1 - Les racines autobiographiques de l'Emile

Rousseau a reconnu dans L'Emile son œuvre majeure. Celle-ci résume à elle seule, l'ensemble de la pensée rousseauiste et constitue une synthèse. L'auteur développe là une réflexion qui centrée sur le thème de l'éducation, prend en compte la nature, la société, l'idée de citoyenneté et le civisme, la religion, le cœur et la raison. Il est vrai que cette étude se situe dans l'air du temps, puisque le siècle des Lumières se penche particulièrement sur l'éducation. Les philosophes, les encyclopédistes n'hésitent pas à émettre leurs idées sur ce sujet. Mais Rousseau possède sans doute une supériorité, vis-à-vis de ses pairs, celle que peut lui conférer son expérience de précepteur. Par deux fois, il s'est vu confier le préceptorat de jeunes enfants.

En 1740, il accepte la place de précepteur chez Mr de Mably, gouverneur, prévôt général de la maréchaussée du Lyonnais, du Forez et du Beaujolais et s'établit à Lyon. Il a la charge de deux enfants de tempérament très différent. L'aîné des enfants, Sainte Marie, âgé de 6 ans, était «d'un esprit assez vif, étourdi, badin, malin, mais d'une malignité gaye». 165 Le second Condillac, légèrement plus jeune (d'un an environ) était «presque stupide, musard, têtu comme une mule et ne pouvait rien apprendre». 166 Rousseau a le plus grand mal à s'adapter à ces deux enfants, à savoir quelle ligne de conduite adopter et mettre en œuvre. «Je ne manquois pas d'assiduité mais je manquois d'égalité surtout de prudence». 167 Il essaie tour à tour, «le sentiment, le raisonnement, la colère» sans que ces différents comportements puissent donner prise sur ses élèves. Ces difficultés suscitent chez Rousseau, une conscience aiguë des problèmes qu'engendre toute éducation, de la façon dont il convient d'aborder les enfants, et de prendre en compte leurs difficultés comme leurs réactions «Je ne réussissois à rien tout ce que je faisois, était précisément ce qu'il ne falloit pas faire». 168

Faute de succès et de résultats probants, Rousseau préférera renoncer à son poste au bout d'un an. Il avait pourtant mis au point un Projet pour l'éducation pour Mr de Sainte Marie, afin de fixer les cadres de son préceptorat, comme l'étendue du programme, et les disciplines à aborder. Mais, même si cette entreprise s'avère peu satisfaisante, elle permet à son auteur d'acquérir un savoir fondé sur la pratique et sur les constats, établi à partir de l'exemple fourni par ses élèves.

Au sein de l'Émile, se retrouve donc tout un ensemble de réflexions, tirées directement de cette expérience. «J'ai fait autrefois un suffisant essai de ce métier pour être assuré que je n'y suis pas propre et mon état m'en dispenseroit quand mes talents m'en rendroient capable». 169 Rousseau s'est aperçu à cette occasion qu'il ne suffisait pas d'avoir les connaissances nécessaires et d'être persuadé de son talent pour réussir dans cette fonction. Il préfère donc avoir recours à la réflexion théorique après être passé par la pratique : «[....] Je ne mettrai point la main à l'œuvre mais à la plume, au lieu de faire ce qu'il faut, je m'efforcerai de le dire». 170

Toutefois, Rousseau retire de cette approche des connaissances qui lui permettent d'effectuer une analyse raisonnée de ce que doit être l'éducation, et de ce en quoi elle doit consister. Chaque tempérament nécessite une réelle prise en compte et un traitement approprié. Rousseau l'a expérimenté avec les deux fils Mably. L'éducation ne saurait consister en un enseignement plaqué, sans considération de l'élève auquel il est destiné.

