arrivent ou pas, elles sont là pour; c'est quelque chose que j'aimerai bien faire mais je ne peux pas donc je leur laisse faire, je sais que c'est fait et elles me rendent bien compte de qui y est arrivé, on discute pas mal de ça. Elles ne sont pas vraiment spécialisées mais sur des choses comme ça, elles peuvent faire tourner un groupe, il n'y a pas de problèmes... ça, ça a moins d'intérêt si je le fais faire à tout le monde en même temps et puis en mécano de toute façon, on ne peut pas faire tourner tout le monde en même temps.

Et pour les études dirigées, comment procédez–vous ?

Chez nous on a l'aide aux devoirs le soir, c'est aussi les emplois jeunes, donc ce sont les mêmes personnes que celles qui travaillent avec nous dans la journée. On a cette chance-là. Ils nous connaissent, ils savent ce qu'on attend au niveau des devoirs, un peu la manière d'apprendre à lire. Ils ne risquent pas de faire trop d'impairs par rapport à la méthode de lecture, si j'apprends une technique, ça ne va pas aller dans un autre sens. Et pour les parents c'est assez sécurisant aussi de savoir que c'est un peu les mêmes gens. Et il y a bien la moitié des enfants sur la classe qui y vont – 10 ou 12 qui vont régulièrement à l'aide aux devoirs -. Il n'y a pas beaucoup de devoirs mais bon, les leçons, les mots à apprendre, c'est un soutien intéressant...

Comment voyez-vous l'avenir des réseaux ?

Moi, je ne souhaite pas qu'on stoppe la formation et qu'on... ce qui existe, ça me convient bien et d'ailleurs je trouve même qu'il en faudrait plus puisque toutes les écoles n'en bénéficient pas en fait actuellement. Nous, il y a 20 ans, on avait un GAPP complet à l'école, un psychologue, on avait tout ça pour nous et ça nous allait très bien. En 20 ans, j'ai vu les moyens diminuer, diminuer, diminuer... Là on a encore la chance d'avoir le réseau mais pour combien de temps ? On va rentrer en ZEP, peut-être qu'on va nous dire, maintenant, c'est à d'autres de profiter du réseau... et vous demandez des moyens... Et on n'en aura plus. Je ne sais pas... Donc, ça fait aucun doute, il faudrait plus de monde...

J'en ai terminé avec mes questions, mais peut-être avez-vous d'autres remarques à ajouter ?

Non, non...

Une dernière question facultative, en quoi votre fonction d'enseignante est-elle importante pour vous ?

... C'est un choix. C'est un métier où on se remet tout le temps en question... et en cause?. C'est vrai que c'est difficile... non seulement par les conditions mais parce que justement il faut toujours se remettre en question et qu'il faut assumer... Les choses étant de plus en plus difficiles, il faut y arriver. On quitte l'école, on ne peut pas... moi en tout cas, je n'en fais pas abstraction, j'ai toujours les problèmes, la vie de la classe dans la tête le soir et si ça ne s'est pas bien passé, on culpabilise... Je trouve que c'est difficile pour ça... pas seulement parce qu'il y a des responsabilités mais parce que ça interpelle vraiment l'individu. Mais bon, j'aime ça, c'est un défi permanent qu'il faut relever.