IV – LORSQUE LE SUJET CHERCHE A EXISTER SOCIALEMENT

L es propos de Benoît, Bertrand et Michel méritent d'être examinés sous l'angle de la reconnaissance sociale. Les auteurs livrent, au cours de leur récit, maintes informations qui permettent d'appréhender cet aspect de leur histoire. Nous avons tenté de les cerner à travers un certain nombre de concepts : la reconnaissance sociale, la réaction contre la société, l'affirmation de soi, la conquête de l'identité, la transmission, l'appel à œuvrer.

Benoît, Bertrand et Michel expriment une demande de reconnaissance sociale à travers leur autobiographie. Ils existent et demandent à être respectés, en tant que tels, quels qu'ils aient été à travers les circonstances.

George Sand et Marie d'Agoult, en leur temps, étaient habitées par ce même désir de reconnaissance sociale, cette aspiration à se voir reconnues comme un véritable écrivain, auteur d'une véritable œuvre et vivant de sa plume. Le parcours était difficile et semé d'embûches pour des femmes appartenant au XIXè siècle. Les deux auteurs n'ont pas renoncé, mais confirmé leur choix et maintenu leur position, en dépit des jugements acérés et définitifs dont elles ont été victimes, tant de la part de la bonne société et des milieux traditionnels, que leur conduite choquait, que de la part de leurs confrères écrivains qui les méprisaient et les jalousaient. Elles ont eu le courage de braver l'opinion et ont osé être...

Benoît, Bertrand et Michel attestent au sein de leur histoire professionnelle des mêmes difficultés, des mêmes critiques et dévoilent comment ils se voient tour à tour acceptés, confirmés ou au contraire vilipendés, méprisés. Car chaque histoire personnelle est aussi une histoire sociale. Lorsqu'il accède à l'E.N.A. Benoît, entend prouver qu'il vaut largement les autres, n'a rien à leur envier et veut faire valoir son passé entrepreneurial. «J'y ai vu le clin d'œil du destin, rebondir dans le public pour défendre la cause des PME et montrer à tous ces jeunes que je valais toujours quelque chose sur le plan de l'intelligence.» 836 Au sortir de l'école, il figure comme un interlocuteur admis et écouté par les plus hautes autorités de l'Etat. «Par deux fois, il est reçu à l'Elysée. Le Chef de l'Etat et ses conseillers découvrent une personnalité dont la réputation est loin d'être galvaudée.» 837 Il joue même un rôle de première importance. «Son passage à l'ENA va le propulser au sommet de l'administration française. Dans un premier temps, comme rapporteur au comité interministériel pour les restructurations industrielles, il participe tous les lundis à la réunion de la direction du Trésor […]. Par la suite, durant six mois, il va concevoir et promouvoir différentes aides pour les PME (FRAC, FREX) auprès du ministre du commerce extérieur.» 838

Cependant, Benoît de par la variété et diversité de ses expériences, tant du côté de l'entreprise que de la haute administration, apparaît comme quelqu'un de suspect et suscite des sentiments partagés de la part d'autrui. Il est trop hors norme pour être vraiment accepté. «Benoît n'est pas l'homme d'une installation fossilisée et définitive dans un poste ou une fonction. D'ou le fait qu'il soit rarement perçu comme un membre du sérail. Un parti conservateur lui reprochera toujours son titre d'énarque; et la haute fonction publique son rôle d'entrepreneur.» 839

Michel se voit reconnaître des capacités et un potentiel qui le désignent naturellement pour prendre en charge la formation après un an d'exercice dans son premier poste de travail.

«Pourtant rien ne laissait penser qu'il pourrait accéder à ce poste. L'offre d'emploi exigeait un âge et une expérience professionnelle que le candidat ne possédait pas. Mais son profil, de par la variété des activités et des responsabilités exercées retient l'attention de ceux qui sont chargés de recrutement. La formation est un domaine qui ne lui est pas étranger […]. Ses compétences techniques au niveau conception ne sont pas négligeables […]. Finalement il est retenu.» 840 Il se voit proposer des responsabilités dès le début de sa carrière professionnelle. «A 32 ans il devient chef du personnel d'une grande entreprise situé en banlieue parisienne. Sa femme et ses enfants sont ravis. Une maison de sept pièces, un terrain de mille cinq cent mètres carrés, quel changement.» 841

Mais Michel est aussi celui qui est fortement critiqué et mis sur la sellette en tant qu'organisateur des sessions de formation : «De fait les difficultés économiques exigent de rendre des comptes, de «cotiser» parfois aux réductions des effectifs. Dans un tel contexte, il n'est pas toujours aisé de justifier le maintien des emplois dans sa direction ou son département. Il faut également faire face aux paroles maladroites de certains qui laissent entendre que les séminaires de formation ne sont que des séjours touristiques.» 842