L'Emile s'inscrit donc dans un continuum logique et vient prolonger et poursuivre une expérience pour son auteur. La matière de L'Emile provient de l'ajustement des pensées de Rousseau à partir d'une multitude d'observations. L'écrivain a nourri sa réflexion de faits concrets, même si le personnage mis en scène est fictif, et même si de surcroît, il se trouve dépourvu de parents, ce qui donne toute liberté au gouverneur. Il se prononce en faveur d'une véritable éducation, une éducation dans le sens de la formation, qui englobe la totalité de l'individu. Il n'entend pas se limiter à une simple instruction. Il reprend dans l'Emile les grands points de son Projet d'éducation pour Mr de Sainte Marie.

La même conception de pensée préside les deux recueils. Rousseau envisage ce qui convient aux différents âges de l'enfant. Par rapport au programme général qui prévaut pour l'enseignement des enfants à l'époque, il examine ce qu'il faut étendre et supprimer. Il garde à l'esprit la position sociale de l'élève, sa destination future, et se montre soucieux d'y associer une éducation appropriée. Il se montre attentif aux problèmes posés par l'apprentissage du monde et de la société. Il montre l'utilité de faire participer les enfants aux conversations, d'effectuer avec eux des expériences pratiques, de leur faire pratiquer une activité physique. Les réflexions de Rousseau prouvent qu'il a eu affaire à des enfants et renvoient à son passé.

Rousseau veut concilier un développement harmonieux du corps et de l'esprit, imposer un respect entre les différentes disciplines. Il veut cultiver le bon sens, la justesse d'esprit et le jugement. Il s'agit de parvenir à former un homme. «Notre véritable étude est celle de la condition humaine. Celui qui sait le mieux supporter les liens et les maux de cette vie est à mon gré le mieux élevé [...].171 Plus loin encore il insiste en ces termes.

«On ne songe qu'à conserver son enfant; ce n'est pas assez : on doit lui apprendre à se conserver étant homme». 172 Rousseau tire parti de son expérience passée pour mettre au point un ensemble de maximes et de préceptes. Il s'appuie sur ce qu'il a vu. Sa propre philosophie en matière d'éducation se révèle autobiographique. Le deuxième préceptorat de Rousseau (seulement huit jours, mais des plus éprouvants), l'a mis face à un enfant extrêmement difficile, Mr de Chenonceaux, fils de Mme Dupin. Habitué à ce qu'on lui obéisse en tout, surprotégé par sa mère, ce jeune élève ne permettait pas qu'on oppose une autre volonté à la sienne. Rousseau met au point toute une stratégie pour venir à bout des caprices de l'enfant. «Il ne manqua pas de venir m'arracher à mon travail pour le mener promener au plus vite. [...] C'était là que je l'attendais. Tout était préparé d'avance [...].» 173

Cette manière d'agir se retrouve d'ailleurs dans l'Emile, puisque le gouverneur prépare, dispose en quelque sorte le terrain de façon à ce qu'Emile puisse prendre conscience des choses et les réaliser. C'est bien la même façon de faire qui préside aux choses «c'est par ces moyens et d'autres semblables que durant le peu de temps que je fus avec lui je vins à bout de lui faire faire tout ce que je voulois, sans rien lui prescrire, sans sermons [...] toujours la leçon lui venoit de la chose même. [...]»174

Ainsi, en établissant le plan d'éducation d'Emile, en en définissant les principaux préceptes, les règles, Rousseau se trouve renvoyé à son enfance et à son passé. Il se pose et s'oppose aux principes de l'époque, dont il a pu démêler les carences et les insuffisances. Le lien subsiste entre ce qu'il a pu vivre, ce qu'il a ressenti et expérimenté, et les lignes de conduite qu'il se propose d'adopter pour Emile. Il ne veut pas que les mêmes erreurs se reproduisent. Rousseau se sert de ce qu'il a vécu pour tracer le plan d'éducation d'Emile. Ses souvenirs étayent son discours et constituent autant d'exemples qui parlent aux yeux des lecteurs. Rousseau reste ainsi marqué par ses premières sensations : «Je sentis avant de penser». 175 L'éducation doit donc tenir compte de ces paramètres et suivre le développement génétique de l'enfant. «Nous naissons sensibles et dès notre naissance nous sommes affectés par de diverses manières par les objets qui nous environnent.» 176

