CHAPITRE I : SAINT AUGUSTIN : L'AUTOBIOGRAPHIE DEVANT DIEU

L e IVè et le Vè siècles de l'Antiquité consacrent l'expansion chrétienne. La Romania chrétienne s'installe dans ses structures, le christianisme impose sa marque au monde. Ce schéma se déroule dans une perspective de continuité culturelle. Il y a rattachement de la culture hellénique au tronc commun de la révélation biblique. La relation de la nouvelle culture à l'ancienne, n'est pas une relation de rupture, mais d'accomplissement. L'affirmation chrétienne ne prétend pas abolir mais parachever. L'incarnation du Christ est un point d'inflexion pour le devenir du genre humain. La question des questions du sens et de l'origine (où es-tu ?, où vas-tu ?) s'impose aux hommes de ce temps. Elle est donnée comme un problème à résoudre et une situation à élucider.

Les humanistes de ce temps, les Pères de l'Église, font écho de cette préoccupation à travers leurs écrits, et tentent de remonter jusqu'à l'extrême source du sens. Ces pasteurs s'efforcent, au fil de leur réflexion de dégager l'intelligibilité immanente du sens de la vie, liée à la force des origines premières et aux fins dernières. La culture chrétienne, la philosophie chrétienne, s'orientent ainsi autour de la recherche des valeurs révélatrices du sens d'une vie. L'affirmation chrétienne se développe autour d'un axe autobiographique. Au sein du peuple chrétien, chaque individu devient un centre d'intérêt. Le christianisme s'apparente à une sorte d'égocentrisme spirituel et développe une nouvelle expérience existentielle. L'intériorité personnelle se constitue comme dimension de recherche et de connaissance. La créature humaine s'affirme en dialogue avec son créateur, dialogue en fonction duquel se dessine sa ligne de vie. Les écrits autobiographiques prennent place dans ce mouvement général d'attention aux pulsions intimes, aux intentions, aux motivations, et consacrent une étape maîtresse dans la conscience de l'Occident.