Bertrand se montre maladroit et s'attire la réprobation de ses supérieurs dès ses premiers pas dans l'entreprise. Ses comportements se situent à l'antipode ce que l'on est en mesure d'attendre de la part d'un cadre. «Il est même convoqué dès les premiers mois par ses chefs qui lui signifient que la situation n'a que trop duré. Son manque d'entrain pour les tâches qui lui sont confiées, sa curiosité décourageante finiront par le perdre s'il n'y prend garde […]. Il ne rentre pas pour autant dans le rang et s'autorise à prendre des initiatives qui sont plus ou moins appréciées. Ainsi va-t-il jusqu'à court-circuiter la ligne de commandement en s'adressant directement aux ingénieurs des mines lorsqu'il est sollicité par la clientèle pour organiser des visites sur les sites de production. Dans l'industrie minière, c'est un crime de lèse-majesté. Pour qui se prend ce blanc-bec ? La direction est interpellée.» 843 Il gêne et suscite des remises en question, ce qui explique sa mutation dans le Nord : «Un poste de représentant à pourvoir dans le Nord de la France lui est proposé. C'est un moyen subtil d'écarter une personnalité par trop subversive et imprévisible.» 844

Bertrand est toujours rattrapé par son caractère, ses nombreuses intuitions et convictions, sa tendance à échafauder des projets au détriment de la réalité présente ce qui fait de lui une personnalité dérangeante. «L'entreprise a de plus en plus de mal à supporter ce sujet hors-norme marginal-sécant, éprouvant un malin plaisir à ne jamais occuper pleinement la place qui lui est attribuée.» 845 On finit par se servir de lui pour résoudre des dossiers délicats sans lui accorder le moindre bénéfice. On ne lui pardonne pas de ne pas s'être rangé en quelque sorte. La sanction est là. «Il est sèchement remercié. Désormais il est trop tard. La direction a pris sa décision. Elle lui signifie qu'il sera licencié au même titre que les autres.» 846

Victime du chômage, Bertrand perd son statut et subit une sorte d'exclusion. «Il est celui qu'il ne faut plus fréquenter, les gens s'écartent sur son passage. Dans la rue, on va même jusqu'à changer de trottoir pour l'ignorer. Cette indifférence, ce silence et cette marginalisation deviennent pesants.» 847 Seul le préfet reconnaîtra le travail accompli par Bertrand. «Le préfet conclut l'entretien par ces mots : «Je saurai me souvenir de ce que vous avez fait dans cette ville pour maintenir la paix sociale.»» 848 C'est d'ailleurs grâce à ses recommandations que Bertrand retrouvera un nouveau poste (la gestion d'un bassin d'emplois regroupant plusieurs communes) où une fois encore son action sera remise en cause. «Cependant dans cette aventure Bertrand ne se fait pas que des amis. Les conseils général et régional n'apprécient guère cette entreprise qui risque de diviser le département. De plus en plus de voix se font entendre ici ou là, pour que ce délégué au développement cesse de jouer un rôle qui n'est pas le sien [...]. C'est devenu insupportable pour certains.» 849

La fonction de Bertrand est délicate, il est l'investigateur du projet, celui qui donne l'impulsion qui prend les risques et permet que les choses se fassent, mais aussi et par la force des choses, celui qui récolte les reproches et qui se trouve vilipendé. «Bertrand finit par comprendre qu'il est temps de s'effacer, d'autant plus qu'il a cristallisé autour de lui beaucoup trop d'énergies destructrices. Il ne peut donc espérer être nommé à la tête de cette nouvelle instance alors qu'il en est pour une bonne part à l'origine. C'est comme s'il avait participé en quelque sorte à son autodestruction permettant aux acteurs du territoire de s'approprier ce projet politique.» 850

Bertrand, Benoît et Michel ne peuvent s'empêcher de réagir contre la société, s'élèvent contre certaines pratiques et adressent des reproches au système.

George Sand et Marie d'Agoult dans Histoire de ma vie et Mémoires souvenirs et journaux expriment leurs critiques vis-à-vis d'un système social et d'un ordre de pensée. Au XIXè siècle, les femmes ne disposent pas d'un statut juridique. Elles n'ont aucun droit et sont considérées comme de simples mineures. Elles ne peuvent faire entendre leur voix et sont quasiment exclues de la vie publique, celle-ci étant réservée aux hommes. George Sand et Marie d'Agoult déplorent cette situation. Elles fustigent la condition faite aux femmes. Elles s'élèvent contre l'éducation limitée donnée aux filles. Elles remettent en cause le mariage tel qu'il est conçu.

De la même façon, Benoît, Bertrand et Michel soulignent les dérives, les abus et les injustices générés par leur siècle et son mode de fonctionnement. «Michel s'érige particulièrement contre l'institution scolaire. Il découvre combien la violence et érigée en vertu pédagogique.» 851 Il met à jour les failles et les lacunes d'un système responsable somme toute de beaucoup d'échecs. «Michel est d'ailleurs navré par ces procédés qui sont aux antipodes d'une saine posture éducative. Il s'en confie et s'en explique dans son journal intime, prenant également à partie un système éducatif qui ne cesse d'inoculer aux élèves en difficulté le dégoût d'apprendre et qui qualifie souvent de déficiences intellectuelles ce qui relève de déficits cognitifs relevant d'une pédagogie lacunaire.» 852 A la suite d'un accident lors d'un stage, il découvre une médecine du travail totalement soumise à l'entreprise et au patronat, refusant toute confrontation et prête à fermer les yeux sur bien des pratiques illicites. «Une grande surface de la peau est brûlée. C'est à la suite de cet accident que Michel découvre une médecine du travail inféodée au patronat local. Non seulement, il n'a pas d'arrêt de travail, mais les soins qui lui sont prodigués sont insuffisants. Quelques doses d'acide picrique ne parviennent pas à venir à bout de ses brûlures. Des ganglions apparaissent.» 853

