1.1.4.5. Et au delà de V1 ?

Ces premières recherches en physiologie ont montré que l’aire visuelle primaire traite les éléments locaux. Toutefois, comme le codage des bords est relativement rudimentaire, nous aborderons dans cette partie, le rôle des autres aires visuelles dans l’intégration des contours. Nous nous intérresserons plus particulièrement aux aires constituant la voie ventrale (Ungerleider & Mishkin, 1982). Cette voie part du cortex occipital (V1, V2, V3, V4) pour aboutir dans le cortex inférieur temporal (un exemple est présenté à la Figure 6). Les cellules du cortex inférieur temporal, qui possèdent des champs récepteurs larges, répondent à des informations très élaborées. Elles semblent avoir une fonction intégrative des propriétés des objets telles la forme, la couleur et la texture. Le système ventral apparaît donc être crucial pour l’identification visuelle des objets.

Une étude de Schwartz, Desimone, Albright et Gross (1983) conforte l’hypothèse selon laquelle V1 ne serait pas la seule aire corticale à être sensible aux contours d’une forme. Schwartz et al. (1983) ont enregistré l’activité des cellules de l’aire temporale inférieure en testant plus particulièrement la complexité des contours. Ce type de contour était obtenu par l’utilisation de descripteur de Fourier sur le bord d’un cercle. Leur recherche a montré que ces cellules traitent sélectivement les fréquences spatiales relatives au contour du cercle et, leur activité ne varie pas avec la taille du signal. En d’autres termes, les neurones sont sensibles à des contours de plus en plus complexes au cours du traitement. Pasupathy et Connor (1999) ont également montré que les neurones de V4 étaient plus sensibles aux caractéristiques d’un contour (des angles ou des courbes pointés vers l’extérieur de façon convexe) que d’une simple barre lumineuse. Par ailleurs, Pasupathy et Connor (1999) ont observé une sensibilité de ces neurones à l’orientation. Ce résultat indique que l’aire V4 est une étape intermédiaire dans la reconnaissance d’une forme plus complexe. Ces deux études mettent en évidence des mécanismes de plus en plus élaborés, pour l’intégration des contours, au fur et à mesure du traitement cortical.