Dimensions importantes dans la structuration de la forme.

Dès la rétine, la scène visuelle est décomposée en plusieurs éléments, et l’une des fonctions les plus importantes du système visuel précoce est le regroupement de ces éléments. La façon dont le système regroupe l’ensemble des indices pour obtenir un percept unifié est une question primordiale qui n’a pas, pour le moment, trouvé de réponse satisfaisante (Paradiso, 2000). Toutefois, au cours des différentes étapes de traitement qui relie la stimulation à la structuration de la forme, l’un des premiers aspects, proposé dans la littérature, se centre sur la distinction entre le traitement du contour et le traitement de la surface. De nombreux auteurs (Grossberg & Mingolla, 1985 ; Marr, 1982 ; Palmer, 1999) ont émis l’hypothèse que ces processus formaient l’une des premières étapes de traitement de structuration de la forme.

D’un point de vue classique, le codage des contours par le système visuel permet d’expliquer les mécanismes fondamentaux de la perception de forme. En effet, la plupart des théories ont minimisé le rôle du codage de la surface et ont attribué la perception de la surface à un mécanisme secondaire : le remplissage (Grossberg & Mingola, 1985 ; Macknik, Martinez-Conde & Haglung, 2000 ; Spillman, 1997).

Le rôle important des contours en vision est attesté par de très nombreux phénomènes visuels qui leur sont associés (Ratliff, 1965), la saillance de cette dimension chez les nouveaux nés (Haith, Bergman & Moore, 1977 ; Kessen, Salapatek & Haith, 1972 ; Salapatek & Kessen, 1966) ou encore leur importance dans l’analyse informatique d’image (Geissler, Perry, Super & Gallogly, 2001 ; Marr, 1982). De plus, l’antagonisme centre/pourtour des champs récepteurs de la rétine au cortex visuel accentue l’importance du codage des contours et non pas de la surface (Wilson, Levi, Maffei, Rovamo, & DeValois, 1990). En effet, selon la théorie prédominante, les contours constituent une information prépondérante encodée par le système visuel, et notre perception de la surface des objets ne provient pas directement de la lumière mais d’un processus de remplissage réalisé à partir de la détection des contours (Grossberg & Mingola, 1985 ; Komatsu, Murakami & Kinoshita, 1996, 2002 ; Macknik, Martinez-Conde & Haglung, 2000).

Si les contours sont encodés par le système visuel précoce et que le processus de remplissage permet la perception de la surface, alors il faut s’attendre à ce que l’élément le plus pertinent pour la détection d’une forme soit le contour. Au cours de la thèse, nous avons voulu tester si cette hypothèse générale était effectivement prise en compte par l’observateur. Pour cela, nous avons utilisé une technique de corrélation inverse, l’image de classification, pour déterminer quelles informations sont utilisées par l’observateur humain pour détecter une forme.