Des années plus tard, il se trouve confronté à d'autres façons de faire aussi condamnables dans le cadre de l'une de ses affectations. «La société qui sollicite ses services traverse des difficultés sociales [...]. En écoutant tous ceux qui appartiennent à la cour des grands, on constate rapidement que ces derniers, malgré leurs divergences, se soutiennent et sont liés les uns les autres. Ils ont pris soin de conserver un certain nombre de dossiers «compromettants» rendant toute procédure de déstabilisation délicate et hasardeuse. C'est la solidarité de l'incompétence qui se traduit par le fait que chaque individu achète le silence de ses pairs.» 854

Bertrand est animé par un idéal d'ouverture et de progrès social. Il se situe à contre-courant des milieux conservateurs et catholiques traditionnels auquel ses beaux-parents appartiennent «D'ailleurs celui-ci n'hésite pas à pratiquer subrepticement une certaine forme de provocation. Il laisse derrière lui traîner ici ou là chez son beau-père une revue dont la tonalité idéologique et politique est souvent critiquée par les milieux conservateurs de l'époque.» 855 Il dévoile parallèlement la teneur des préoccupations des politiciens, à mille lieux de tout souci du bien public. «C'est aussi au cours de cette expérience qu'il saisit que le politique ne se confond pas avec le politicien. Le premier est au service d'un idéal : le bien commun, le service aux autres. Le second est d'abord et avant tout animé par une ambition personnelle. Or, ce n'est pas avec des hommes mûs par le désir irrépressible de décrocher leur bâton de maréchal qu'il est possible d'engager un quelconque développement du territoire [...]. Les regrets de Bertrand sont d'autant plus grands qu'il apprend que le préfet accueille cette ambition territoriale avec beaucoup d'attention et d'intérêt. Il est même disposé à débloquer une enveloppe financière [...].» 856

Benoît considère que l'E.N.A. doit entreprendre un certain nombre de changements ne serait-ce que pour s'adapter aux réalités économiques et pour combattre cet esprit de suffisance qui nuit considérablement à la maison. «Pour Benoît, cette institution n'est donc pas à remettre en cause. En revanche des réformes éducatives s'avèrent indispensables. Une politique de l'apprentissage, du tutorat et de l'alternance venant accroître le temps de formation serait à prévoir [...]. Avoir conscience que l'on appartient à une élite ne doit pas pour autant se confondre avec cette conviction : «je n'ai plus rien à apprendre des autres». Illusion fâcheuse qui sème dans les esprits les germes d'une idéologie de la suffisance : l'élitisme.» 857 Il fustige les habitudes propres à ce cercle fermé qui entend se protéger de l'extérieur et ne pas se remettre en cause. «Nombre d'écoles : Polytechnique, HEC, ENS, cultivent aussi les ingrédients de ce corporatisme fondé sur les lois de la cooptation car dans ces milieux les logiques deviennent bien vite insulaires. Appartenir au groupe et respecter ses normes telles sont les règles. Protéger ses intérêts, défendre ceux qui sont menacés, promouvoir les uns ou les autres, sont autant de procédés qui s'apparentent à une culture de l'immobilisme méconnaissant les vertus de l'initiative individuelle et du mérite personnel.» 858

Benoît s'élève contre les principes de sélection de l'école qui profitent toujours aux mêmes et ne laissent que peu de chances à ceux issus de classes plus défavorisées et de parcours plus chaotique. «Etre ou ne pas être, telle est la question. D'où la course aux concours initiée très tôt par les familles pour que ce classement de l'excellence se fasse dès le plus jeune âge. Le principe de la précocité ne procure aucune seconde chance à ceux qui, de par leur expérience sociale et professionnelle, pourraient faire profiter de leurs compétences nombre d'entreprises, tant dans le secteur public que privé.» 859

Benoît est contre tout avantage acquis, toute chasse gardée et se prononce pour une juste équité pour tous. «[...] Benoît ne tolère pas les systèmes verticaux qui tentent de conserver leurs privilèges et leurs attributs. D'où cette guerre déclarée à l'encontre des castes se reposant bien souvent sur des rentes de situations.» 860 Il est opposé à toute forme de domination. «[...] Benoît le rebelle ne manque jamais d'affirmer ce qu'il pense des oligarchies qu'elles soient patronales financières bancaires ou politiques : ni les unes ni les autres ne sont épargnées.» 861

Benoît, Bertrand et Michel font état à travers leur histoire d'une certaine façon de se poser, d'une manière d'être, de s'affirmer, de se faire comprendre et respecter.

Témoins de leur temps, George Sand et Marie d'Agoult ont pris position, se sont engagées dans leur vie et dans leur œuvre. Elles sont allées au-delà des préjugés qui les condamnaient, ont su affronter l'opinion publique pour imposer leur choix et leur manière de vivre. L'intensité de leur personnage s'est manifestée dans leur puissance créatrice, leur activité, la multiplicité des buts poursuivis, l'énergie déployée au quotidien, l'élan donné à chaque projet. Car vivre, consistaient pour elles, à avancer, à participer à la vie de la société, à tenter de mettre en application certains principes qui leurs étaient chers.