Les liens sont fréquents entre l'Emile et les Confessions. Un texte renvoie à l'autre. Vis-à-vis de l'obéissance, Rousseau insiste sur l'importance de la conscience de la nécessité d'un ordre des choses pour l'enfant. Il faut employer la force et non la raison. Rousseau se souvient d'avoir été l'objet d'une agression adulte qui l'a acculé au mensonge, lorsqu'il a laissé condamner une innocente : Marion (Confessions, p. 87). Il en tire donc les déductions suivantes : «La crainte [...], l'importunité, l'embarras de répondre arrachent tous les aveux... on croit les avoir convaincus quand on ne les a qu'ennuyés ou intimidés.» 177

Tout ce qu'Emile enseigne sur l'éducation du corps (sommeil, vêtement, air) se réfère à la morale sensitive dont Rousseau parle dans les Confessions. «Tout est mêlé dans cette vie, on n'y goûte aucun sentiment pur, on n'y reste pas deux moments dans le même état. Les affections de nos âmes ainsi que les modifications du corps sont dans un flux continuel». 178 Le parallélisme est clair. «[...] Tout agit sur notre machine et sur notre âme. Tout nous offre mille prises presque assurées pour gouverner dans leur origine les sentiments dont nous nous laissons dominer.» 179

Il en est de même lorsqu'il s'agit d'organiser les différentes phases de l'éducation. La période de la pré-adolescence, ramène Rousseau à l'époque où il se livrait à des occupations futiles avec son cousin Bernard, au lieu de songer à acquérir des connaissances. «Ainsi, se perdoit en niaiseries les plus précieux temps de mon enfance avant qu'on eut décidé de ma destination». 180 Il préconise donc dans L'Emile d'organiser sérieusement le temps de l'élève : «[...] nous n'en avons pas assez (de temps) pour faire tout ce qui seroit utile. Songez que les passions approchent et que sitôt qu'elles frapperont à la porte, votre élève n'aura plus d'attention que pour elles.» 181

Vis-à-vis de la lecture les principes de Rousseau sont également guidés par sa propre approche. «La lecture est le fléau de l'enfance et presque la seule occupation qu'on sait lui donner. A peine à douze ans, Emile saura-t-il ce que c'est qu'un livre.» 182 Les Confessions comportent ces annotations : «J'acquis par cette dangereuse méthode [...]une intelligence unique à mon âge sur les passions. Ces émotions confuses... me donnèrent de la vie humaine des notions bizarres et romanesques, dont l'expérience et la raison n'ont jamais bien pu me guérir.»183 Il s'en suit que Rousseau n'admet qu'un seul livre pour son protégé : Robinson Crusoé. «Seul durant longtemps il composera toute sa bibliothèque» (III p. 501). Il représente en effet «le plus heureux traité d'éducation naturelle».

Les différentes expériences auxquelles Rousseau soumet Émile sont souvent inspirées de son enfance. Il s'en excuse d'ailleurs : «Lecteurs, pardonnez-moi donc de tirer quelquefois mes exemples de moi-même, car pour bien faire ce livre, il faut que je le fasse avec plaisir 184 Les anecdotes autobiographiques ponctuent l'Émile et lui donnent un caractère très vivant. A propos du problème posé par l'obscurité, Rousseau relate son aventure chez les Lambercier et sa visite dans l'Église pour récupérer la bible du pasteur (III, p.385). Il en conclut, qu'il convient de mener souvent dans les ténèbres, celui qui les redoute, afin de l'aguerrir définitivement. Rousseau veut faire profiter Émile de ce dont il a retiré le plus d'agréments, dans son enfance comme dans sa vie. Il ne peut éviter de se laisser aller au plaisir de la réminiscence. «[...] Car vous sentez bien, cher concitoyen, que ce malheureux fugitif c'est moi-même, je me crois assez loin des désordres de ma jeunesse pour oser les avouer [...].»185

