III - UN MODÈLE AUTOBIOGRAPHIQUE ET DES PERSPECTIVES DE FORMATION

Au IVème et au Vème siècle, l'Église doit faire face à de profonds déchirements internes successifs et à de violentes querelles, où la définition du dogme est remise en cause (Arianisme, Donatisme). Elle s'appuie sur la force de ses prédicateurs pour faire triompher l'orthodoxie. Les Pères de l'Église, Saint Augustin en particulier, à travers le récit de leur conversion, guident le genre humain vers la vraie religion et transmettent la découverte de leur vie : leur rencontre avec le Seigneur. Les chefs spirituels de l'Antiquité chrétienne enseignent l'accomplissement de soi, la vertu, et dévoilent l'œuvre de Dieu et l'immensité de sa miséricorde. Ils se placent dans une perspective d'éducation vis-à-vis de leurs frères. Ils désirent que leur aventure spirituelle soit partagée et imitée par tous.

Les Pères invitent leurs lecteurs à progresser dans une voie authentique et les sollicitent afin qu'ils entreprennent une démarche de formation chrétienne. Ils démontrent à travers leur témoignage que la démarche de contrition et d'aveu des péchés s'accompagne de la construction d'une nouvelle identité morale.

L'analyse autobiographique se constitue comme apprentissage, voie de progrès et de perfection. Elle s'affirme comme révélateur de la présence divine. L'autobiographie devient génératrice de la construction que l'homme a à accomplir par lui-même dans le passage de ce qu'il est à ce qu'il doit être. Elle définit un enjeu. Elle confère un nouvel éclairage à l'existence. Les idées fondamentales et les sentiments s'éclairent à la lueur divine. Les pratiques éducatives, la connaissance et la pédagogie, prennent comme forme et comme expression une des interprétations du christianisme, et traduisent la manière d'entendre et de concevoir la religion.