Benoît, Bertrand et Michel agissent de la même manière, montrent ce dont ils sont capables, ce à quoi ils croient, à travers leurs actions, s'efforcent d'inscrire les dimensions de leur rôle et de dégager leur propre place au sein de leur environnement. Michel n'a pas l'habitude de se laisser imposer des vues. Il réplique lorsqu'il n'est pas d'accord et sait avoir raison. «Il doit notamment pour le compte d'un industriel élaborer une centrifugeuse. Très vite le constat est fait qu'un tel dispositif est très limitatif [...].[...] L'enseignant chargé d'encadrer le projet n'écoute pas les remarques et réserves formulées par Michel. Pourtant ce dernier parvient à démontrer tournevis et clés en main que son analyse se vérifie. Cuisante déconvenue pour le maître qui reçoit fort mal cette leçon d'un élève qui ne se hisse pas au rang de ceux qui ne s'en laissent pas conter.» 862 Il ne cherche pas non plus à trouver une sorte de compromis et à modérer son tempérament. Il reste lui-même tel qu'il est avec ses convictions et agit conformément à sa pensée. «Mais jouer un rôle d'intermédiaire ou de fusible est une position qui n'est ni confortable, ni paisible. Michel décide de partir.» 863

Il entend avoir sa propre marge de manœuvre et prendre lui-même les décisions. «Bien des choses sont à faire à commencer par l'élaboration d'un plan de formation sur cinq ans. Pour l'entreprise, c'est une révolution car elle est habituée à travailler dans le court terme. Michel maintient sa position. Il ne croit pas aux fonctions «orthopédiques» surtout lorsqu'il s'agit de promouvoir des salariés afin qu'ils puissent accéder au statut de cadre [...]. C'est dans ce contexte que sera engagée une expérimentation éducative [...] qui donnera lieu à la publication d'un livre.» 864

Bertrand énonce clairement ses avis, poursuit sur la voie sur laquelle il se trouve avec preuves et éléments à l'appui, pour convaincre son auditoire. «Bertrand signifie clairement que son rôle dispose largement les enjeux économiques. C'est ce qui transparaîtra lors d'une réunion au cours de laquelle il présente son projet aux politiques. Il anime cette rencontre en s'appuyant sur de nombreux documents [...]. Il suggère d'abattre tel ou tel mur, de prévoir ici ou là de nouvelles entrées [...]. C'en est de trop. L'élu de Calmar lui demande de s'en tenir uniquement aux termes de sa fonction. Mais Bertrand a gagné la partie. [...] il comprend et réussit à prouver que son métier de délégué recouvre des réalités beaucoup plus larges [...]. Bertrand ne sera pas un simple chargé de mission [...]. Pour lui, le développement, c'est non seulement l'aménagement mais aussi l'animation politique d'un territoire.» 865

Benoît maintient sa position et sa ligne de conduite en dépit des avertissements et des critiques émises par ses interlocuteurs. «Il sait qu'il sera confronté à des oppositions mais le capitaine de vaisseau maintient le cap. C'est tout au moins le message transmis lorsqu'il déclare aux banquiers contre vents et marées qu'il n'y aura pas de big bang.» 866 Il ne se range pas parmi les indécis, parmi ceux qui hésitent à se lancer, qui préfèrent le confort d'une installation à la mise en œuvre de nouveaux projets. Il répond toujours présent. «Or Benoît fait partie de cette trempe d'hommes prête à remettre bien des choses en question pour construire de nouveaux assemblages. Mais il faut pour cela être animé d'un esprit en ébullition tout en cultivant cette petite graine de rébellion lorsque nécessité s'en fait sentir.»867

Il veut pouvoir agir librement, sans se heurter à des barrières, sans être arrêté par des contraintes de toutes sortes. «C'est un solitaire qui prend le risque de la liberté pour ne pas être assigné à résidence dans un espace particulier. D'où cet esprit de contrebandier.» 868 Il n'hésite pas à forcer le cours des événements et à aller à l'affrontement si nécessité s'en suit. «[...] Il reçoit une convocation : «ordre de se présenter, le surlendemain dès huit heures, avec son cartable et ses crayons.» Injonction inacceptable pour celui qui est sur le point de fêter ses 40 ans et qui ne peut abandonner son entreprise dans la participation. Au téléphone, le secrétaire général de la grande école ne veut rien entendre. Il en faut plus pour désarmer Benoît puisqu'il en est ainsi, il avertit qu'il se rendra effectivement à Paris pour assurer au siège du CNPF une conférence de presse afin de montrer [...] que cette réforme n'est que pure mystification.» 869

Benoît, Bertrand et Michel cherchent à tracer les contours de leur identité, à se cerner au travers de leur histoire, à se définir, à esquisser leurs limites. Cette conquête de l'identité transparaît à divers moments de leur récit.