Rousseau s'inscrit toujours dans le cadre de sa propre expérience, en référence à lui-même, à ce qu'il a éprouvé, ressenti, pour le transposer dans l'éducation d'Émile. Il plaide pour un art du voyage comme il a pu le pratiquer dans ses jeunes années.«Il ne suffit pas pour s'instruire de courir les pays. Il faut savoir voyager.» 186 Ces remarques rappellent les Confessions et le plaisir du voyage tant évoqué par Rousseau. «[...] Rien ne frappait mes yeux sans porter à mon cœur quelque attrait de jouissance. [...] Ce souvenir m'a laissé le goût le plus vif [...] pour les montagnes et les voyages pédestres. Je n'ai voyagé à pied que dans mes beaux jours et toujours avec délices.» 187 Rousseau puise son inspiration dans sa propre vie. Tout ce qui s'est avéré «bon» pour lui ne peut que l'être pour Émile. Cette notion est reliée chez Rousseau à un ensemble de souvenirs heureux. Ainsi, en est-il pour la chasse, celle-ci fait partie des exercices d'Émile. «Elle endurcit le cœur aussi bien que le corps» (IV, p. 644). Elle exige une maîtrise et une réelle dextérité, lorsqu'elle est pratiquée dans un pays où elle reste libre, car seuls les plus habiles peuvent ramener du gibier. Rousseau pense ici précisément à son père (p. 689). L'étude de la cosmographie, que Rousseau fait figurer au nombre des disciplines suivies par Émile, se situe sur le même plan. Rousseau s'adonnait à cette science en compagnie de son père. L'expérience de jardinage, dont le gouverneur se sert pour faire comprendre à Émile, la notion de propriété, et le respect du travail des autres (p. 339), évoque l'épisode du noyer, à l'époque heureuse de Bossey (Confessions pp. 22-24). Elle montre la conviction intime de Rousseau, qui reste persuadé que les idées doivent surgir de l'enfant, à travers ses actions et ses entreprises.

Rousseau s'appuie encore sur l'examen de son passé, pour mettre en garde les autres gouverneurs et lecteurs de son ouvrage, vis-à-vis de certains usages, qui suivent ensuite les individus toute leur vie : «Ne le (le jeune homme) laissez seul ni jour ni nuit; couchez tout au moins dans sa chambre. Defiez-vous de l'instinct [...]. Il serait très dangereux qu'il apprit à votre élève [...] à suppléer aux occasions [...] s'il connaît une fois ce dangereux supplément, il est perdu.» 188 Il emploie les mêmes termes dans les Confessions pour évoquer cette habitude dont il n'a pu se détacher. «[...] J'appris ce dangereux supplément qui trompe la nature [...]».189 Rousseau se retrouve entièrement dans L'Émile. Il esquisse le lien entre théorie et pratique au moyen de son histoire personnelle et donne des reflets de son moi. Il veut également faire découvrir à son élève, certaines réalités que la vie lui a enseignées, entre autres, que le bonheur ne se trouve pas dans la possession, mais dans le désir, qui en constitue la plus grande jouissance. «Vous avez plus joui par l'expérience que vous ne le ferez jamais en réalité.» 190 Toute la vie de Rousseau est l'illustration de cette maxime.

Les incursions de Rousseau dans le texte de l'Émile sont fréquentes. Il y apparaît sous plusieurs figures et change constamment de rôle et de registre. Il se constitue à la fois comme auteur de l'ouvrage, comme celui qui raconte l'histoire, puisqu'Emile constitue, à la fois un roman et un traité d'éducation, mais aussi comme le gouverneur. Ce choix justifie toutes les prises de parole et autorise Rousseau à s'immiscer dans le texte.

