2.3.4.Problématique du processus de remplissage

2.3.4.1. Problématique des temps de traitement du remplissage

Les résultats des expériences concernant les scotomes artificiels (DeWeerd, Desimone & Ungerleider, 1998 ; Ramachadran & Gregory, 1991 ; Spillman & Kurtenbach, 1992) montrent que le remplissage perceptif est plus lent que le remplissage, quasi instantané, impliqué dans la perception normale de la surface. Par exemple, les temps de remplissage, dans le cadre des expériences utilisant les scotomes artificiels, oscillent entre 4 et 12 sec selon les paramètres manipulés. Ceci implique un processus relativement lent par rapport à l’estimation effectuée pour une surface normale : Paradiso et Nakayama (1991) avaient estimé un temps de remplissage équivalent à 115 deg/sec. Pour DeWeerd et al. (1998), cette observation laisse entendre que le processus de remplissage est ralenti par un traitement antagoniste qui séparait la région uniforme (la cible) du pourtour. Mais, comme nous venons de l’évoquer, il est tout à fait possible que le phénomène de remplissage, qui se produit pour les scotomes artificiels, ne reflète pas exactement la perception normale de la surface. A l’inverse, cette différence pourrait être liée à l’existence de saccade oculaire durant la fixation, ce qui maintiendrait une activité neuronale le long des bords du signal et retarderait la disparition du signal (Spillman & DeWeerd, 2003).