Pour George Sand et Marie d’Agoult, la conquête de l'identité s'est réalisée au travers de leur parcours et concrétisée à travers l'écriture. Les deux auteurs ont marqué leur volonté de se forger une vie de femme libre, ont su assumer les ruptures et mener à bien leur œuvre, dans des circonstances difficiles, sans dévier de leur but. Elles ne se sont pas arrêtées aux préjugés de classe. Elles se sont révoltées contre l'injustice des hommes, les droits des femmes foulés aux pieds, le manque de générosité des riches, l'étroitesse de vue de l'Eglise. Elles se sont montrées anticonformistes avant l'heure, faisant fi des tabous. Leur identité s'est dessinée au travers de leurs combats successifs, de leurs rencontres, de leur œuvre, de leur participation à la vie sociale et politique. Ces deux femmes se sont enthousiasmées pour les grands choses, la justice, la fraternité, la nature, ont fait preuve d'une curiosité toujours renouvelée. Chez elles, la diversité et la discontinuité ont abouti à l'unité.

L'histoire de Benoît, Bertrand et Michel expose au même titre les différents éléments qui concourent à la formation d'une identité, dévoile les composantes et les facettes d'une personnalité, les luttes engagées pour oser et parvenir à être soi. Benoît s'affirme comme un homme de contrastes et comme une personnalité à part. Son parcours exceptionnel a fait de lui quelqu'un hors norme qui s'est construit à travers la diversité et remise en cause perpétuelle. «Cette identité de la double appartenance fait sans doute la force et la faiblesse du personnage «ressources indéniables» pour conseiller ceux qui confrontés à la nécessité de négocier un passage à la frontière de ses différentes cultures s'en remettent à ses bons offices mais contraintes d'apparaître souvent comme un sujet «hors norme», marginal-secant simultanément envié et redouté.» 870 Il est à l'intersection de différents mondes et navigue facilement de l'un à l'autre. «Ce nomadisme social va contribuer à faire de lui un professionnel des frontières, un passeur.» 871 Il a su profiter de la diversité de ses expériences, pour s'ouvrir, apprendre, comprendre les choses et aller plus loi. «Parallèlement à ses expériences souterraines (le travail de nuit et les entrepôts de la SNCF, les trois huit) Benoît poursuit ses études à l'université. Cette alliance des ténèbres et de la lumière constitue le premier ingrédient d'une pensée métissée qui va se développer par la suite.» 872

Il a réussi à tracer seul sa route grâce à son acharnement, égalant en cela largement l'exemple familial. «Il va en quelque sorte se démarquer d'un modèle d'identification envahissant pour construire à sa façon une trajectoire particulière.» 873 Benoît est aussi un homme qui se veut proche du terrain et part du concret. «Benoît se définit avant tout comme un homme de terrain, un pragmatique, un réaliste. Il avance avec d'autant plus de conviction ses idées lorsque son expérience vient en quelque sorte légitimer les thèses qu'il défend.» 874

Bertrand est l’homme de la transversalité. «Il veut établir des passerelles, dépasser les oppositions réductrices et met tout en œuvre pour agir dans ce sens. Pour Bertrand, ces deux mondes traditionnellement opposés peuvent se comprendre et apprendre l’un de l’autre c'est à cette occasion qu’il conçoit son rôle de passeur.» 875 Bertrand ne craint pas les contradictions et les oppositions. C’est un esprit curieux et ouvert qui passe par-dessus les frontières et croit au progrès social. «Socialiste, cadre, bourgeois, syndicaliste, catholique, le mélange est pour le moins explosif.»876 Il veut montrer qu’il ne faut pas s’en tenir aux clivages établis et aller au-delà. «La bonne société de l'agglomération découvre qu’il n’est pas impossible de faire valoir cette double appartenance : être membre de l'encadrement et d'un parti réputé de gauche.» 877 Il affiche clairement ses positions et ses opinions. «[...] Il n'hésite pas à défiler dans les rues de la ville pour manifester son opposition aux opérations de maintien en Italie.» 878

Bertrand aime réunir et rapprocher des acteurs de bords différents qui n’ont pas pour habitude de se côtoyer et de travailler ensemble. «Comble de l'audace, Bertrand participe même à l'organisation d'un colloque initié par l'association «socialisme et entreprise» et la faculté de droit. Patrons et militants interagissent ensemble.» 879 Il s’est construit au fur et à mesure de ses expériences successives dont il a tiré parti et de sa confrontation avec les difficultés du quotidien. «Or Bertrand est un produit de l’éducation «informelle» [...]. En prise avec les difficultés du quotidien, il tente de trouver au jour le jour les réponses les plus adéquates lui permettant de résoudre les situations auxquelles il est confronté, les incidents jalonnant son parcours.» 880

Michel de son côté, s’est centré sur un domaine celui de la formation, s’y est complètement investi et a mis en place une réflexion personnelle afin de tirer le bilan de ses différentes actions. «[...] Michel n’a jamais abandonné une passion, celle de la formation.» 881 Il n’est pas l’homme des opinions établies, des pensées toutes faites. En toute circonstance, il réfléchit, cherche à comprendre, à établir une concertation. «Avoir passé toute son enfance dans une région (La Lorraine) et une famille naturellement prête à mobiliser une attitude de résistance face à l'occupant sont également des facteurs qui ont convaincu le jeune Michel qu’il devait savoir faire preuve d’esprit critique. Mais cette posture cognitive et existentielle ne fut en rien source d'intransigeance. Dans la communauté familiale où il vivait, se côtoyaient catholiques, protestants, francs-maçons sans que ce métissage soit à l’origine de querelles fratricides.» 882

