2.Le traitement de la surface : une reconstruction ?

Nous venons de présenter un ensemble d’argument physiologique et psychophysique qui montraient que la première analyse visuelle consiste en une décomposition de l’image en contrastes locaux. La question est donc de savoir si la dimension de surface est perdue ou non. La plupart des modèles de reconnaissance visuelle proposent que l’information de surface soit reconstruite dans une deuxième étape à partir de l’intégration des contours (von der Heydt, et al., 1984 ; Grossberg & Mingolla, 1985 ; Marr, 1982 ; pour une revue voir Palmer, 1999). Notre système visuel code une information basée sur les bords d’une forme, mais notre perception nécessite l’intégration de la dimension de surface. Notre objectif sera de déterminer comment notre système perceptif, d’un point de vue physiologique et comportemental, traite l’information de surface.

La première partie de ce chapitre indiquera pourquoi de nombreux auteurs ont rapidement considéré que la dimension de surface était purement secondaire, et qu’elle résultait d’un processus dit de remplissage. Selon cette théorie, les contours seraient extraits dans un premier temps, puis la surface contenue par les contours serait remplie. Nous présenterons dans une seconde partie des éléments physiologiques qui sous tendent la notion de remplissage pour des phénomènes comme la tache aveugle. Nous présenterons également des études qui enregistrent directement l’activité des neurones lorsque leur champ récepteur est positionné sur une surface uniforme. La question qui sera ainsi abordée est de déterminer si le remplissage peut expliquer le codage de la surface. En d’autres termes, l’objectif de cette partie physiologique est de déterminer s’il existe un remplissage à partir des contours et s’il existe également des cellules qui répondent spécifiquement à la luminance au centre d’une forme.

Par la suite, nous aborderons, dans une troisième partie, les études comportementales qui ont mis en évidence l’existence du remplissage pour des phénomènes comme la tache aveugle, les scotomes ou encore les scotomes artificiels. La quatrième partie traitera de deux principaux modèles de traitement hiérarchique du contour et de la surface. Puis, la cinquième partie présentera un ensemble d’études comportementales en faveur d’un traitement hiérarchique. Enfin, nous terminerons ce chapitre en décrivant les processus attentionnels impliqués dans le traitement de la surface.