2.2.3.1. Mise en évidence d’un traitement hiérarchique contour/surface

Une recherche est venue compléter l’importance accordée au traitement hiérarchique du contour et de la surface (Macknik, Martinez-Conde, & Haglund, 2000). L’objectif de Macknik et al. (2000) était de déterminer la dimension d’un stimulus qui engendrait la plus forte réponse neuronale et perceptive. Pour cela, les auteurs ont combiné des méthodes psychophysiques (un paradigme de masquage) et électrophysiologiques (l’image optique). Cette dernière technique permet de mesurer l’activité engendrée par un signal à la surface du cortex visuel. L’une des expériences est une tâche de discrimination dans laquelle deux barres de longueurs différentes étaient présentées à droite et à gauche de l’écran. L’observateur devait indiquer quelle barre était la plus grande. Un masque rectangulaire dont la largeur variait (de 0 à 4 deg) était superposé aux deux cibles et les frontières des masques étaient éloignées ou proches des cibles. Les résultats ont montré que plus les frontières des masques étaient proches des cibles, plus la tâche de discrimination était difficile à réaliser. Il semble donc que les contours des masques transmettent une plus grande inhibition que leur surface. Lorsque Macknik et al. (2000) ne présentaient qu’une seule barre étroite lumineuse à des singes, les résultats de l’image optique ont montré qu’une seule rayure émergeait dans l’aire V1 (cf. Figure 15a). Par contre, lorsque la barre s’élargissait, l’image optique se séparait en deux rayons d’activité correspondant aux contours du stimulus (cf. Figure 15b). Ces résultats qui mettent en évidence l’importance des contours du signal visuel dans la perception, suggèrent donc que le traitement de la surface est la conséquence d’un processus plus tardif. La critique qui peut être formulée à cette expérience est que les auteurs n’utilisent pas de surface uniforme dans leur expérience, et nous verrons dans la prochaine partie que cela entraine des résultats assez différents.

Figure 15 : Résultats obtenus par la technique de l’image optique dans l’expérience de Macknik, Martinez-Conde et Haglund (2000). La figure de gauche montre l’activité de l’aire V1 lorsqu’une seule barre étroite est présentée, et la figure de droite quand la barre s’élargissait.