Du dialogue inter-religieux et culturel est né son goût pour la concertation sociale. Michel s’efforce d’être vigilant et privilégie la réflexion, en vertu de l’histoire familiale et des conseils donnés par ses professeurs. «[...] Il fait sienne la formule de son professeur de physique, qui lors de la dernière séance, déclare : «je n’ai qu’une chose à vous dire ne vous laissez pas crétiniser», en d’autres termes, faîtes preuve d’esprit critique dans tous les domaines surtout dans ceux qui touchent la vie en société.» 883

Benoît, Bernard et Michel ne se racontent pas uniquement pour flatter leur ego et avec le plaisir de se regarder, de se contempler. Leur dessein est ailleurs : transmettre leur vécu, ses expériences, ses découvertes.

George Sand et Marie d’Agoultse servent de leur autobiographie pour transmettre un certain nombre de vérités, pour livrer le fruit de leurs pensées. Elles veulent que leur expérience de vie ne soit pas perdue, qu’elle puisse servir à autrui, l’aider à affronter et à conduire sa vie de façon plus efficace et harmonieuse. Ce qu’elles ont traversé et subi, d’autres qu’elles pourront aussi s’y trouver confrontés, (il suffit de se reporter à cette parole de George Sand (T1, p. 27, Histoire de ma vie) «Ecoutez ma vie, c’est la vôtre»), et en ce cas l’aide fournie par les auteurs, à travers l’exemple de leurs vies respectives, leur permettra peut-être de mieux faire face. Telle est bien la position de Benoît, Bertrand et Michel vis-à-vis des jeunes qui vont s’engager du côté de l’entreprise.

Benoît ne s’en tient pas aux seuls calculs financiers et pense ressources humaines. Il croit en la force des hommes, en leur mobilisation et implication. «Cette vision pessimiste fondée sur les vertus d’une pensée managériale qui se veut objective est révoquée par Benoît. Il ne s’agit pas pour lui de refuser les principes d’une gestion financière et comptable bien au contraire. Mais il sait d’expérience que la réussite dépend des hommes et des femmes qui participent à la création d’un projet innovant, vivifiant et dynamisant pour les acteurs. C’est sa conviction.» 884 Il n’entend pas faire table rase du passé, réfléchit à la manière dont il est possible de préserver des techniques traditionnelles, prend en compte l’environnement régional. «Il s’agit pour créer une nouvelle dynamique compétitive de revaloriser des métiers, des savoir-faires rendus obsolètes par la mécanisation liée à la baisse tendancielle des prix (globalisation) [...]. Son expérience du territoire, sa connaissance du «peuple de cette région» sont autant de ressources sur lesquelles il compte s'appuyer.» 885

Bertrand considère qu’il faut engager tous les partenaires politiques, économiques et sociaux dans un même combat pour assurer l’avenir régional. «Mais son expérience et sa double formation entrepreneuriale et politique sont de précieuses conseillères. Ce n’est pas en restant confortablement installé dans le douillet fauteuil d’une collectivité locale en épluchant de nombreuses statistiques qu’il est possible d'engager un quelconque processus de développement. L’avenir appartient à ceux qui font partie de ce territoire : les élus, les chefs d'entreprises, les acteurs syndicaux et sociaux... Le salut viendra d’eux, encore faut-il qu’ils en soient convaincus.» 886

Bertrand pense union, force et développement. En vertu de ces principes, il cherche à faire travailler ensemble des instances politiques de sensibilité opposée. Pour lui, ce pari ne relève pas d’une gageure. «Ce dernier profitera une nouvelle fois d’une opportunité pour renverser les murs invisibles de la crispation idéologique et du «mépris» qui en découle. Il est contacté par l'Université Technologique de Constance pour participer à la conception d'un nouveau projet : une technopole. Cette ambition est séduisante et novatrice [...]. Il se fait donc le porte-parole auprès des politiques de ceux qui font la vie économique, sociale et culturelle du territoire [...]. Les maires de Calmar et de Constance finissent par se rencontrer et acceptent de suivre ensemble le dispositif. Ils comprennent progressivement qu’il est vital de privilégier dans ce genre de situation les vertus décentralisatrices d’un projet ascendant, ce qui n’est pas forcément apprécié par leur état-major respectif. Mais ils ont su dépasser les frontières de leur insularité géographique et idéologique pour penser à l’intérêt commun. 887

