IV - FORCES ET LIMITES DE L'AUTOBIOGRAPHIE MODERNE AU REGARD DE LA FORMATION.

Rousseau introduit une rupture totale au sein des écritures intimes, en livrant les Confessions. Il dérange un public classique, hostile au détail inutile, méprisant l'intimité du moi. En insistant de surcroît sur la singularité de son personnage et en s'affirmant comme le meilleur des hommes, il choque l'opinion et se livre à un étalage de vanité insupportable pour les esprits de ce temps. L'accueil de la critique est sévère et celui des gens de lettres également. Rousseau loin de s'en tenir à lui-même révèle les travers des autres et leur inconduite, au mépris le plus total de toute discrétion. Son ouvrage ne peut passer inaperçu. Il remet en cause la conception de l'existence, sa vision. Il livre une façon de s'exercer sur le monde, d'y faire des expériences, et de se constituer, bien loin de s'en tenir à un simple récit de vie. Il offre parallèlement dans le domaine de l'éducation, une nouvelle mise en perspective de la formation, et une nouvelle conception, proche de l'enfant, qui bouscule les idées et le système en cours.

L'écrivain interroge ses contemporains vis-à-vis de leur vie, de ce qu'ils sont, et vis-à-vis des implications de l'éducation. Son œuvre ne saurait laisser indifférent. Il importe donc de se saisir des apports de la pensée rousseauiste, comme de ses limites, dans le domaine de la formation, afin de cerner au plus près la pensée de celui qui fut l'une des figures du siècle des Lumières.