Rousseau représente l'écrivain qui propose une pédagogie neuve fondée sur une philosophie de la nature et une nouvelle conception de l'homme. «Je me suis contenté de poser les principes dont chacun devait sentir la vérité.» 191 Il tient un discours de vérité à valeur générale. Il expose une méthode : «au lieu de faire ce qu'il faut, je m'efforceroi de la dire.» 192 Il s'adresse à de jeunes gouverneurs en quête de conseils, comme à l'ensemble des hommes. Il est également, le narrateur des histoires et anecdotes autobiographiques (pp. 451-474) que rapporte l'auteur pour illustrer et appuyer son discours, comme dans la dernière partie mettant en scène Émile et Sophie. «Je me souviens que voulant donner du goût à un enfant pour la chimie [...] je lui expliquois comment se faisait l'encre.» 193

Il intervient comme protagoniste. «Je pris mon parti. J'envoyai chercher du vin [...]»194 ou comme simple témoin participant aux événements cités «je me souviendrai des battements de mon cœur qu'éprouvoit mon père au vol de la première perdrix.» 195 Rousseau apparaît aussi comme le pédagogue gouverneur d'Emile, qui cherche à lui donner la meilleure éducation, à lui faire acquérir, un jugement intègre, un cœur sain. Il veut faire de son élève un homme civil qui garde des habitudes naturelles. «Il me suffit qu'il sache trouver l'à quoi bon sur tout ce qu'il fait et le pourquoi sur tout ce qu'il croit [...]Mon objet n'est point de lui donner de la science, mais de lui apprendre à l'acquérir [...].»196 Enfin, il se veut comme le «Je» héros du roman, puisque malgré le sujet traité et le personnage d'Émile, il reste constamment au premier plan de la scène.

A mesure que le texte progresse, Rousseau en vient à raconter l'histoire de l'éducation idéale comme si elle s'était réellement accomplie. Il souligne l'importance de son rôle et de son action vis-à-vis d'Émile. Il y a donc un glissement, l'auteur en vient à occuper la première place : «J'ai travaillé vingt ans à l'armer (Émile) contre les moqueurs.» [...].[...]On ne lui fera jamais croire que je l'ai ennuyé de vaines leçons [...].»197 Le lecteur doit donc s'adapter au discours théorique, au récit imaginaire et opérer des lectures différentes en fonction des positions et des différents niveaux où se place l'écrivain. Il est mis à contribution et participe au programme d'éducation. Rousseau l'apostrophe durant tout le texte : «Lecteur, ne vous arrêtez pas à voir ici l'exercice du corps [...]mais considérez quelle direction nous donnons à ses curiosités [...], quelle tête nous allons lui former.» 198 Rousseau a besoin de sa participation pour que son œuvre prenne toute sa dimension.

Notes
165.

Confessions, op., cit., VI, p. 267

166.

Id.

167.

Id.

168.

Id.

169.

Emile, Op. cit., p.264

170.

Id.

171.

Emile, op. cit., I, p. 252

172.

Ibid., p. 265

173.

Confessions, op. cit., VIII, p. 366

174.

Ibid., VIII, p. 368

175.

Confessions, I, p.7

176.

Emile, I, p. 248

177.

Ibid.

178.

Ibid., II, p. 303

179.

Confessions, IX, p. 409

180.

Ibid., I, p. 30

181.

Emile, III, p. 435

182.

Ibid., II, p. 337

183.

Confessions, I, p. 8

184.

Emile, III, p. 385

185.

Ibid., IV, p. 563

186.

Ibid. V, p. 828

187.

Confessions, II, pp. 58-59

188.

Emile, IV, p. 663

189.

Confessions, III, p. 109

190.

Emile, V, p. 821

191.

Ibid., p. 265

192.

Ibid., p. 265

193.

Ibid., p. 264

194.

Ibid., p. 251

195.

Ibid., p. 689

196.

Ibid., p. 487

197.

Ibid., p. 659-660

198.

Ibid., p. 460