Michel mûrit et réfléchit chaque action de formation, de façon à en retirer des principes et des lignes de conduite. «Michel retire de ces résultats un enseignement pour être efficace vous devez appliquer le principe de l'escalier ; en d'autres termes, si vous souhaitez balayer ce dernier, il vous faut commencer par le haut ; il en est de même lorsqu'il s’agit de conduire une action de formation.» 888 Il garde en mémoire chaque action menée et s’y réfère. «Une nouvelle fois, Michel retire de cette expérience un enseignement qu’il systématisera des années plus tard. Pour qu’une formation ne soit pas sans effet, il est essentiel de respecter un principe : celui de la masse critique. [...] A partir du moment où un nombre important de salariés dans toutes les catégories du personnel sont touchés par le dispositif éducatif, c’est un atout décisif dans la réussite du projet. Un effet de seuil est atteint qui emportera sur son passage les derniers îlots de résistance.» 889 Il va au-delà des constations et cherche à comprendre les raisons qui sont à l’origine des faits. «Michel découvre combien le travail est difficile pour des équipes dont les membres sont de nationalité différente. [...] Mais la recherche d’une cause unique, évidente, c’est un mode de raisonnement qui ne satisfait guère Michel. Il se méfie des logiques simplistes [...]. Michel en arrive à la conclusion que la formation est une clé de lecture beaucoup plus positive et pertinente. Les ingénieurs français sont particulièrement doués pour forger un démarche scientifique [...]. Dès qu’il s’agit de penser méthodes, stratégies, c’est la «débandade»...» 890

C’est à partir de la pratique qu’il se forge toute une théorie de la formation. «C’est à cette occasion qu’il met en évidence l’influence considérable exercée par la formation initiale. Il opérera dans ses écrits une distinction entre «la pédagogie de type culturel» et «la pédagogie de type démonstratif». La première facilite l'adaptation à de nouveaux postes de travail. Elle s'appuie sur les ressources d’une solide culture générale. La seconde prône des savoirs-résultats qui deviennent bien vite inopérants à l'occasion de mutations technologiques.» 891 Il retire une leçon de tout ce qu’il a pu voir et auquel il a pu être mêlé. «Des nombreuses manifestations qu’il doit gérer dans cet établissement, il tirera un enseignement qui lui sera très utile par la suite : «une grève, lorsqu'elle est partie, c’est comme un rhume ou vous faites quelque chose, ou vous ne faites rien ; de toute façon cela durera toujours aussi longtemps car il faut plusieurs jours pour que la pression se tempère et la raison reprenne sa place».» 892 Et encore : «C’est au cours de ces années passées dans cette entreprise que vont se construire les premières fondations de son futur métier. Parmi elles, une certitude qui ne le quittera plus. Elle a trait aux études de poste qui semblent contestables. Mieux vaut réaliser des bilans de potentialité. Parler d'adéquation entre le profil de la personne et les tâches qui lui seront confiées relève du leurre.» 893

Benoît, Bertrand et Michel veulent que leurs témoignages servent, qu’ils fassent réfléchir et interpellent les plus jeunes. Ils espèrent être entendus et écoutés. Ce qu’ils ont vu, expérimenté, d’autres qu’eux peuvent s’en inspirer, en tirer parti, en appliquer les principes. Ils ont ouvert la voie, à d’autres de continuer sur cette lancée. Les trois cadres lancent un appel à œuvrer pour que ceux qui vont leur succéder.

George Sand et Marie d’Agoult ont adressé une mise en garde à leurs consœurs, les ont appelées à se mobiliser afin de mettre fin aux pratiques abusives d’une époque vis-à-vis d’une catégorie, les filles. Elles entendaient faire œuvre utile, parler au nom de toutes les femmes. Ce qu’elles rapportaient de leur enfance, adolescence, éducation, mariage, avait pour but d’informer des pratiques et des méthodes d’un temps et d’un milieu donné, afin que les mêmes erreurs ne puissent plus se reproduire. Aux générations suivantes, leur faisant suite, d’agir, à l’exemple des deux auteurs, afin de contribuer à une réforme des mœurs et des esprits, à l'acquisition d’un statut pour les femmes, à une éducation véritable pour les filles !. Afin de faciliter cette démarche, George Sand et Marie d’Agoult distillent des conseils tout au long de leur autobiographie, relatent les expérimentations éducatives engagées avec leurs propres enfants, les principes qu’elles en ont retiré.

Benoît, Bertrand et Michel entendent faire profiter les plus jeunes des leçons qu’ils ont dégagées de leur expérience, les incitent à «se mettre en œuvre», à entreprendre à leur tour.

Benoît a acquis tout au long de ces années une certitude : le développement de l’entreprise se conçoit aussi en adéquation avec son environnement. «C’est tout au long de cette période qu’il va consolider une conviction. La question du développement ne peut se penser sans la question du territoire. Il s’agit de vanter ici les vertus d'un espace non seulement géographique mais historique et humain.» 894 Benoît souhaite que son exemple soit repris et imité, que d’autres en viennent à emprunter les mêmes traces et reprennent les mêmes procédés. «Car sans le dire, Benoît espère que cette expérimentation sera marquée du sceau de l'exemplarité. Elle recèlerait ainsi des vertus pédagogiques pour ceux qui envisageraient de s'engager dans une aventure similaire.» 895 Il veut alerter l’état et les patrons vis-à-vis de leurs responsabilités respectives, leur montrer qu’il doit y avoir une collaboration réciproque. «Parmi les questions qui les préoccupent encore aujourd’hui, relevons en deux : comment faire pour que l’état puisse entendre la cause des P.M.E ? Comment alerter les patrons afin qu’ils prennent conscience que leurs responsabilités dépassent les murs de leur établissement et qu’il leur faut désormais raisonner aussi en termes de développement local et régional.» 896

