II – UN EXEMPLE D'AUTOBIOGRAPHIE SPIRITUELLE : LES CONFESSIONS DE SAINT AUGUSTIN

Augustin appartient à ce quatrième siècle de l'Antiquité qui constitue l'âge d'or des Pères de l'Église. Il fait partie de cette génération des Pères de l'Église, nés au cours des années 330-350, qui rassemble des figures telles que : Grégoire de Naziance, Grégoire de Nysse, Ambroise de Milan, Jérôme, Jean Chrysostome. Ces personnalités représentent un moment d'équilibre particulièrement précieux, entre un héritage antique encore assez peu atteint par la décadence, particulièrement assimilé, et une inspiration chrétienne elle-même parvenue à sa pleine maturité. Les Pères de l'Église forment un groupe cohérent qui se rassemble autour d'un idéal religieux nouveau. Ils laissent derrière eux une œuvre considérable (sermons, exégèse, théologie, commentaire des écrits saints, correspondance) et s'illustrent par leurs prédications. A travers leurs écrits, ils jettent les bases d'une véritable doctrine chrétienne, reposant sur le sens de la vie spirituelle, et l'idée de responsabilité intérieure. Ils contribuent à la richesse et à la vigueur de la culture chrétienne, en développant un mouvement de connaissance de soi, dans une perspective chrétienne, comme chemin vers Dieu.

Parmi ces Pères, Augustin d'Hippone figure comme une exception remarquable, car il reste certainement l'un des personnages les plus complexes de l'Église latine, et l'un des plus grands écrivains chrétiens de l'Antiquité. Presque toutes ses œuvres sont des œuvres de circonstance, nées sous la pression d'une menace ou d'une nécessité immédiate; mais il en est une qui retient particulièrement l'attention, car elle se situe comme démarche autobiographique : les Confessions.

Augustin informe ses lecteurs des motifs qui se trouvent à l'origine de son œuvre. Il s'exprime en ces termes au début du livre X: «C'est en la confession que je veux faire la vérité dans mon cœur devant toi, mais c'est en mon écriture que je veux le faire. «Le verbe faire est à l'honneur et souligne que l'auteur ne cesse de réfléchir tout en se livrant à l'écriture devant de nombreux témoins. La formule est d'une densité rare : la confession du je augustinien inséparable de la présence du tu divin et du il humain, se situe ici dans la dynamique johannique de : « qui fait la vérité vient à la lumière». L'initiative du «faire» est à première vue volontariste, mais elle n'a de sens que parce que la lumière à venir est hors de doute». 19 Ainsi, le lecteur des Confessions se trouve conduit à trouver sa place sous le grand soleil de Dieu, dans l'immense caravane humaine.

Notes
19.

A. MANDOUZE, «Augustin préfacier d'Augustin», p. 22 in : Les Confessions de Saint Augustin, traduction de L. de Mondadon, presentation par A. Mandouze, Seuil, Points, 1982.