Benoît invite et incite chacun à s’engager, à bâtir, à mettre en œuvre sans se laisser arrêter d’emblée par les difficultés consécutives d'une telle entreprise. «Abandonner des certitudes par trop objectivantes, faire confiance, entreprendre malgré tout, récuser l'idéologie du renoncement tels sont les principes qui président à la mise en œuvre d'un tel projet [...].»897

Bertrand croit aux vertus de la collaboration et considère cette stratégie comme nécessaire et indispensable pour favoriser le développement local. «Il est pourtant essentiel que des instances différentes apprennent à travailler ensemble. Université technologique, centres de recherche, entreprises, collectivités locales... pourraient en associant leur force cristalliser leur énergie autour d'un projet de développement qui contribuerait à l'enrichissement des uns et des autres.» 898 Il pense qu’il faut associer et impliquer dans un même projet toutes les instances locales. Celles-ci sont concernées ne peuvent rester à l’écart et doivent être parties prenante. «Il comprend et réussit à prouver que son métier de délégué recouvre des réalités beaucoup plus larges [...]. Pour lui, le développement, c’est non seulement l'aménagement mais aussi l'ambition politique d'un territoire.» 899 Il pense que le développement économique doit se greffer autour de la notion de territoire. «Afin de dynamiser son action et de décupler son énergie, Bertrand pressent qu’il est vital de redéfinir sa mission de d'élargir le champ de son intervention. Bertrand entend par là qu’il s’agit de passer d’une logique économique et technocratique à la conception et à la conduite de projet d'un territoire.» 900

Michel a retiré de sa pratique, une conception de la formation, et cerne ce qu’il convient de privilégier, et de favoriser au cours de ces cessions. Autant d’éléments qui pourront s’avérer utiles pour d’autres. «Savoir abandonner une pensée disjonctive pour privilégier la fonction des éléments, devenir sensible à la complexité d’une situation, prendre garde à ne pas convoquer trop vite une causalité linéaire illégitime, autant d'apprentissages qui se révéleront productifs. Les salariés finiront par adopter une nouvelle tournure d’esprit. Les effets de ce séminaire seront très vite repérables, moins d'agressivité dans le groupe, un souci de dépister les références trompeuses, d'écouter, de reformuler, de sortir de son isolement pour combattre ensemble. Ce sont autant d'éléments qui favoriseront un gain de productivité et amélioreront le climat social de l'entreprise.» 901 Il s’est penché sur les problèmes de l’échec de certains jeunes et a réussi à développer des initiatives. Celles-ci méritent d’être suivies à une plus grande échelle. «Il est également responsable d’une école pour laquelle il va se passionner. Une fois encore, il met en pratique un certain nombre de principes qu’il considère comme essentiels. La réussite pour les élèves en difficulté passe par deux disciplines fondamentales :le français et les mathématiques.» 902

Il est donc possible d'esquisser des liens avec la démarche George Sand et Marie d’Agoult. Les différents concepts étudiés ici, apparaissent comme autant de jalons et de points d’inflexion qui nous font rejoindre George Sand et Marie d’Agoult dans un autre contexte et revenir vers elles, à travers la dimension de reconnaissance sociale dans le récit autobiographique.

Notes
836.

Ibid., pp. 30-31

837.

Ibid., p. 26

838.

Ibid., p. 32

839.

Ibid., p. 36

840.

Ibid., P. 82

841.

Ibid., p. 84

842.

Ibid., p. 95

843.

Ibid., pp. 53-54

844.

Ibid., p. 54

845.

Ibid., p. 60

846.

Ibid., p. 61

847.

Id.

848.

Ibid., p. 61

849.

Ibid., p. 66

850.

Id.

851.

Ibid., p. 74

852.

Ibid., p. 76

853.

Ibid., p. 81

854.

Ibid., p. 87

855.

Ibid., p. 52

856.

Ibid., p. 67

857.

Ibid., p. 39

858.

Ibid., pp. 39-40

859.

Ibid., p. 40

860.

Ibid., P; 38

861.

Ibid., p. 37

862.

Ibid., pp. 77-78

863.

Ibid., p. 86

864.

Ibid., p. 94

865.

Ibid., p. 64

866.

Ibid., pp. 34-35

867.

Ibid., p. 35

868.

Ibid., p. 37

869.

Ibid., p. 31

870.

Ibid., p. 36

871.

Ibid., p. 35

872.

Ibid., p. 28

873.

Ibid., p. 43

874.

Ibid., p. 35

875.

Ibid., p.58

876.

Ibid., p. 59

877.

Ibid., p.58

878.

Ibid., p. 54

879.

Ibid., p. 58

880.

Ibid., p. 70

881.

Ibid., p. 98

882.

Id.

883.

Ibid., p. 78

884.

Ibid., p. 34

885.

Id.

886.

Ibid., p. 63

887.

Ibid., p. 65

888.

Ibid., p. 88

889.

Ibid., p. 91

890.

Ibid., p. 97

891.

Ibid., p. 83

892.

Ibid., P; 89

893.

Ibid., p. 83

894.

Ibid., p. 32

895.

Ibid., p. 35

896.

Ibid., p. 36

897.

Ibid., p. 34

898.

Ibid., p. 64

899.

Id.

900.

Id.

901.

Ibid., p. 90

902.

Ibid., p. 86